(BFM Bourse) - D'humeur conquérante, le marché parisien reste bien orienté ce mardi, aidé par le rebond du compartiment bancaire et la perspective d'une reprise économique vigoureuse, notamment aux Etats-Unis, qui l'emporte toujours sur les craintes sanitaires.
Galvanisée par la nouvelle montée en cadence de la campagne de vaccinations outre-Atlantique et les attentes vis-à-vis du projet d'investissements massifs dans les infrastructures lancé cette semaine par Joe Biden, la Bourse de Paris évolue dans le vert mardi à la mi-journée. Après avoir bouclé la séance de la veille au-dessus du seuil des 6.000 points à la faveur d'une 4e hausse consécutive, le CAC avance de 0,63% à 6.053,32 points, dans un volume de transactions à peine plus étoffé que la veille (700 millions d'euros) vers 12h. L'indice vedette de la cote tricolore a même touché, plus tôt dans la matinée, un sommet depuis janvier 2020. À noter que dans le même temps, à Francfort, le Dax évolue à un record historique.
Pour le marché parisien, "l'enjeu va désormais être de conserver le seuil des 6.000 points (...). Malgré les déboires du secteur bancaire et les inquiétudes à propos de nouvelles mesures de restrictions dans plusieurs pays européens, le CAC 40 affiche une résilience impressionnante", souligne Christopher Dembik, directeur associé chez Berenberg.
Rendements souverains et marchés actions grimpent main dans la main
Le marché obligataire devait par ailleurs rester au centre de l'attention des investisseurs alors que le taux américain à dix ans a nettement réaccéléré depuis vendredi, dans le sillage de la vente massive d'actions par le fonds Archegos et de l'anticipation de nouvelles dépenses budgétaires massives aux Etats-Unis. Il évolue ainsi à 1,76% en fin de matinée lundi, au plus haut depuis janvier 2020. Et l'OAT français suit une trajectoire similaire, revenant proche du seuil symbolique de 0% vers 12h. Le fait que les rendements souverains montent en même temps que les marchés boursiers "suggère que la reprise des actions est désormais en cours", selon Sebastien Galy, stratégiste macro pour Nordea Investment.Les deux phénomènes se produisent "en amont de la publication du prochain plan budgétaire aux Etats-Unis, qui devrait être de 3.000 milliards de dollars" et intervient au moment où "nous recevons des nouvelles positives sur les vaccins aux Etats-Unis", poursuit-il. Joe Biden a de fait annoncé lundi une accélération de la campagne de vaccination, promettant que 90% des adultes américains seraient éligibles au vaccin d'ici le 19 avril.
Parallèlement, la situation continue de se dégrader en France, où le pic du nombre de patients en réanimation de la deuxième vague de Covid-19 a été franchi ce lundi (à près de 5.000 malades). Cela n'a pas empêché le moral des ménages français de légèrement rebondir en mars, après deux mois de baisse, illustrant notamment une perception plus positive sur leur situation financière future, selon des données publiées par l'Insee mardi.
Lagardère et les bancaires en hausse
Au lendemain de nets replis à mettre sur le compte des craintes liées aux craintes de contagion de l'affaire Archegos, les valeurs du compartiment bancaire profitent de la remontée des rendements souverains pour rebondir. Peu après 12h, les fleurons du secteur s'adjugent entre 1,4% (Crédit Agricole) et 2% pour Société Générale. Le secteur du luxe est également bien orienté, Kering prenant 1,8% quand LVMH gagne 1,2%, notamment grâce à un relèvement d'objectif de la part d'UBS. Les valeurs cycliques (automobiles et foncières en tête) tirent également parti de l'optimisme ambiant vis-à-vis de reprise économique.Sur le reste de la cote, le titre Lagardère prend 4,8% après l'éviction lundi du PDG du premier éditeur français Hachette Livre Arnaud Nourry en raison de son désaccord avec son actionnaire Arnaud Lagardère. PDG du groupe depuis 2003, Arnaud Nourry s'est récemment publiquement opposé à une vente de la maison d'éditions à l'empire de Vincent Bolloré, et était considéré comme "le dernier rempart" à la prise de contrôle de Vivendi, déjà propriétaire d'Editis.
Alstom a remporté un nouveau contrat de 220 millions d'euros pour fabriquer des voitures pour deux lignes du métro de Bombay et s'adjuge 1,4% supplémentaires.Le spécialiste du traitement du courrier et du matériel logistique Quadient (ex-Neopost) lâche en revanche 5,7% malgré l'annonce d'une forte reprise enregistrée au cours du second semestre, permettant une rentabilité soutenue et une forte génération de flux de trésorerie disponibles sur l'ensemble de l'année 2020. Le titre subit des prises de bénéfices après un début d'année en fanfare (+39% à ce stade depuis le 1er janvier). Enfin, la medtech parisienne à l'origine d'un système de vision bionique pour les personnes malvoyantes Pixium Vision bondit de 23% après avoir dévoilé des résultats d'étude clinique considérés comme "probants" concernant un système combinant vision prosthétique et vision naturelle, ce qui constitue une "avancée importante pour le traitement de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l'âge, NDLR) sèche" selon le groupe.
Le marché pétrolier de nouveau tourné vers l'Opep
Les cours du brut reculent mardi alors que l'attention des investisseurs se détourne du canal de Suez, où le trafic a repris après six jours de blocage, pour se focaliser sur la réunion à venir jeudi du groupe Opep+ qui doit discuter du maintien des mesures de réduction de la production. Selon des sources au fait des discussions, l'Arabie saoudite -chef de fil du cartel- serait prête à soutenir la prolongation des coupes des membres de l'Opep et de leurs alliés en mai et en juin, et serait également disposée à prolonger ses propres réductions volontaires d'un million de baril par jour. Le baril de Brent cède néanmoins 1% à 64,29 dollars quand celui de WTI lâche 1,23% à 60,80 dollars.Sur le marché des changes, la monnaie unique souffre du renforcement des restrictions sanitaires en France et en Allemagne, qui pèse sur les perspectives économiques à court terme en Europe, et recule encore de 0,22% à 1,1744 dollar, à un creux depuis début novembre dernier.
(avec AFP)