(BFM Bourse) - Moins d'un mois après son avertissement du 13 janvier, EDF révise à nouveau vers le base son estimation de production nucléaire pour 2022. Les investisseurs continuent à délaisser le titre.
À la suite d'une première révision en baisse de son estimation de production nucléaire pour l'année en cours, en raison du prolongement de la durée d’arrêt de cinq réacteurs du parc français d’EDF, l'opérateur public d'électricité procède à un nouvel ajustement, moins brutal toutefois que celui du 13 janvier dernier. Reste que la nouvelle n'est évidemment pas favorable et le cours de Bourse faiblit une nouvelle fois, reculant de 2,93% à 8,136 euros vers 09h30 mardi. Ce qui en l'état rapproche EDF de son dernier plancher annuel atteint en clôture à 8,14 euros le 24 janvier dernier. Depuis le début de l'année, l'action est en repli de près de 23%.
Jeudi 13 janvier dernier, le groupe EDF avait prévenu que son estimation d'une production nucléaire de 330 à 360 TWh (terawatt-heure, 1 TWh valant 1 milliard de kilowatt-heure) pour 2022 ne serait pas atteinte du fait de la nécessiter de prolonger l’arrêt des réacteurs de Civaux 1, Civaux 2, Chooz 1, Chooz 2 et Penly 1. L'estimation avait alors été ramenée à une fourchette de 300 à 330 TWh.
Finalement, toujours dans le cadre de son programme de contrôles sur le parc nucléaire, l'entreprise resserre à nouveau sa prévision vers le bas, anticipant désormais 295 à 315 TWh. De plus, EDF prévient que l’estimation pour 2023, actuellement de 340 à 370 TWh, sera elle ajustée "dès que possible".
Une "opération économiquement absurde"
Par ailleurs, le ministre de l'Economie a réitéré qu'il était "juste et naturel qu’EDF participe aussi à l’effort" pour limiter l'impact de la flambée des prix de l'énergie auprès des ménages. "Tout le monde doit participer à cet effort pour protéger les Français et les entreprises contre ces augmentations", a répété Bruno Le Maire sur France Inter. En pratique, l’Etat français donne à l'entreprise qu'il contrôle l'ordre de vendre son électricité à ses concurrents à un prix entre 42 et 46,2 euros le mégawatt/heure, alors que les tarifs du négoce sont de l'ordre de 300 euros.
"Du point de vue d’EDF, cette opération est économiquement absurde et aucune entreprise privée ne pourrait y faire face sans perdre tout crédit auprès des investisseurs. En 2022, les montants offerts par EDF à ses concurrents et aux ménages seront d’environ 8 milliards d’euros, impactant directement l’Ebitda de l’entreprise, ses dividendes, ses ratios de crédit, déjà de qualité médiocre pour un opérateur électrique national", note Octo AM, une société de gestion spécialiste de l'obligataire.
Au plan financier, Octo AM anticipe une diminution de 35 à 45% de l'Ebitda du groupe et un déficit de cash flow qui pourrait atteinte -8 à -10 milliards d'euros par an, contre -2,7 milliards en 2021. "Déficit qu’il faudra bien financer par de nouvelles dettes, dont le coût devrait être plus élevé, ce qui augmentera encore le déficit. [...] Si la liquidité de l’entreprise est encore confortable, avec près de 18 milliards d’euros, ces conséquences sont très significatives".
"Comme pour d’autres entreprises publiques, la prime est à la réflexion à court terme et chacun sait qu’EDF, continuant sur la route du cash-flow négatif, de la faible rentabilité et du soutien d’Etat finira comme SNCF, Areva ou Air France…", conclut Octo AM pour qui EDF est "une entreprise à éviter pour la plupart des investisseurs, actionnaires en tête". "Un créancier pourra probablement, in fine, compter sur le soutien de l’Etat, mais les rendements actuels sont encore beaucoup trop bas pour se positionner sur un tel scenario", puisque malgré la ponction de l’Etat l'entreprise n'emprunte encore qu'à environ 1% de rendement à 10 ans.
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