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Marché : Rihanna, Oasis, The Doors, Taylor Swift… Quand les experts boursiers citent les plus grands artistes musicaux dans leurs analyses

Aujourd'hui à 06:00
Le groupe Oasis, lors d'un concert à New York en septembre

(BFM Bourse) - Les spécialistes de marché, tels que des analystes financiers, des gérants ou des stratégistes, ont parfois tendance à égayer leurs notes de références musicales plus ou moins appuyées. BFM Bourse a compilé quelques exemples.

Le monde de la Bourse (et de la finance en règle générale) peut sembler austère avec son jargon parfois déroutant. Nos confrères de Quotidien s'amusent d'ailleurs régulièrement à réaliser des vidéos énumérant des termes techniques prononcés à l'antenne de BFM Business (notamment dans BFM Bourse) pour nous taquiner.

Les experts de marché restent néanmoins et avant tout des êtres humains, parfois mélomanes. Il leur arrive ainsi d'égayer leurs notes de recherche de références musicales de façon plus ou moins explicites.

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"Riders on the storm" dans le luxe

Le 18 octobre dernier, Barclays avait intitulé une note consacrée aux perspectives économiques des États-Unis "The dark side of the moon" comme le très célèbre album des Pink Floyd (1973). La banque britannique soulignait qu'avec le "shutdown" aux États-Unis et donc la fermeture de plusieurs services administratifs, de nombreux indicateurs économiques, indispensables pour déterminer la bonne santé de l'activité économique, n'étaient plus publiés. Barclays évoquait alors un "terrain inconnu". Comme la face cachée de la lune donc.

Plus récemment encore, dans une note publiée début décembre, les analystes du secteur automobile de Bank of America expliquent que les motorisations thermiques ("ICE" pour "Internal combustion engine" en anglais) seront portées par des assouplissements de régulation en matière d'émissions de Co2 en Europe et aux États-Unis. Ce qui soutiendra la rentabilité des constructeurs, les ventes de véhicules thermiques étant bien mieux margées que celles des électriques.

Bank of America a alors l'idée de titrer sa note "ICE, ICE, baby", une référence à la célèbre chanson éponyme de 1990 du rappeur américain Vanilla Ice.

Citons aussi, les analystes du secteur du luxe de HSBC, qui avaient titré une note d'avril 2022 "West side stories" en référence à la célèbre comédie musicale américaine "West side story" des années 50, elle-même inspirée de "Roméo et Juliette" de Shakespeare. La banque expliquait que quand bien même des pressions s'observaient sur la jeune clientèle aux États-Unis, le marché du luxe restait encore émergent, avec d'importants recrutements de nouveaux clients à la clef.

En septembre 2023, ces mêmes analystes publiaient une note intitulée "Riders on the storm" en référence, cette fois, à une célèbre chanson du groupe britannique The Doors. HSBC évoque alors cette fois la tempête que subit le secteur du luxe, jugeant toutefois qu'elle s'avère passagère.

Des Beach Boys à Rihanna en voiture

Une autre note, elle, fourmillait de références à la musique. En septembre 2024, Stephen Reitman, analyste de Bernstein en charge du secteur automobile européen, et ses équipes, publient une note de recherche thématique. Reitman s'interroge alors sur l'avenir de l'automobile chez les jeunes (plus exactement chez la génération Z). Et sur leur supposé manque d'enthousiasme pour l'achat d'une voiture, à l'heure où les applications de covoiturage et de location de vélo électriques pullulent. L'analyste conclut (pour résumer simplement) que les jeunes finiront par conduire un véhicule mais à un âge plus tardif que leurs aînés.

Dans le propos liminaire de sa note, Stephen Reitman cite quatre chansons ou album: "Little Deuce Coup", un album des Beach Boys (1963), "Drive My Car" (1965), la chanson d'ouverture de l'album "Rubber Soul" des Beatles, "Fast Car", chanson interprétée par Tracy Chapman en 1988, et "Shut up and drive" de Rihanna (2007).

"Ce que ces chansons de différentes générations ont en commun, ce sont les notions de liberté, d'indépendance et même de rébellion que procure l'automobile", explique alors l'analyste.

Stephen Reitman rappelle que pour les baby boomers (sa génération), cette idée d'évasion était forte au point que l'idée de ne pas passer le permis dès l'âge de 17 ans "semblait absurde", quand bien même acheter une voiture était hors de moyen.

"En nous inspirant une fois de plus des Beach Boys, 'nous voulions nous amuser, nous amuser, nous amuser, jusqu'à ce que papa nous retire la T-Bird' (ce sont les paroles de la chanson 'fun, fun, fun' des Beach Boys', cette fois, NDLR). Ou dans mon cas, la marque familiale Austin, aujourd'hui disparue", écrivait encore l'analyste.

