(BFM Bourse) - Purge en cours à la Bourse de Paris, où le CAC 40 abandonne plus de 3% peu avant 13h, la nervosité s'emparant des opérateurs alors que la situation sanitaire préoccupe de nouveau en Europe. L'approche des élections américaines -et son lot d'incertitudes- pèse également sur le moral des investisseurs.
Alerte rouge (vif) à la Bourse de Paris, où l'échantillon principal a ouvert en légère baisse (-0,6%) avant de s'enfoncer fortement en territoire négatif. Vers 13h00, le baromètre du marché abandonne 3,26% à 4.815,75 points, dans un volume d'échanges déjà très soutenu, supérieur à 1,3 milliard d'euros. Le CAC 40 n'avait plus connu pareille chute depuis la séance du 11 juin (-4,71% sur fond de craintes d'une deuxième vague aux États-Unis). Il revient ainsi à un plancher depuis le 3 août dernier. Plombé par la vigueur de la pandémie, qui pénalise celle de la reprise économique, l'indice vedette du marché parisien n'est toutefois pas le seul en perdition ce lundi, le Dax 30 cédant 3,32% à Francfort quand le FTSE 100 abandonne 3,46% au même moment à Londres.
Les marchés se tendent à l'approche des élections US
La chute des indices européens en ce début de semaine intervient alors que la vague des prises de bénéfices s'accentue sur les valeurs technologiques américaines. L'action du géant Apple est même entrée en "bear market" avec -20,4% de baisse depuis son plafond du 1er septembre. À moins d'un mois et demi du scrutin, l'approche de l'élection américaine et son lot inédit d'incertitudes ajoute à la nervosité ambiante. "Les investisseurs se tournent maintenant davantage vers les élections présidentielles aux Etats-Unis, prévues dans six semaines et le risque grandissant face à la hausse des restrictions en Europe, du fait d'une nouvelle hausse du nombre de cas et d'hospitalisations liées aux coronavirus", souligne Vincent Boy, analyste marchés chez IG France.
La résurgence pandémique effraie les investisseurs
La situation semble de fait préoccupante dans plusieurs pays européens dont l'Espagne, la France et la Belgique. Le Royaume-Uni était également particulièrement surveillé avec le risque d'un second confinement à brève échéance, du moins pour une partie du pays.Cette résurgence est venue aggraver le sentiment du marché, déjà "déçu" par l'absence d'annonces majeures de la Banque centrale européenne puis de la réserve fédérale américaine au cours des derniers jours, selon Milan Cutkovic, analyste chez AxiCorp.
La prolongation de la crise sanitaire "peut nous faire craindre une reprise économique plus longue qu'anticipé. Ceci devrait accentuer la pression pesant sur Christine Lagarde pour relancer l'activité", note pour sa part Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque. La patronne de l'institution monétaire doit s'exprimer lundi à l'occasion d'une réunion en ligne de l'Assemblée parlementaire franco-allemande.
Outre-Atlantique, les opérateurs garderont un œil sur "la poursuite des négociations au Congrès dans le but de trouver un accord sur le budget et ainsi éviter un nouveau "shutdown", soit un risque d'arrêt du financement de l'État au 1er octobre" explique Vincent Boy. Les investisseurs attendent aussi que Républicains et Démocrates trouvent un consensus sur la nouvelle enveloppe de soutien à l'économie américaine, bien que la probabilité de voir les deux camps s'accorder sur un stimulus s'amenuise à mesure que les élections approchent.
Les 40 valeurs du CAC dans le rouge à la mi-journée
Les opérateurs ne font pas dans la dentelle sur le marché parisien, où les 40 valeurs de l'indice vedette évoluent en territoire négatif vers 10h20. Accor lâche 7,3% le jour de sa rétrogradation au sein du SBF 120, alors qu'Alstom qui fait le chemin inverse limite son recul à 1,7%. À noter que les autres groupes rétrogradés lors du dernier Conseil scientifique des indices (ceux quittant le SBF 120) souffrent également ce lundi, Faurecia reculant de 4,7% quand Akka et DBV technologies refluent respectivement de 5,1% et 4,3%.Parmi les plus fortes chutes au sein du CAC, on retrouve notamment les valeurs automobiles (-5,2% pour Peugeot, -4,6% pour Renault) et surtout bancaires, après la publication par plusieurs médias européens de l'enquête "FinCEN Files", selon laquelle au moins 2.000 milliards de dollars de transactions suspectes ont été réalisées entre 2000 et 2017 par plusieurs grandes banques. BNP Paribas cède 5,7%, Crédit Agricole 5,4% et Société Générale 6,4%, après avoir annoncé son intention de céder sa filiale de gestion d'actifs Lyxor pour renforcer son bilan après deux trimestres consécutifs de pertes.
Le secteur aéronautique est également en berne lundi matin, Airbus et Thales lâchant 4,6% quand Safran cède 5,7%. Dans un entretien au journal Le Parisien/Aujourd'hui en France daté de lundi, le président exécutif de l'avionneur européen Guillaume Faury a indiqué que son groupe travaille actuellement sur trois concepts d'avion à hydrogène, avec l'ambition d'être le premier constructeur à mettre en service un tel appareil en 2035.
L'opérateur télécoms Iliad recule de 1,9% après avoir lancé une offre publique d'achat sur Play, opérateur de téléphonie mobile polonais pour "environ 2,2 milliards d'euros pour 100% du capital, et 3,5 milliards d'euros en valeur d'entreprise".
Parmi les rares hausses du jour, celle d'OSE Immunotherapeutics (+7,8%) est à souligner, la biotech nantaise présentant ce jour les résultats positifs de l'étape 1 de la phase 3 de Tedopi dans le cancer du poumon non à petites cellules au congrès annuel de l'ESMO (European Society for Medical Oncology).
Les préoccupations sanitaires pèsent également sur les cours pétroliers, en nets replis lundi matin. À 10h30, le baril de Brent abandonne 1,81% à 42,37 dollars et celui de WTI reflue de 1,94% à 40,52 dollars.
Enfin, sur le Forex, le billet vert s'apprécie face à la monnaie unique (-0,46% pour l'EUR/USD à 1,1785 dollar).