(BFM Bourse) - Les marchés chinois commencent l'année 2025 sur une note terne, sous pression après la publication d'une statistique mitigée sur l'activité manufacturière en décembre. La perspective d'une montée en puissance des tensions commerciales entre Washington et Pékin entretient aussi ce climat de défiance.
Les places boursières chinoises ont pris leur revanche en 2024 après avoir enchaîné les baisses ces dernières années. L'indice CSI 300, qui regroupe les plus importantes capitalisations des bourses de Shenzhen et de Shanghai, a progressé de 14,7% l'an dernier, tandis que l'indice Hang Seng de Hong Kong a rebondi de 17,7%, mettant fin à quatre années consécutives de pertes.
Les autorités du pays avaient décidé de prendre plusieurs dispositions pour soutenir une économie chinoise en berne et redonner du pouvoir d'achat aux ménages. Ces initiatives avaient alors profité aux actions chinoises sur la dernière partie de l'année 2024.
"Nous devons approfondir la réforme, développer l'ouverture à haut niveau, mieux coordonner le développement et la sécurité, (et) mettre en œuvre des politiques macroéconomiques plus proactives et plus efficaces", a déclaré mardi le président Xi Jinping lors d'une réception officielle du Nouvel An, selon des médias officiels repris par l'AFP.
Pire début d'année depuis 2016
Mais pour autant, en ce début d'année 2025, l'humeur est à la morosité. Les investisseurs de l'empire du Milieu ont fait grise mine ce jeudi, après la publication de données inférieures aux attentes sur l'orientation du secteur manufacturier chinois pour le mois de décembre.
L'indice PMI manufacturier calculé par Caixin/S&P Global s'est en effet contracté d'un point en décembre, à 50,5 points contre 51,5 points au mois de novembre. Ce qui constitue une déception, le marché attendait une progression à 51,7 points pour le mois écoulé, mais reste cependant au-dessus du seuil de 50 points qui sépare contraction et expansion de l'activité. La Chine se débat toujours avec une demande domestique atone et un secteur de l'immobilier en crise.
Et sur les marchés, ces chiffres décevants sont fraîchement accueillis. L'indice Hang Seng China Enterprises Index commence l'année sur une très mauvaise note, avec un repli de 3,14% Il s'agit d'un signal négatif, l'indice Hang Seng China Enterprises Index servant en effet de référence pour refléter la performance globale des titres de la Chine continentale cotés à Hong Kong.
De son côté, l'indice de référence chinois CSI 300, qui regroupe les actions cotées à Shanghai et à Shenzhen, s'est replié de 2,9% ce jeudi à 3.820,40 points, et consigne son pire début d'année depuis 2016, remarque Bloomberg.
Des facteurs techniques et une crainte sur les droits de douane
Cette baisse a aussi été exacerbée par des facteurs techniques. "La forte baisse du CSI 300 au cours de la dernière séance de 2024 a également fait passer l'indice sous la moyenne mobile à 60 jours, un seuil technique très surveillé, ce qui a probablement entraîné de nouvelles ventes de la part de certains fonds", explique également Bloomberg.
"Il est un peu troublant que les investisseurs commencent la nouvelle année sur un mode prudent, car cela se produit après des signaux de relance plus clairs de la part de Pékin lors de ses réunions politiques de décembre" a déclaré à Bloomberg Homin Lee, stratégiste macroéconomique senior chez Lombard Odier.
Outre ces inquiétudes sur la reprise économique du pays, la perspective d'une hausse des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ravive également les craintes des investisseurs.
Rappelons que le président-élu américain Donald Trump, qui sera investi le 20 janvier prochain a déclaré dès son élection, vouloir renforcer les droits de douane sur les importations chinoises.
"Beaucoup évitent une trop grande exposition aux actions [chinoises] avant l'investiture de Trump, qui est proche des vacances du Nouvel An lunaire", a indiqué à Bloomberg Liu Dejun, gestionnaire de fonds à Beijing Kaiyuan Private Fund Management Co.
A la Bourse de Paris, les valeurs du luxe, très exposées à l'économie chinoise, accusent elles aussi le coup. Hermes cède 2,9%, Kering redonne 2,7% et LVMH se replie de 2,2%.