(BFM Bourse) - Une ouverture dans le calme se profile ce lundi à la Bourse de Paris, entre deux rendez-vous monétaires majeurs, alors que les cerveaux des investisseurs bouillonnent pour identifier les "taux neutres" des banques centrales. Alors que la BCE achevait la semaine passée un Conseil des Gouverneurs, c'est au tour de la Fed, mercredi, de livrer son verdict.
Pour rappel, le taux neutre est une construction: il s'agit du taux directeur au-delà duquel la BCE, ou toute autre banque centrale au demeurant, provoque un ralentissement de l'activité. En-deçà, l'économie poursuit son "réchauffement".
Le Conseil des Gouverneurs n'a pas accouché de surprises, et aura constitué une préparation des esprits en vue de la dernière réunion de cette année éprouvante, en décembre. Les taux directeurs ont progressé de 75 points de base pour s'afficher désormais à 2,00%. "Certes, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a évité de parler du taux d'intérêt neutre lors de la conférence de presse", relève Ulrike Kastens, économiste Europe, DWS.
"Toutefois, au vu des taux d'inflation élevés, elle n'a pas exclu la possibilité que la banque centrale doive relever le taux directeur au-delà d'un niveau de taux d'intérêt neutre afin d'atteindre à nouveau l'objectif d'inflation de la BCE. En revanche, aucune déclaration n'a été faite sur le niveau du prochain palier de taux d'intérêt en décembre 2022. Cela dépendra essentiellement de l'ampleur du ralentissement économique. Toutefois, il est probable qu'elle soit d'au moins 50 points de base."
La Fed livrera son verdict pour sa part ce mercredi.
Au chapitre statistique lundi, l'indice des prix à la consommation en données préliminaires pour octobre s'est échauffé en France bien plus que ne l'envisageaient en moyenne les analystes et économistes interrogés (+1,0% en rythme mensuel). Par ailleurs, l'indice de confiance des ménages (U-Mich), données révisées s'est quelque peu redressé aux Etats-Unis, à 59,9. Pour rappel en juin il sombrait à 48,9. Les opérateurs ont également pris connaissance de l’indice PCE, baromètre préféré de la Réserve fédérale pour mesurer l’inflation. Les prix à la consommation selon cet indice ont en effet progressé de 6,2% sur un an, là où le consensus attendait 6,3%. Les investisseurs y décèlent le signe que le pic d'inflation est passé, renforçant au passage le scénario d'une approche moins agressive de la Réserve fédérale américaine. Cette statistique alimentera très probablement les débats de la Fed.
Côté valeurs, les publications d’entreprises ont une nouvelle fois animé cette fin de semaine chargée en la matière. SES-imagotag (+6,5%) a clôturé au plus haut historique, à nouveau salué par le marché grâce à sa forte croissance qui semble ne jamais vouloir s’arrêter. Safran (+2,4%) a également ravi le marché avec un chiffre d’affaires ajusté en hausse de plus de 30% au troisième trimestre. Airbus (+3,7%) a signé la plus forte hausse du CAC 40, après avoir relevé son objectif de trésorerie pour l’ensemble de 2022. En revanche, Air France-KLM, a dévissé de 13% malgré des résultats de haut vol au troisième trimestre, pénalisé par des prises de bénéfices. Enfin, Bic a perdu plus de 11% à la clôture après avoir fait état d’une rentabilité dégradée au troisième trimestre.
De l'autre côté de l'Atlantique, le vert a dominé les débats vendredi, sur fond d'amélioration du moral des ménages, mesurée par l'Université du Michigan. Le Dow Jones a gagné 2,59% à 32 861 points et le Nasdaq Composite 2,87% à 11 102 points. Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a gagné 2,46% à 3 901 points.
A noter que la côte Est américaine passera à l'heure d'hiver dans la nuit de samedi à dimanche prochain. Dans l'intervalle, Wall Street ouvrira à 14h30 (Heure de Paris) et non 15h30, par conséquent.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 0,9940$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 86.80$.
A suivre en priorité à l'agenda statistique ce lundi, les toutes premières estimations de l'inflation en Zone Euro pour le mois d'octobre.
La semaine sera très orientée, côté statistique, sur le front de l'emploi américain, avec vendredi le rapport mensuel NFP (pour Non Farm Payrolls) du mois d'octobre. Les opérateurs auront le traditionnel "avant-goût", mercredi, avec la très suivie (car fiable) enquête du cabinet privé en ressources humaines ADP. Autant d'occasion de mesurer précisément les degrés de tension sur l'emploi et les salaires, cadrans suivis de très près par la Fed dans la construction de sa politique monétaire.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
L'indice phare parisien sur actions continue la formation d'un biseau ample, dont une sortie par le bas (pas encore d'actualité) rimerait avec reprise du courant baissier dans une volatilité importante. La bonne tenue à ce stade des valeurs à fort Bêta actuel, conjuguée aux volumes de transactions, laisse le champ ouvert à une courte période d'équilibre des forces en présence. Deux scénarios sont désormais envisagés pour le très court terme, une fois l'équilibre précaire rompu: l'entrée dans un fanion de consolidation, ou la formation d'une nouvelle jambe corrective.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice CAC 40 à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice CAC 40 cote en dessous de la résistance à 6286.00 points.
Le conseil BFM Bourse
Graphique en données horaires

Graphique en données quotidiennes
