(BFM Bourse) - Pour la première fois depuis le début de 2020, le marché parisien affiche plus de 1% de recul mardi en séance, la propagation à partir de la Chine d'une nouvelle forme de coronavirus amenant les investisseurs à s'interroger sur les risques vis-à-vis de la croissance, en particulier pour les secteurs du transport aérien et du luxe.
En repli de 0,73% à l'ouverture, l'indice tricolore CAC 40 qui avait déjà cédé 0,36% lundi a rapidement accru ses pertes mardi matin -tombant même quelques instants à moins de 6000 points- et accuse vers 12h20 un repli de 1,1% à 6.011,62 points, dans un volume d'échanges d'un peu plus de 900 millions d'euros.
Un relatif consensus s'est fait jour jusqu'ici parmi les investisseurs en vue d'une poursuite de la ré-accélération de l'économie mondiale en 2020 après le trou d'air subi mi-2019 - modulo les risques liés aux tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et un certain nombre de pays. Mais un nouvel obstacle à ce scénario apparaît désormais en regard de la diffusion, à partir de la Chine, d'un virus de la même famille que celui qui avait provoqué l'épidémie de SRAS (le syndrome respiratoire aigu sévère) qui avait fait près de 800 victimes en Asie du sud-est en 2003, et coûté entre 0,5 et 1% de PIB aux pays touchés, selon une étude de l'Apec (Coopération économique pour l'Asie-Pacifique).
Alors que la transmission entre humains est depuis lundi soir avérée, et qu'un premier cas suspect est apparu en Australie chez un patient récemment rentré de Wuhan, la ville chinoise qui semble à l'épicentre de la maladie, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) tiendra mercredi une réunion d'urgence pour déterminer s'il convient de déclarer une "urgence de santé publique de portée internationale".
Ces craintes pèsent notamment sur le secteur du luxe, très dépendants de la Chine et des flux touristiques. Les trois poids lourds du secteur figurent parmi les plus fortes chutes de l'indice phare, avec une baisse de 3,7% pour Kering, de 2,8% pour LVMH et de 2% pour Hermès. ArcelorMittal s'intercale dans ce tiercé avec -2,1% de repli.
Comme l'expliquait lundi Alexandre Baradez, responsable des analyses marchés pour le groupe IG, le secteur étant fortement valorisé, toute nouvelle légèrement négative peut générer des allègements de positions. "On n'en est pas là mais si cette situation évolue vers des mesures douanières plus strictes concernant le déplacement des personnes, ce serait clairement un frein pour ces valeurs" ajoutait-il.
Air France-KLM pâtit aussi des inquiétudes vis-à-vis de possibles perturbations du transport aérien, lâchant 2,95%, alors qu'une rumeur pas très opportune prête au groupe franco-néerlandais un intérêt pour acquérir une participation de 49% dans Malaysia Airlines.
Une nouvelle fois le secteur biotechnologique se retrouve animé avec un bond de 25% pour Genomic Vision, qui poursuit sur son élan après avoir enregistré en 2019 la première performance annuelle positive de son histoire. L'entreprise balnéolaise a annoncé que sa technologie de "peignage moléculaire", pour analyser le génome, serait testée par le l'institut américain NIST. Abivax s'adjuge 7,6% après avoir reçu le feu vert pour expérimenter un traitement contre la recto colite-hémorragique aux Etats-Unis. Adocia (+5%), Voluntis (+4,4%), Abionyx (+2,8%) et Poxel (+2,2%) surperforment également le reste du marché, sans actualité particulière.
Parmi les plus fortes baisses du jour, Bigben Interactive lâche près de 5% malgré la confirmation des objectifs annuels du groupe, les opérateurs retenant notamment le recul de 11% de l'activité Mobile.
Du côté des devises, l'euro avance de 0,11% à 1,1108 dollar. Le marché pétrolier connaît davantage de mouvement, affecté également par les craintes liées à une possible pandémie. Le baril de WTI lâche 1,25% à 57,81 dollars tandis que le Brent recule de 1,66% à 64,12 dollars.