(BFM Bourse) - Plusieurs grandes places boursières mondiales ont récemment inscrit des records. L'incertitude liée aux risques commerciaux s'est atténuée et les performances des valeurs technologiques aux États-Unis ont aussi contribué à l'optimisme des investisseurs.
Des sommets historiques de Wall Street à Londres, Paris ou Madrid, en passant par Tokyo et Séoul: les Bourses mondiales n'en finissent plus de repousser les limites, malgré un environnement économique inégal.
"Tout d'abord, l'incertitude liée à la guerre commerciale s'est estompée", relève Fawad Razaqzada, analyste de marché chez City Index interrogé par l'AFP, laissant loin derrière la panique boursière qu'elle avait provoquée en avril.
Mais les niveaux actuels s'expliquent bien au-delà de l'atténuation des risques commerciaux, avec l'abondance de fonds sur les marchés, les performances des valeurs technologiques et le retour de la confiance des investisseurs.
"Une marée de liquidités"
La Réserve fédérale américaine (Fed) a baissé en septembre 2024 ses taux pour la première fois depuis 2020 avant de poursuivre avec des baisses plus modestes.
Ces décisions permettent d'injecter davantage d'argent dans l'économie et aux investisseurs de trouver plus facilement des fonds.
"La Fed - la banque centrale la plus influente au monde - est clairement revenue dans une phase d'assouplissement, et cela suffit à rétablir un ton général d'appétit" pour les investissements les plus risqués comme les actions, souligne Stephen Innes, gérant de SPI AM.
Il compare ce phénomène à "une marée de liquidités qui soulève pratiquement tous les marchés, de New York à Tokyo".
D'autres grandes banques centrales ont également abaissé leurs taux, "contribuant à atténuer les conséquences du ralentissement économique" en réduisant les risques de récession "et des incertitudes politiques", note Fawad Razaqzada.
Le boom de l'IA
Le calendrier des publications financières joue aussi un rôle clé dans la course aux records. Les entreprises cotées sont tenues de publier régulièrement leurs résultats financiers dans une démarche de transparence, des publications qui peuvent donc fortement influer sur le cours de l'action.
Et pour le trimestre écoulé, "de nombreuses entreprises ont dépassé les attentes en matière de résultats", estime Fawad Razaqzada. "Leurs comptes ne montrent d'ailleurs pas de conséquences significatives des droits de douane", note-t-il.
De surcroît, pour nombre d'entre elles, "les estimations de croissance future repartent à la hausse", relève Daniela Sabin Hathorn, analyste principale des marchés pour Capital.com.
Daniela Sabin Hathorn évoque "le boom des investissements liés à l'intelligence artificielle (IA), en particulier dans les semi-conducteurs, le matériel et les infrastructures cloud".
"Les géants de la tech et de l'intelligence artificielle sont perçus comme l'infrastructure moderne de l'économie numérique, et non plus seulement comme des valeurs de croissance cycliques", explique Stephen Innes.
"Les investisseurs s'attendent" à ce que les résultats financiers des géants de la tech "confirment que la vague d'investissements liés à l'IA (...) n'est pas une bulle", affirme-t-il.
Aux Etats-Unis, les trois indices phares de Wall Street battent records sur records, notamment grâce aux valeurs technologiques. En Asie, l'indice Kospi de Séoul "est stimulé par les acteurs dominants des puces (...) liées à l'IA".
Un contexte très volatil
Les sujets d'économie ou de politique locaux ont des conséquences qui restent relatives sur les Bourses mondiales. À Madrid, l'indice vedette Ibex a atteint mardi un plus haut historique, la veille de la publication du PIB du troisième trimestre qui devrait confirmer que l'Espagne est l'une des économies les plus dynamiques d'Europe.
Au contraire, le CAC 40 de Paris a aussi battu ses précédents records le mardi 21 octobre malgré les incertitudes politiques et budgétaires persistantes.
"De nombreuses entreprises cotées réalisent une part importante de leurs revenus à l'étranger, et les grands indices sont fortement pondérés par ces multinationales", explique Daniela Sabin Hathorn. "Une faiblesse politique ou économique locale ne compromet pas nécessairement la progression du marché, tant que ces problèmes restent confinés à l'intérieur des frontières nationales", selon elle.
Reste que les Bourses ne sont pas totalement à l'abri des crises, d'un "shutdown" (fermeture partielle des administrations fédérales) prolongé aux Etats-Unis à la chute d'un gouvernement en France.
"Nous vivons dans un contexte très volatil, marqué par une grande incertitude", résume Javier Díaz-Gímenez, professeur en Economie à l'IESE Business School. Et "en général, l'instabilité politique n'est pas bonne pour la Bourse."
(Avec AFP)
