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Microsoft : Meta, Amazon, Alphabet et Microsoft sont-ils menacés en Bourse par la "malédiction du vainqueur" ?

samedi 8 février 2025 à 07h00
Microsoft prévoit des investissements de 80 milliards de dollars dans l'IA

(BFM Bourse) - Les géants américains de la tech ont annoncé, ces dernières semaines, des montants astronomiques d'investissements, notamment pour rester bien placés dans la course à l'intelligence artificielle. Mais le retour sur ces investissements est évidemment difficile à prédire et le marché se montre exigeant.

Ce sont des sommes colossales mises en jeu. Ces derniers jours, les grands groupes de technologies américains ont annoncé des "capital expenditure", c'est-à-dire des investissements, atteignant des montants astronomiques.

Microsoft avait indiqué dès janvier vouloir consacrer 80 milliards de dollars sur son exercice clos en 2025 dans des data centers pour entraîner des systèmes d'intelligence artificielle (IA) et les déployer.

Meta a annoncé, la semaine dernière, une enveloppe de "capex" allant de 60 milliards à 65 milliards cette année, contre 39 milliards l'an passé. Si elle n'avait pas précisé la part exacte dévolue à l'IA, la société avait expliqué que la hausse de ses investissements dans l'intelligence artificielle générative constituait l'un des principaux moteurs de ces "capex". Gene Munster, gérant chez Deepwater AM, estime qu'environ la moitié des investissements de Meta dervaient être centrés sur l'IA.

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Alphabet a suivi cette semaine, annonçant des "capex" de 75 milliards de dollars, quand les analystes tablaient sur des montants bien moindres (59 milliards). Là encore la société n'a pas indiqué quelle partie de ces montants était consacrée à l'IA. La directrice financière de Google, Anat Ashkenazi, a néanmoins expliqué aux analystes que la majorité de ces investissements de 75 milliards de dollars seraient consacrés aux infrastructures technologiques liées à l'IA et au cloud, comme des serveurs et des centres de données.

Amazon a de son côté déclaré jeudi soir que ses "capex" atteindraient environ 105 milliards de dollars en 2025. Selon Gene Munster, cette enveloppe représente une hausse de 30% sur un an et s'avère au moins 20% supérieure aux attentes. Le directeur général du groupe d'e-commerce, Andy Jassy, a indiqué que "la vaste majorité" de ces investissements serait allouée aux technologies et infrastructures d'IA pour sa division de cloud, Amazon Web Services.

Des pressions croissantes

In fine les dépenses d'investissement annoncées par les "big four" (Microsoft, Alphabet, Meta et Amazon) représentent environ 320 milliards de dollars, une hausse qui avoisine 50% sur un an, remarque Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank, dans une note.

Ces méga-investissements ciblant la course à l'IA ont toutefois pu amener les investisseurs à sourciller. Surtout au regard de l'émergence de Deepseek. La start-up chinoise a développé des modèles de langage d'intelligence artificielle à grande échelle (LLM) dont les performances rivalisent avec ChatGPT (OpenAI) ou Llama (Meta), mais avec des coûts a priori bien plus faibles.

"L'approche de DeepSeek suggère que l'apprentissage des modèles d'IA ne nécessite pas les processeurs graphiques Nvidia les plus avancés et une approche brute de l'apprentissage", explique Jalmie Mills, gérant de fonds chez Abrdn. Or "c'est cette conviction qui a motivé les dépenses d'investissement des hyperscalers (comme Microsoft, Alphabet et Amazon, NDLR) aux États-Unis, qui cherchaient à se doter d'un avantage concurrentiel", poursuit-il.

"Il est trop tôt pour dire quelles seront les retombées exactes de ce développement, mais il y a un risque que ces entreprises doivent maintenant réévaluer les justifications de toute dépense future et la meilleure façon d'être compétitif", souligne-t-il.

"À la lumière de Deepseek, les entreprises seront probablement soumises à une pression croissante pour justifier leurs dépenses en infrastructure d'IA ou pourraient revoir leurs plans de dépenses", abonde Barclays.

