(BFM Bourse) - Il aura fallu quatre jours et quatre nuits d'âpres négociations mais les dirigeants des 27 ont arraché mardi matin un accord sur un plan de relance historique de 750 milliards d'euros. Un soulagement bienvenu pour les Bourses européennes, qui évoluent en nette hausse mardi à la mi-journée.
Un grand ouf de soulagement. Alors que les négociations ont semblé s'enliser lundi entre le couple franco-allemand et les pays dits "frugaux" réunis à Bruxelles, l'annonce d'un accord -obtenu de haute lutte dans la nuit- sur un massif plan de relance est vivement saluée par la Bourse de Paris mardi. Après une ouverture en hausse de 0,7%, le baromètre du marché parisien a accru ses gains au cours de la matinée pour afficher une progression de 1,22% à 5.155,08 points, un plus haut depuis le 8 juin dernier.
Le volume de transaction nettement plus fourni que la veille (et que vendredi dernier), à près de 1,1 milliards d'euros vers 12h30, témoigne du regain d'appétit pour le risque des opérateurs.
"Même si les montants débloqués (à Bruxelles) ne sont qu'une fraction de ce dont aurait besoin l'Italie, l'Espagne ou la Grèce pour sortir de leurs difficultés actuelles" l'accord trouvé cette nuit "établit une forme de dette commune qui peut, en un sens, être considéré comme un tout petit pas vers une intégration budgétaire" et c'est cela qui soutient les indices européens, a noté Michael Hewson, un analyste de CMC Markets.
Accord historique des 27 pour émettre de la dette en commun
Au terme d'un sommet marathon, les dirigeants européens sont donc parvenus mardi à l'aube à un accord sur un plan historique destiné à soutenir leurs économies frappées par la crise du coronavirus, basé pour la première fois sur une dette commune. Pour ce faire, un fonds de 750 milliards d'euros, qui pourront être empruntés par la Commission sur les marchés est prévu. Il se décompose en 390 milliards de subventions, la dette commune à rembourser par les 27, qui seront allouées aux États les plus frappés par la pandémie, et de 360 milliards d'euros de prêts, remboursables par le pays demandeur"Deal!", a annoncé en anglais le Belge francophone Charles Michel, président du conseil européen, sur son compte Twitter. "Jour historique pour l'Europe!", a assuré dans la foulée le président Emmanuel Macron sur le même canal. Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a pour sa part salué "un grand accord pour l'Europe", allant jusqu'à le qualifier de "vrai plan Marshall".
"Grâce à cet accord, nous pensons que le risque d'une rupture européenne a encore diminué et que la croissance européenne devrait être soutenue à moyen terme. La prime de risque sur les actifs européens devrait donc également baisser, ce qui soutient les marchés", a déclaré Esty Dwek, responsable des stratégies de marché de Natixis Investment Managers Solutions. "Bien sûr, il y a eu des compromis et ce n'est pas un accord parfait mais le fait que les 27 dirigeants aient donné leur approbation à l'UE pour émettre conjointement de la dette était la difficulté à franchir que les investisseurs attendaient ", a pour sa part souligné Sean Darby chez Jefferies.
Situation sanitaire toujours préoccupante
L'issue tant attendue et favorable du sommet européen éclipse l'inquiétante progression de la pandémie à travers le monde, les États-Unis ayant notamment enregistré plus de 60.000 nouveaux cas lundi pour le septième jour consécutif selon le comptage de l'université Johns Hopkins. Le Covid-19 a désormais fait plus de 600.000 morts, dont 80.000 au Brésil qui connaît une flambée épidémique.En France, l'épidémie liée au nouveau coronavirus a "redémarré", a prévenu mardi Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique Covid-19, en insistant sur la nécessité de respecter les mesures barrière pour éviter de basculer dans une situation comme celle qui sévit en Catalogne.
Le rythme des publications s'accélère
Si la saison des résultats bat déjà son plein outre-Atlantique (où Coca-Cola et Lockheed Martin vont publier ce jour), elle commence également à monter en puissance dans l'Hexagone.Après avoir bondi de plus 5% dans les premiers échanges après avoir fait état d'un recul moins prononcé que prévu de ses ventes sur son premier trimestre (-33,2% en organique, quand le groupe misait sur un repli de 45%), le titre Rémy Cointreau subit des prises de bénéfices et lâche 0,9% à 13h25.
Au lendemain d'une nouvelle flambée du Nasdaq (notamment sous l'impulsion d'Amazon qui a pris 8%), le secteur technologique reste recherché à Paris, STMicro et Dassault Systèmes progressant de 1,4% quand Capgemini prend 1,5%.
Les compartiments bancaires (+3,6% pour BNP Paribas, +2,7% pour Société Générale) et automobiles (+3% pour Peugeot, +2% pour Renault) ont également le vent en poupe.
Parmi les groupes qui ont publié, Icade grimpe de 2,7% alors que la crise va amputer d'une centaine de millions d'euros les bénéfices du groupe immobilier, qui a néanmoins confirmé son appétit pour les établissements de santé avec une grosse acquisition à l'étranger.
À l'instar de Rémy Cointreau, Sartorius Stedim Biotech (SSB) est fragilisé par des prises de bénéfices (-7,2%), dans la foulée de la confirmation du relèvement de ses perspectives de résultats pour 2020 grâce à des résultats semestriels en nette hausse. Le titre du fournisseur international d'équipements pharmaceutiques et de laboratoire prend néanmoins toujours 80% depuis le début de l'année, ce qui constitue la meilleure performance du SBF 120.
Enfin, le groupe de santé animale Virbac grimpe de 2,4%, les prévisions de ventes du groupes ayant dépassé les attentes même si elles seront en probable recul en 2020, après un deuxième trimestre pénalisé par le coronavirus.
Brent, WTI et euro au plus haut depuis début mars
Les cours du pétrole sont en hausse grâce aux espoirs de développement d'un vaccin contre le coronavirus, avec les résultats encourageants de deux nouveaux projets lundi, l'un développé par l'unversité d'Oxford en partenariat avec AstraZeneca et l'autre mené à Wuhan (Chine) par des chercheurs de plusieurs organismes. À 13h40, le baril de Brent s'adjuge ainsi 3,10% à 44,62 dollars, un sommet depuis le 8 mars dernier. L'autre référence mondiale, le "light sweet crude" texan (WTI) l'imite et s'échange à 42,16 dollars, en hausse de 2,98% par rapport à la veille.À l'annonce d'un accord sur le plan de relance de l'Union européenne, la monnaie unique a touché un plus haut depuis le 9 mars, à 1,1469 dollar, avant d'effacer son avance, à 1,1445 dollar (+0,01%) à 13h45.