Tout ceci pour évoquer le contraste avec ses deux filles. Son aînée n'a jamais appris à conduire tandis que la seconde conduira avant ses trente ans (enfin c'est ce qu'il espère). "Nos jours en tant que chauffeurs à temps partiel pour nos enfants ou en tant que seuls détenteurs des clés de la voiture pourraient bien être révolus plus tôt que nous ne le pensons", poursuit-il un peu plus loin, dans une conclusion assez touchante et non sans humour.

De l'humour, Jim Reid en a à revendre. Le stratégiste, à la tête de la recherche macroéconomique et thématique de Deutsche Bank, publie chaque jour une note matinale sur les grandes tendances de marché et les principales informations à avoir en tête.

Au début de cette note quotidienne, le spécialiste a souvent tendance à partager en quelques mots des moments de sa vie, comme son parcours lors d'une compétition de golf. En octobre 2023, il indique que sa femme s'apprête à célébrer son 50e anniversaire. Pour l'occasion, il a réservé un hôtel "ridiculement cher" à Londres, le samedi, avec théâtre, dîner et nuit à l'hôtel sans les enfants. "Puis dimanche, elle va voir Madonna en concert à l'O2 Arena, alors qu'elle commence sa tournée mondiale (Madonna, pas ma femme)'", ajoute-t-il.

L'indice Oasis de Deutsche Bank

En février, il raconte avoir vu un film documentaire ("Searching for Sugar Man") qui raconte l'histoire d'un artiste américain, Sixto Rodriguez. Ce dernier s'est rendu compte, à sa grande surprise, que sa musique avait percé en Afrique du Sud où il a rencontré un succès plus important que celui d'Elvis Presley.

"Cela m'a convaincu que mon ancien groupe, Vapour Trail, pourrait être plus important que les Beatles, par exemple en Corée du Nord. J'ai bon espoir", écrit-il alors.

Le 4 juillet dernier, l'expert de marché avait publié un "indice Oasis". Oasis, le célèbre groupe de rock britannique, s'apprête alors à débuter sa tournée mondiale marquant la réunion des frères ennemis Noel et Liam Gallagher, après 16 années de brouille. Les frangins de Manchester jouent le soir même à Cardiff, au Pays de Galles.

L'"indice Oasis" est un clin d'œil à la chanson "Cigarettes and alcohol" du groupe, extrait de leur premier album "Definitely Maybe" (1994), un hymne à l'hédonisme parfois considéré comme le morceau le plus révélateur de leur attitude "rock n' roll".

L'"Oasis index" répertorie les 25 villes où acheter de la bière (pour l'alcool) et des cigarettes coûte le plus cher (en référence donc à la chanson). Jim Reid et ses collègues retiennent un panier de cinq bières et deux paquets de cigarettes. Pour l'anecdote, quatre villes australiennes (Sydney, Melbourne, Wellington et Auckland) dominent ce classement, juste devant Londres, en raison de la très lourde fiscalité des produits du tabac en Australie.

Jim Reid fait référence à pas moins de cinq autres chansons du groupe dans sa note accompagnant le graphique ("'Married with children", "Don't look back in anger", "Live forever", "Slide away" et "What's the story morning glory"). "Enfin, si vous allez à Cardiff pour voir le début de la tournée ce soir, je suis très jaloux... profitez-en", conclut Jim Reid.

Taylor Swift, la Nvidia de la musique

L'artiste musicale que nous voyons probablement le plus souvent cité dans des notes d'analystes reste toutefois Taylor Swift. Bank of America avait ainsi consacré une note à la chanteuse en mai 2024. Ou plus exactement à son impact pour sa maison de disques, Universal Music Group, qui est cotée à la Bourse d'Amsterdam. La banque concluait que la chanteuse américaine ne représentait pas plus de 2 à 3% des revenus de la société.

En août 2024, Barclays titre une note sur l'inflation britannique du mois précédent "shaking it off", référence au célèbre morceau "Shake it off" de Taylor Swift. Et souligne que les prix des tarifs hôteliers de juin avaient été gonflés par le volet britannique de la tournée mondiale de la star.

Goldman Sachs, de son côté, avait sous-titré ses perspectives 2024 pour les actions américaines "All you had to do was stay", référence explicite à une autre chanson de la popstar. "Les gestionnaires de portefeuille regarderont en arrière et se rendront compte que la meilleure stratégie d'investissement pour 2024 était de suivre les conseils de Taylor Swift dans la chanson de son album 1989 : 'All you had to do was stay' - invested (Tout ce que tu avais à faire, c'était rester - investi")", écrivaient-ils.

Terminons par Alexandre Baradez, le chef de l'analyse de marché d'IG France, qui jugeait, en février 2024 sur BFM Business, que Nvidia était "la Taylor Swift du Nasdaq". Ce car l'action du fabricant de processeurs graphiques attire toute la lumière vers elle.

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