Surinvestir plutôt que sous-investir

Jim Reid évoque, lui, un risque de "malédiction du vainqueur". Ce concept économique assez connu a été théorisé par trois ingénieurs en 1971. Il s'appliquait à l'époque à l'industrie pétrolière pour décrire le risque pour les majors de trop payer lors d'enchères pour des droits de forage, en surestimant les rendements attendus. Par extension, cela revient donc à dépenser trop ou investir trop pour des retours sur investissements risqués voire incertains.

Les groupes de tech ont tendance à percevoir ce risque comme un moindre mal. Le directeur général d'Alphabet, Sundar Pichai, a résumé le dilemme de la manière suivante en juillet: "le risque de sous-investir est dramatiquement plus élevé pour nous que celui de surinvestir".

Dans une récente note, Oddo BHF citait d'ailleurs ces déclarations pour rappeler que l'IA était "clef" pour la "survie à long terme" des grands groupes de tech, "que cela concerne l’utilisation de leurs services cloud, la publicité ou l’intégration de fonctionnalités IA pour le hardware (le matériel, NDLR)".

"L'IA est la plus grande opportunité depuis le cloud et certainement le plus important changement technologique en termes d'opportunités d'affaires depuis internet", a fait valoir de son côté Andy Jassy, le directeur général d'Amazon, jeudi soir. "Je pense que nos entreprises, nos clients et nos actionnaires seront heureux à moyen et long terme que nous continuions de poursuivre les opportunités de capital et de marché dans l'IA", a-t-il conclu.

L'exemple britannique

La situation que connaissent actuellement les "big tech" de Wall Street rappelle à Jim Reid un épisode particulier avec les opérateurs télécoms britanniques. Le spécialiste évoque "la vente aux enchères de licences de spectre 3G au Royaume-Uni en 2000, où, après 150 tours d'enchères, cinq sociétés épuisées ont proposé un total de 22,5 milliards de livres sterling, alors que les prévisions officielles de recettes avant la vente n'étaient que de 1 à 3 milliards de livres sterling".

"Ce fut un excellent résultat pour le Trésor à court terme, mais il a mis les gagnants endettés à genoux ce qui les a empêchés d'investir les capitaux nécessaires à la construction de leurs réseaux. La technologie au Royaume-Uni a pris du retard par rapport à des pays comme le Japon, qui avaient cédé les licences pour rien ou presque", rappelle-t-il.

Jim Reid reconnaît qu'il est encore trop tôt pour dire si les grands groupes de tech américains risquent réellement de subir cette "malédiction du vainqueur". "Seul l'avenir le dira", admet-il.

De la nervosité

D'autant que, jusqu'à présent, les cours de Bourse des "bigtech" américaines ont progressé en étroite corrélation avec leur capex, ces dernières années, constate Jim Reid.

Mais "la réaction nerveuse des investisseurs face à Deepseek, puis face à des indications plus précises sur les capex lors des conférences téléphonique suivant les résultats trimestriels, suggère qu'un certain malaise s'installe", juge-t-il.

Microsoft a en effet chuté de 6,2% lors de la séance dans la foulée de ses résultats trimestriels. Sa division de cloud Azure avait alors publié une croissance décevante, ce qui n'avait pas rassuré le marché quant au retour sur investissement de ses lourdes dépenses dans l'IA.

Alphabet et Amazon ont connu des punitions similaires sinon identiques: les deux groupes ont livré des croissances décevantes dans le cloud et ont annoncé des "capex" supérieurs aux attentes. Alphabet a chuté de 7,5%, mercredi et Amazon a perdu plus de 4% dans les échanges post-marché jeudi soir (*).

Meta (+1,9% après ses résultats) a toutefois échappé à cette mauvaise tendance car la société "a pu mettre en évidence les avantages directs de l'IA en augmentant les recettes publicitaires d'environ un cinquième au cours du trimestre", estime Jim Reid.

(*) L'action Amazon cotait encore vendredi à Wall Street lors de la rédaction de cet article.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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