(BFM Bourse) - Le vent de panique qui s'est emparé des Bourses mondiales depuis le début de la semaine en raison de l'extension de l'épidémie de coronavirus hors de Chine tourne à la capitulation vendredi matin. Alors que la contagion s'est accélérée en France, deuxième économie de la zone euro, le CAC 40 s'effondre.
De mal en pis. Déjà laminé jeudi le CAC 40 a plongé de 3,36% vendredi à l'ouverture et accéléré sa chute jusqu'à près de -4,5% en milieu de matinée, pour afficher vers 13h00 3,16% de pertes à 5.321,81 points. Dans un volume toujours très étoffés, de 3,36 milliards d'euros.
Alors que les indices américains trônaient il y a une semaine à des records historiques, Wall Street a également flanché jeudi soir. Le Dow Jones s'est effondré de 4,42% (plus forte baisse depuis février 2018) et le Nasdaq Composite de 4,61% (plus forte depuis août 2011). Si le nombre de cas reste peu élevé aux Etats-Unis, l'agence fédérale des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) s'attend à ce que le virus se répande plus largement prochainement. La CDC a par ailleurs recensé un premier patient pour lequel l'origine de la contamination n'a pas pu être établie.
La chute a été presque aussi violente en Asie (où les principaux indices ont déjà clôturé étant donné le décalage horaire). Le Nikkei japonais a cédé 3,67% et le Shanghai Composite 3,71%.
D'une façon générale, la plus part des marchés mondiaux sont désormais entrés dans une zone conventionnellement qualifiée de correction (soit une baisse d'au moins 10% par rapport à un précédent pic, mais pas de plus de 20%, le seuil à partir duquel on évoque un krach).
Ce vendredi marque "la dernière journée d'une semaine très difficile et les gens [opérateurs de marché] ne veulent prendre aucun risque avant le week-end", a indiqué Peter Dixon, économiste chez Commerbank. "Alors autant préempter les dégâts - vendre sur le champ et examiner plus tard les conséquences, parce que personne ne va vous sanctionner d'être vendeur dans un tel marché", indique l'économiste pour résumer l'état d'esprit actuel des traders.
Du côté des caleurs parisiennes, Veolia (-2,88%) a fait état d'un résultat net part en croissance de 41,8% à 625 millions d'euros au titre de 2019.
Saint-Gobain perd 2,9% tandis que le groupe multiplié par 3,5 son bénéficie, à 1,4 milliard d'euros pour 2019, avec une marge d'exploitation en progression de 30 points de base à 8% pour un chiffre d'affaires de 42,6 milliards d'euros.
Le groupe de prise en charge de la dépendance Korian flanche de 5,4%, après avoir annoncé une amélioration de 10% de son bénéfice net annuel.
De très rares valeurs parviennent à se maintenir dans le vert, dont Rallye (+3%), la maison mère de Casino, tandis que selon l'Agefi le tribunal de commerce de Paris devrait, sauf coup de théâtre, approuver le plan de sortie de procédure de sauvegarde concocté sous l'égide des administrateurs judiciaires.
Le spécialiste des systèmes de stockage de gaz naturel liquéfié GTT accélère de 1,9%, le groupe n'ayant constaté aucun retard dans le calendrier de construction de navires équipés de sa technologie, essentiellement construits dans les chantiers navales coréens. S'agissant de l'exercice écoulé, le résultat net de GTT a atteint 143,4 millions d'euros, en légère hausse de 0,4% par rapport à 2018.
Certains titres sont mêmes fortement recherchés, dans la mesure où ils émanent d'entreprises dont l'activité est potentiellement dopée par le coronavirus. La biotech franco-britannique Novacyt flambe ainsi de 29,7% étant donné une importante demande pour le test visant à dépister le coronavirus conçu par sa filiale Primerdesign. La firme a notamment conclu des accords de distribution avec une grosse société des sciences de la vie et avec un groupe spécialiste du diagnostic.
L'industriel UV Germi, qui conçoit, fabrique (en Corrèze) et commercialise (jusqu'au Moyen-Orient) un système de désinfection de l'air ambiant par ultra-violets atteint un nouveau pic historique, à 10 euros, en hausse de 29,9%.
L'or noir est également en situation de "correction" puisque les deux références mondiales cèdent respectivement 16,8% (Brent) et 17,3% (WTI) depuis jeudi dernier, la propagation du coronavirus faisant peser des craintes sur la demande d'hydrocarbures.
En plein rebond depuis une semaine, dans la perspective de prochaines baisses de taux de la Réserve fédérale américaine qui rendraient moins attrayant le dollar, l'euro se stabilise à 1,10 dollar.