(BFM Bourse) - Revenu à plus de 7000 points la veille après 4 semaines consécutives dans le rouge, le marché parisien reste bien orienté ce mardi, faisant fi de la nouvelle poussée des rendements souverains après les commentaires de Christine Lagarde. Les opérateurs sont par ailleurs occupés à trier les résultats annuels.
Volatil mais de nouveau haussier, le marché parisien évolue encore dans le vert ce mardi à la mi-journée. Au lendemain d'un gain de 0,81% qui faisait suite à un 4e recul hebdomadaire consécutif -à mettre sur le compte du changement de ton de la BCE vis-à-vis de l'inflation-, le CAC 40 ajoute 0,15% à 7.020,10 points vers 13h00, après avoir ouvert légèrement dans le rouge puis pris jusqu'à 1,1% peu avant 11h.
"Les indices européens devraient ouvrir sans réelle tendance ce matin" pronostiquait John Plassard, spécialiste des investissements chez Mirabaud dans sa note matinale, les investisseurs tentant selon lui "de digérer les derniers commentaires de Christine Lagarde qui laissent penser qu’une accélération de la normalisation monétaire en zone euro n’est pas si improbable que cela". "Pour preuve, le rendement du 10 ans allemand a touché un plus haut de plus de 2 ans" lundi, à près de 0,25% - alors qu'il évoluait, pour rappel, en territoire négatif jusqu'à la semaine dernière, observe-t-il.
Christine Lagarde tend les marchés obligataires
Lors d'une audition au Parlement européen ce lundi, Christine Lagarde a tenté de rasséréner les investisseurs en affirmant qu'il n'était pas nécessaire de procéder à un resserrement important de la politique monétaire, l'inflation étant selon elle amenée à se stabiliser autour de la cible de la BCE de 2% - des propos jugés moins "hawkish" que ceux de jeudi dernier, lorsqu'elle n'avait pas totalement exclu un relèvement des taux en 2022.
Pour Carsten Brzeski, responsable de la recherche macroéconomique chez ING, Christine Lagarde a ainsi "essayé de remettre le génie faucon dans sa lampe ("put the hawkish genie back into the bottle" dans le texte, NDLR) après une réévaluation agressive des marchés suite à la dernière réunion de la BCE". "L'absence de changement de ton (Christine Lagarde a répété qu'elle se tenait prête à utiliser "tous les outils à sa disposition, NDLR) face à une revalorisation significative des marchés de taux est en soi un signal important." juge pour sa part Frédéric Ducrozet, stratégiste chez Pictet Wealth Management. Force est de constater que la patronne de l'institution monétaire n'a pas apaisé l'ensemble des craintes des opérateurs, l'écart entre les coûts d'emprunt italiens et allemands à 10 ans -ou "spread", une mesure clé de la tension sur les marchés obligataires de la zone euro- a bondi à plus de 1,63 point de pourcentage, un niveau inédit depuis juillet 2020.
Occupés ce mardi à éplucher les résultats annuels, les opérateurs vont progressivement reporter leur attention vers la publication, ce jeudi, de l'indice des prix à la consommation (CPI) en janvier aux Etats-Unis, première des "3 dates qui vont changer le monde (monétaire)" dans les 30 prochains jours d'après John Plassard - avec les CPI de la zone euro et des Etats-Unis de février 2022 les 2 et 10 mars prochains. "Rarement (jamais) des mois de février et mars n’auront été aussi importants pour des décisions de politique monétaire. Des statistiques de l’inflation largement en-dessous ou au-dessus des attentes pourraient faire basculer les anticipations de hausse de taux" - et dicter l'évolution de la politique monétaire des banques centrales.
Salve de résultats
En attendant ces indicateurs, les investisseurs parisiens trient donc une nouvelle vague de publications, au premier rang desquelles on trouve celle de la première banque de la zone euro BNP Paribas. Cette dernière a dévoilé des bénéfices annuels records à près de 10 milliards d'euros mais son plan stratégique à horizon 2025 peine à convaincre le marché. Après une ouverture en baisse de 4%, le titre revient néanmoins à proximité de l'équilibre vers 12h40 (-0,4%). Renault avant de son côté de 1,4% alors que son partenaire Nissan a relevé sa prévision annuelle de bénéfice opérationnel. EDF lâche pour sa part 2,3% après un nouvel ajustement à la baisse de sa production nucléaire annuelle.
Au sein du CAC, ArcelorMittal -qui publiera ses résultats jeudi avant-Bourse- domine encore le palmarès (+2,7%), suivi par Axa (+2,6%), qui profite d'un relèvement de conseil à "surperformance" de Morgan Stanley. Quelques valeurs de croissance subissent en revanche les tensions sur les taux, notamment Dassault Systèmes (-2,8%), Worldline (-2,6%) et Eurofins (-1,6%).
Après un début d'année difficile, le titre Spie (spécialisé dans les services pour l'énergie et les communications) grappille 0,8% à l'annonce d'une prise de participation de 5% par le fonds Lac1, géré par Bpifrance.
Sur le reste de la cote, le constructeur français de maisons individuelles Hexaom cède 5,1% sur fond de prises de bénéfices au lendemain d'un bond de 6,5% en anticipation de sa publication annuelle, ayant révélé des revenus en ligne avec les attentes, flirtant avec le milliard d'euros. Le spécialiste des systèmes de conduite à destination des véhicules autonomes Navya a limité l'érosion de ses revenus grâce à la progression des services en 2021, le titre évolue à l'équilibre ce mardi à la mi-journée. We.Connect lâche enfin 5,2% après une fin d'année difficile pour le groupe spécialisé dans la conception et la fabrication d’accessoires et produits électroniques, qui déplore une chute de 15,2% de ses revenus au second semestre à 107,3 millions d'euros.
Les tarifs pétroliers refluent ce mardi, les opérateurs surveillant les négociations sur le nucléaire iranien qui pourraient permettre à Téhéran de remettre du pétrole sur le marché alors que les craintes sur l'offre ont poussé le brut à de nouveaux sommets depuis 2014 ce lundi. Le baril de Brent rend 1,9% à 90,8 dollars. Sur le Forex, la monnaie unique rétrocède 0,14% face au billet vert à 1,1426 dollar à 13h.