(BFM Bourse) - Le succès de la chanteuse américaine, qui achève ce samedi une série de quatre concerts à Paris, est vertigineux. Mais elle ne pèse finalement pas tant que cela dans les revenus de sa maison de disques Universal Music Group, cotée à Amsterdam.
A moins d'avoir vécu dans une grotte (et encore), vous savez certainement que la chanteuse américaine de 34 ans, Taylor Swift, a publié un nouvel album, le 19 avril dernier. La petite fiancée de l'Amérique achève d'ailleurs ce samedi une série de quatre dates de concerts à Paris.
Beaucoup a été écrit sur l'impact économique et l'immense popularité de l'interprète de "love story" ou "bad blood". Les répercussions de ses concerts sur la consommation avaient par exemple été mentionnées par le président de la Réserve fédérale (Fed) de New York, John Williams.
Plus récemment, la société de transport de bus Flixbus a constaté un récent surcroît d'activité lié aux concerts parisiens de la chanteuse. Invité régulier de BFM Bourse, Alexandre Baradez, de IG France, avait estimé que le fabricant de processeurs graphiques Nvidia était la "Taylor Swift de la Bourse".
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Un bolide pour l'écurie UMG
C'est dire l'influence de la jeune Américaine qui appartient à l'écurie Universal Music Group (UMG). L'ex-filiale de Vivendi, cotée depuis fin 2021, avait en effet racheté en 2000 Republic Records, label sous lequel Taylor Swift publie ses disques depuis 2018.
Pour UMG, compter la chanteuse de Pennsylvanie dans ses rangs s'avère certainement important, ne serait-ce qu'en termes de notoriété. Mais d'un point de vue purement financier et boursier, l'impressionnante activité de la chanteuse ne semble pas faire la pluie et le beau temps chez la maison de disques.
Depuis la sortie de l'album de la chanteuse, "The Tortured Poets Department", le 19 avril dernier donc, l'action UMG a pris certes 7% (*). Mais cette hausse s'est faite par petites touches. Et la plus forte progression sur une seule séance (+3,6%) le 3 mai s'expliquait surtout par des résultats du premier trimestre supérieurs aux attentes, notait Deutsche Bank, avec notamment un résultat brut d'exploitation (Ebitda) dépassant de 4% le consensus. Difficile d'y voir donc un quelconque impact de la sortie de l'album de la chanteuse, qui selon les données de Luminate (Nielsen) citée par Reuters, aurait généré 2,6 millions de ventes d'albums (streaming à la demande inclus), lors de sa première semaine.
En réalité, l'importance financière de Taylor Swift pour UMG, sans être négligeable, ne s'avère pas non plus stratosphérique. Bank of America avait consacré toute une note sur le sujet fin avril. Selon elle, Taylor Swift a un impact mais seulement dans une certaine mesure.
Un poids limité dans les revenus
UMG ne livre pas dans ses rapports annuels le poids des différents artistes sur ses revenus. Toutefois, dans son prospectus d'introduction en Bourse , le groupe musical écrivait la chose suivante.
"UMG ne dépend pas d'un seul artiste, ou d'un petit nombre d'artistes, pour générer des revenus au cours d'une année donnée. En fait, aucun artiste n'a représenté plus de 1%, et les 50 premiers artistes n'ont représenté que 23% du chiffre d'affaires d'UMG pour la musique enregistrée en 2020", soulignait-elle. Dans son dernier rapport annuel, celui de 2023, le groupe précise juste que le "top 50" représente désormais 24% de ses revenus.
Prudemment, Bank of America estime que Taylor Swift ne pèse pas plus de "2% à 3%" des revenus d'Universal Music Group.
Au-delà des revenus, l'établissement américain explique que Taylor Swift dope moins les finances du groupe que d'autres artistes. "Sa rentabilité est probablement inférieure à celle des autres artistes d'UMG, car il est entendu qu'elle est propriétaire de ses 'master recordings' (enregistrements originaux, NDLR) et qu'elle a donc droit à une part de royalty plus importante", explique Bank of America.
"Elle a également tendance à être surreprésentée sur les supports physiques, où les marges d'UMG sont habituellement plus faibles. Par exemple, en 2022, l'album 'Midnights' représentaient 0,2% du volume global du streaming audio aux États-Unis, mais 1,8% de l'ensemble des ventes physiques", poursuit Bank of America.
In fine, le nouvel album de Taylor Swift ne bouleversera guère la donne chez UMG, selon la banque.
"L'impact sur la croissance du streaming et sur les résultats annuels globaux (d'UMG) devrait être minime", tranche Bank of America. "Nous considérons qu'il s'agit d'un point fort de l'histoire (boursière NDLR d'UMG)": elle est "de moins en moins axée sur les hits et moins dépendant d'un seul artiste que perçu, ce qui justifie un re-rating (une appréciation des multiples boursiers)", fait valoir l'établissement américain.
(*) La variation du cours a été arrêtée jeudi soir après la clôture du marché parisien.