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Après avoir ouvert en forte hausse dans le sillage de la signature d'un accord commercial entre Washington et Pékin - accord encore sujet à amendements -, le CAC 40 aura vu ses gains s'éroder tout au long de la séance, avant de basculer dans le rouge. L'indice phare français commence ainsi la semaine sur une baisse de 0,43% à 7 800 points.
Dimanche soir, le président des États-Unis, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ont noué un accord commercial ramenant les droits de douane imposés par les États-Unis sur les importations européennes à 15%. Sans terrain d'entente, Washington aurait infligé des taxes douanières de 30% à l’Europe à compter du 1er août prochain.
Cet accord, qualifié de "plus grand" jamais conclu en matière de commerce par Donald Trump, inclut un certain nombre d'exceptions, avec des produits taxés à 0% de la part des deux partenaires commerciaux, notamment les équipements aéronautiques, les équipements pour les semi-conducteurs, et certains produits agricoles. Mais pas les produits alcoolisés dont le sort doit être tranché "dans les prochains jours", a indiqué Ursula von der Leyen.
Le texte prévoit également que les Européens achèteront pour 750 milliards de dollars de produits énergétiques (pétrole, mais aussi combustible nucléaire) auprès des États-Unis et investiront pour 600 milliards de dollars de plus dans le pays.
"Par cet accord, Donald Trump illustre parfaitement sa maîtrise du concept de la fenêtre d’Overton, qui désigne l'éventail des sujets et des arguments politiquement acceptables pour la population générale à un moment donné. En faisant fluctuer les droits de douane de 4.5 à 20%, puis 10%, jusqu’à 30% et enfin 15%, il a fini par faire accepter aux « partenaires » commerciaux, et surtout aux marchés financiers, qu’un taux de 15% qui était jugé comme inacceptable le 2 avril est désormais quelque chose de nécessaire afin de rééquilibrer le grand échiquier du commerce mondial", décrypte Valentin URRUTIAGUER Responsable de la Gestion Cross-Asset d'Auris Gestion.
"En poussant davantage l’analyse, c’est en divisant son adversaire que Donald Trump a pu gagner son bras de fer. En effet, si des pays comme l’Allemagne et l’Italie (qui sont les principaux contributeurs à l’excédent commercial) étaient favorables aux concessions, la France s’était exprimée pour l’application de droits de douane réciproques. Nul doute que les échanges entre les ambassadeurs de l’Union européenne pour ratifier l’accord final seront houleux."
15%, c'est moitié moins, donc, que les 30% brandis au départ par la Maison Blanche. Mais au fond, le Président américain n'aurait il pas gagné sa guerre commerciale ? C'est le sentiment qui prévaut si on regarde froidement la situation commerciale initiale, et les bases du nouvel accord.
Plusieurs réactions de ministres français, dont M Benjamin Haddad, Ministre délégué chargé de l'Europe, vont d'ailleurs dans ce sens. Il y voit un accord déséquilibré. Son "N+2" au gouvernement, le 1er Ministre François Bayrou parle lui d'un "jour sombre" et d'une "soumission".
Toujours sur le front douanier, plusieurs médias rapportent que Washington et Pékin prolongeront de 90 jours la suspension de l'essentiel des surtaxes douanières qu'ils s'étaient mutuellement infligés. Cette pause avait été décidée en mai et fixait temporairement les surtaxes douanières frappant les produits chinois à 30% et celles infligées aux produits américains par la Chine à 10%, contre respectivement 145% et 125% avant cet accord.
Côté valeurs, les dossiers de la défense (ou dont l'activité dépend de la demande militaire) étaient sous pression après que Donald Trump a déclaré que l'Europe achèterait des "centaines de milliards de dollars d'équipements militaires" aux États-Unis à l'occasion de l'annonce de l'accord commercial avec l'Europe. Exosens a ainsi perdu 3,48%, Lumibird 2,78%, Exail Technologies 3,87% et Thalès 4,33%. Les titres des spiritueux connaissaient quelques déboires à l'image de Remy Cointreau (-3,44%) ou du géant Pernod Ricard (-3,49%). Forvia s'envolait en clôture de 13,43% après avoir livré des résultats semestriels encourageants, avec un flux de trésorerie plus de deux fois plus fort qu'attendu.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont terminé entre ordre dispersé (+0,33% pour le Composite et -0,14% pour le Dow Jones. Le S&P500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, est resté stable à proximité immédiate des 6 390 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,1750$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 65,40$. Les Treasuries 10 years, rendement des obligations souveraines fédérales à échéance 10 ans, se négociaient légèrement au-dessus des 4,39%. Quant au VIX, il valait 14,90 à la dernière clôture du S&P500.
A l'agenda macroéconomique ce mardi, à suivre en priorité, outre Atlantique, les nouvelles offres d'emploi (JOLTS) ainsi que l'indice de confiance des consommateurs (Conference Board) à 16h00
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La sortie de camisole technique a été confirmée le 09/07, venant donner davantage de sens à la prise d'appui sur la moyenne mobile à 20 jours (en bleu foncé); et l'indice vient de valider une phase de pullback (rejet graphique).
Désormais, un range (canal latéral) d'une amplitude de 400 points s'esquisse, entre 7 500 et 7 900 points. C'est cette résistance à 7 900 points qui est actuellement testée. Un test pour l'instant en forme d'échec. Un échec corroboré par la séance du lundi 28 juillet, matérialisée par une bougie au long corps rouge, quasiment sans ombre ni haute, ni basse.
Ce range est large (400 points), et constituera le théâtre de l'expression des oscillations des prochaines semaines.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 7900.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 7700.00 points relancerait la pression vendeuse.
Le conseil BFM Bourse
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