(BFM Bourse) - Le distributeur spécialisé a vu ses comptes basculer dans le rouge en 2022, plombés par contentieux britannique vieux de 10 ans. Le premier semestre 2023 ne sera guère meilleur, la baisse de la consommation et la hausse des coûts de l’énergie vont pénaliser la marche des affaires de Fnac Darty. La spéculation autour du titre pourrait toutefois redonner l’attrait auprès des investisseurs, souligne un analyste.
Le contrat de confiance entre Fnac Darty et le marché est un peu ébranlé vendredi. Le distributeur cède du terrain à la Bourse de Paris alors que les comptes publiés jeudi soir après Bourse laissent apparaître une perte nette part du groupe à l'issue de son exercice 2022.
Les perspectives pour 2023 sont quant à elles inférieures au consensus, la marche des affaires du premier semestre de Fnac Darty est appelée à être perturbée. L'inflation va peser sur le comportement de consommation des ménages et sur la facture d'énergie de Fnac Darty.
Un contentieux vieux de 10 ans
En ce qui concerne l'année 2022, le distributeur a été rattrapé par son passé. Fnac Darty a été condamné à verser 132 millions d'euros, pour répondre à une décision de justice au Royaume-Uni. Ce litige remonte à la vente début 2012 de Comet, l'ancienne filiale britannique d'électroménager par Kesa Electricals - l'ancien propriétaire de Darty pour 2 livres symboliques, à la société d'investissement, OpCapita. Malgré cette reprise par le fonds, Comet a été liquidée et les créanciers se sont retournés contre Fnac Darty, qui a entre-temps racheté Kesa Electricals en 2016.
"Qu'ils aient ou non estimé que Comet était solvable au moment de la cession, ils savaient sans aucun doute qu'il y avait un risque de procédure d'insolvabilité", a déclaré la juge Sarah Falk citée par le Financial Times.
Ce litige a fait basculer les comptes de Fnac Darty dans le rouge, qui extériorisent une perte nette part du groupe de 28 millions d'euros contre un bénéfice net consolidé part du groupe de 160 millions d'euros en 2021. "Nous avons payé, mais avons contesté cette décision", a précisé à l'AFP le directeur général du groupe, Enrique Martinez.
Les ventes de Fnac Darty ont quant à elles baissé de 1,2% sur un an en données publiées à 7,95 milliards d’euros en 2022. Comme la plupart des enseignes liées à la consommation discrétionnaire, Fnac Darty a pâti des tensions sur le pouvoir d’achat l'an passé. Ces chiffres ne sont pas une surprise. Le distributeur avait déjà donné un premier aperçu de ses résultats annuels en janvier, et avait à cette occasion averti sur sa consommation de trésorerie.
Le résultat opérationnel courant a pour sa part baissé à environ 230 millions d’euros contre 271 millions d’euros en 2021, représentant 2,9% des revenus contre 3,4% l’exercice précédent. La marge opérationnelle courante est en baisse de 0,5% malgré "l’amélioration de la marge brute de 80 points de base (0,8 point de pourcentage) à 30,3% profitant d’un mix favorable (les abonnés Darty Max sont passés de 5000.000 à fin 2021 à 800 000 à fin 2022)", souligne TP ICAP Midcap dans sa note du jour. En octobre 2019, le distributeur a lancé Darty Max une offre de réparation par abonnement pour favoriser la durabilité des produits, conformément à la stratégie de long terme d'Enrique Martinez, le patron de Fnac Darty.
Une sortie de cote à venir ?
Mais l'inflation va encore jouer des tours au distributeur spécialisé. Il s'attend à ce que ses ventes soient encore "en léger repli" au premier semestre 2023, en raison des tensions sur le pouvoir d'achat qui poussent les consommateurs à différer leurs achats en produits électroménagers.
"Nous attendons un premier semestre compliqué alors que la consommation reste morose" ajoute Florent Thy-tine, l'analyste en charge de la couverture du titre. Pour illustrer cette tendance, l'analyste cite les chiffres publiés ce vendredi par la Banque de France qui indiquent une baisse de 4,7% sur le matériel Audio et vidéo et -2,8% sur l’électroménager en janvier 2023 par rapport à janvier 2022.
Le groupe prévoit également une augmentation significative de ses coûts liés à l’énergie estimée entre 30 millions d'euros et 50 millions d'euros. Le distributeur a dû trouver en urgence un nouveau fournisseur d’électricité, Solvay Energy Services ayant décidé de réviser unilatéralement ses tarifs.
Le résultat opérationnel courant est attendu de son côté aux alentours des 200 millions d'euros, "parfaitement en ligne" avec les estimations de TP ICAP Midcap, qui ajoute qu'il est "inférieur à celles du consensus".
"Bien évidemment, l’essentiel n’était pas tellement dans les résultats du groupe déjà connus mais plutôt sur les rumeurs de montée au capital de Daniel Kretinsky" abonde Florent Thy-tine. Fnac Darty avait gagné plus de 10% en séance jeudi après que BFM Business a rapporté que l'homme d'affaires tchèque souhaitait racheter les 20% détenus par l'allemand Ceconomy au capital de la société française.
Interrogé par l'AFP, le directeur général du groupe, Enrique Martinez, a expliqué que ce ne serait "pas très délicat de (sa) part de prendre parti pour un actionnaire plutôt qu'un autre". Il s'est borné à dire qu'il avait "de bonnes relations avec ses actionnaires" et que "tant qu'il n'y a pas de choses concrètes, nous en tant que management, on ne peut pas se positionner". Selon TP ICAP Midcap, la valorisation de Fnac Darty est "très raisonnable et la spéculation autour du titre pourrait lui redonner de l’attrait auprès des investisseurs".
En attendant un éventuel mouvement au capital, Fnac Darty est en nette baisse à la Bourse de Paris. Le titre du distributeur cède 6,7% en réaction à ce basculement des comptes dans le rouge et aux perspectives ternies par les tensions inflationnistes. Il avait gagné 7,7% à la clôture de jeudi, porté par les rumeurs de montée au capital de Daniel Kretinsky, rapportées par BFM Business.
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