(BFM Bourse) - Le géant du e-commerce a enregistré une croissance de 19% au quatrième trimestre, un tout petit peu juste au regard des attentes, et a livré des prévisions de revenus décevantes pour les trois premiers mois de 2025. La société a aussi annoncé que ses investissements se situeraient autour de 105 milliards de dollars cette année.

Si la saison des fêtes a été faste pour Amazon, la publication du mastodonte du e-commerce laisse quand même un gout amer à Wall Street. Son action a ainsi perdu 4,05% dans les échanges post-marché, jeudi soir.

Au quatrième trimestre, la société dirigée par Andy Jassy a dégagé des revenus de 187,8 milliards de dollars, en hausse de 10% sur un an, tandis que son bénéfice par action a progressé de 86% à 1,86 dollar par action. Amazon a nettement dépassé les attentes, puisque les analystes attendaient des revenus de 187,45 milliards de dollars et un bénéfice par action de 1,49 dollar.

Toutefois, la croissance d'Amazon Web Services (AWS), la division de services informatiques dématérialisés ("cloud") d'Amazon, coince.

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La croissance d'AWS plafonne

Ces activités "cloud" sont particulièrement surveillées chez les géants de la tech, car ce sont celles qui bénéficient le plus des lourds investissements passés par ces entreprises dans l'intelligence artificielle (IA), notamment l'IA générative. .

Au quatrième trimestre, AWS a généré une croissance de 19% à 28,79 milliards de dollars, soit légèrement en dessous du consensus Visible Alpha, situé à 28,84 milliards de dollars. La cible est donc manquée de peu. Mais le marché s'avère exigeant sur la croissance de ces divisions, surveillant de plus en plus étroitement le retour sur investissement des dépenses dans l'IA des géants de la tech.

Au cours de cette saison de résultats, Microsoft et Alphabet ont aussi été sanctionnés par Wall Street, pour avoir livré, dans le cloud, des activités trop faibles aux yeux des investisseurs.

La croissance d'AWS stagne par ailleurs depuis maintenant trois trimestres consécutifs à 19%. "La croissance d'AWS ne s'est pas accélérée comme prévu et a plutôt atteint les niveaux du troisième trimestre, ce qui indique que l'entreprise est confrontée aux mêmes types de contraintes de capacité que ses rivaux Google et Microsoft ", a déclaré Sky Canaves, analyste chez Emarketer, cité par Bloomberg.

Andy Jassy a expliqué aux analystes lors de la conférence téléphonique suivant l'annonce des résultats qu'AWS aurait pu croître davantage. Mais, comme Microsoft, le géant du e-commerce a pâti de contraintes en termes de capacités de data centers, elles-mêmes dues à des livraisons plus lentes de processeurs de la part de "partenaire tiers", a expliqué le dirigeant. Selon lui, ces contraintes ne se relâcheront qu'à partir du second semestre 2025.

Des "capex" monstrueux

Autre source de déception du marché: la prévision de revenus pour le premier trimestre 2025. Le directeur financier, Brian Olsavsky, a indiqué que la société tablait sur un chiffre d'affaires situé entre 151 milliards et 155,5 milliards de dollars, soit bien moins que les attentes des analystes, logées autour de 158,8 milliards de dollars, selon Bloomberg.

Brian Olsavsky a toutefois précisé que cette cible comprenait des effets de changes négatifs colossaux à hauteur d'environ 2,1 milliards de dollars.

Le dirigeant a par ailleurs indiqué que le résultat opérationnel d'Amazon se situerait entre 14 milliards et 18 milliards de dollars au premier trimestre, alors que le consensus s'établissait à 18 milliards de dollars.

Brian Olsavsky a également annoncé que les "capital expenditures", c'est-à-dire les investissements, avaient atteint 26,3 milliards de dollars au quatrième trimestre 2024. Gene Munster, gérant chez Deepwater AM, remarque sur X que ce montant a progressé de 91% sur un an.

Brian Olsavsky a indiqué aux analystes que ce chiffre trimestriel de 26,3 milliards de dollars était "raisonnablement représentatif" du rythme que prévoit Amazon pour 2025.

Autrement dit, Amazon compte effectuer des investissements d'environ 105 milliards de dollars sur l'ensemble de 2025, un chiffre supérieure de plus de 20% au consensus, selon Gene Munster. Ce montant impressionnant se compare par ailleurs aux 75 milliards de dollars et 65 milliards de dollars prévus respectivement par Alphabet et Meta.

Andy Jassy a indiqué que "la vaste majorité" de ces investissements serait consacrée aux technologies et infrastructures d'IA pour AWS.

Le marché scrute désormais avec attention ces "capex" qui ont eu tendance à s'envoler en raison des dépenses prévues dans l'IA. Les opérateurs sont davantage attentifs sur ces coûts, notamment après l'onde de choc provoquée par la start-up chinoise Deepseek.

Cette jeune pousse a développé des modèles de langage d'IA à grande échelle (LLM) dont les performances rivalisent avec ChatGPT (OpenAI) ou Llama (Meta), mais avec des coûts a priori bien plus faibles. Les prouesses de Deepseek ont "remis en question la rationalité des investissements de plusieurs milliards de dollars annoncés récemment", a noté Cesar Gimeno, gérant de fonds chez Mapfre AM, dans une récente note.

"L'IA est la plus grande opportunité depuis le cloud et certainement le plus important changement technologique en termes d'opportunité d'affaires depuis internet", a fait valoir Andy Jassy. "Je pense que nos entreprises, nos clients et nos actionnaires seront heureux à moyen et long terme que nous continuions de poursuivre les opportunités de capital et de marché dans l'IA", a-t-il conclu.