(BFM Bourse) - Dans une étude consacrée aux jeunes pousses, le BCG et RaiseLab consacrent une partie aux achats de start-up par les groupes du célèbre indice parisien. Sur 345 acquisitions, 240 ont ainsi été réalisées hors de France.
Les locataires du CAC 40 restent des groupes extrêmement internationalisés. Pour donner un ordre d'idée, l'Hexagone ne représente que 8% des ventes de LVMH, la plus importante entreprise de l'indice en termes de capitalisation. Même chez Carrefour, qui est l'une des sociétés du CAC 40 sinon la société la plus exposée à la France, cette exposition reste inférieure à 50% puisqu'elle s'élevait à 46,2% au titre de 2022.
Cette répartition très internationalisée de l'activité conduit logiquement les grands groupes du CAC 40 à jeter leur dévolu sur des entreprises étrangères pour procéder à des acquisitions. Y compris pour les jeunes pousses.
C'est ce que montre très bien une étude sur les start-up réalisée par le Boston Consulting Group (BCG) et la société RaiseLab, publiée ce mercredi et relayée par Les Echos.
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Près de 70% d'achats de start-up à l'étranger
Précisons que le terme "start-up" n'étant guère défini de façon catégorique, l'étude a retenu dans sa nomenclature des entreprises "qui ont un fort potentiel de croissance, utilisent des technologies nouvelles et ont de forts besoins de financement assurés par des levées de fonds". Concrètement, l'étude se concentre sur des entreprises ayant été financées par du capital-risque sur les dix dernières années.
Sur cette base, le nombre d'acquisitions de start-up par les groupes du CAC 40 s'est élevé à 345 entre 2013 et 2023, selon cette étude. Et sur ce total 240 opérations ont été réalisées à l'étranger et 105 en France. Ce qui correspond ainsi à un ratio de 69% à l'étranger pour 31% en France.
"Nos entreprises du CAC 40 sont évidemment des sociétés avec un champ d'action qui va au-delà du territoire français. Il est donc logique pour ces groupes de procéder à des rachats de start-up sur l'ensemble des pays qui sont pertinents pour eux, ce qui explique la proportion relativement basse de la France", explique Lionel Aré, directeur associé senior du BCG.
Le publicitaire Publicis, qui a opéré une mue réussie ces dernières années pour augmenter son offre numérique, notamment dans les données, est le groupe du CAC 40 qui a racheté le plus de start-up, avec 31 acquisitions sur dix ans dont seulement trois en France. Suivent Engie avec 27 jeunes pousses, dont 11 en France, et Dassault Systèmes avec 24 opérations dont huit en France.
"Evidemment, cette part de la France dans les rachats de start-up par les groupes du CAC 40 varie avec leur degré de mondialisation. Une entreprise comme Orange, certes internationalisée mais avec un ancrage tricolore important, affiche ainsi une proportion de rachat de start-up françaises importante", souligne Lionel Aré.
Des intérêts stratégiques
Certaines disparités s'observent: Thales, Schneider Electric, Sanofi, et L'Oréal n'ont procédé qu'à des rachats de jeunes pousses à l'international alors qu'a contrario toutes les acquisitions de start-up de Bouygues et Safran ont eu lieu dans l'Hexagone.
Les jeunes pousses ont plusieurs vertus susceptibles d'intéresser nos champions tricolores. Elles leur apportent par exemple des complémentarités technologiques ou de nouveaux canaux de distribution, et se situent ainsi au coeur des entreprises qui ont une stratégie d'acquisition dite "bolt-on", c'est-à-dire centrée sur des opérations de petites tailles.
"Pour les groupes du CAC 40, les acquisitions de start-up obéissent à deux types de rationnels stratégiques. Ces opérations permettent soit de renforcer le cœur d'activité du groupe, en apportant par exemple des technologies ou des canaux de distribution nouveaux sur des métiers sur lequel le groupe opère déjà. Soit d'ajouter des activités dites 'adjacentes', c'est-à-dire des produits ou des services nouveaux mais très proches de ce qui est déjà proposé par les sociétés du CAC 40", développe Lionel Aré.
A noter également, dans cette étude, que les start-up françaises attirent de plus en plus les investisseurs étrangers. Leur part se situe depuis 2021 autour de 50% contre environ un tiers précédemment.