(BFM Bourse) - La série de mesures de relance annoncées par la Chine la semaine dernière, marquent selon Janus Henderson, le passage du contrôle de la dette au soutien de la croissance. Ce changement de paradigme pourrait être le catalyseur nécessaire pour restaurer la confiance et débloquer la valeur sur les marchés chinois, estime la société de gestion.
La semaine dernière, la Chine a annoncé une série de mesures destinées à soutenir l'économie et atteindre l'objectif de croissance de 5% en 2024. L'urgence de relancer le secteur immobilier, en perdition depuis trois années, a été soulignée par le pouvoir chinois.
Les marchés boursiers n'ont pas été insensibles à l'annonce de ces diverses mesures de relance. Dont les principaux concernés, à savoir les marchés chinois. Le CSI 300 - qui regroupe les plus importantes capitalisations des bourses de Shenzhen et de Shanghai - a bondi de 16% en une semaine, sa plus forte progression hebdomadaire depuis 2008, rappelle Victoria Mio, responsable des actions Chine chez Janus Henderson.
"Après l'annonce des politiques, l'humeur générale des investisseurs est passée du scepticisme à l'optimisme, car ils s'attendaient à ce que les mesures soutiennent la croissance économique et puissent potentiellement conduire à une reprise soutenue du marché", note Victoria Mio.
Cette fois-ci pourrait être différente
La Chine n'en est pas à son coup d'essai. Les autorités du pays avaient déjà annoncé en avril dernier, des mesures de relances avec l'émission d'obligations d'État spéciales à long terme. Mais elles n'ont "pas réussi à créer un élan durable", rappelle Victoria Mio. Pour autant, la spécialiste estime qu'il existe cette-fois ci des "raisons probantes" de penser que ces mesures fonctionneront.
La spécialiste cite un environnement extérieur plus favorable, et évoque à ce titre la baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine en septembre. Selon Janus Henderson, cet assouplissement a créé un environnement plus favorable à la mise en œuvre de mesures de relance par les décideurs chinois, "réduisant ainsi les craintes de fuite des capitaux ou de dévaluation de la monnaie".
En ce qui concerne la Chine plus spécifiquement, la détérioration de la consommation et du marché a atteint un tel stade, selon Victoria Mio, que les décideurs politiques ont considéré qu'il était nécessaire de prendre des mesures décisives. "Cette urgence est évidente au vu de la réunion décalée du Politburo (la semaine dernière) et du langage inhabituellement explicite utilisé dans les déclarations de politique générale", avance la spécialiste.
"Contrairement aux initiatives précédentes, les mesures portent non seulement sur la politique monétaire, mais aussi sur les défis du secteur immobilier, la stabilité des marchés boursiers et la confiance des consommateurs. D'autres mesures pourraient être annoncées dans les semaines à venir", poursuit-elle.
Quelles implications pour les investisseurs?
Pour Janus Henderson, ce changement de politique initié par la Chine mettra en lumière quelques éléments clés à prendre en compte par les investisseurs.
La société de gestion avance des opportunités en termes de valorisation, avec des actions chinoises qui se négocient actuellement à des prix attrayants. Elle rappelle que l'indice MSCI China affiche un ratio cours sur bénéfice à 12 mois d'environ 10,3 (au 30 septembre 2024), "ce qui en fait l'un des marchés les moins chers au monde".
"Il s'agit donc d'un point d'entrée unique pour les investisseurs à la recherche de rendement sur un marché doté d'un potentiel de croissance substantiel", signale Janus Henderson
Aussi, la faible corrélation de la Chine avec les autres marchés mondiaux, en particulier pendant les périodes de volatilité des marchés mondiaux est un atout pour la société de gestion, et "en fait une excellente option de diversification pour les investisseurs".
"Avec les nouvelles mesures de relance budgétaire attendues, la Chine pourrait potentiellement surperformer les autres marchés développés et émergents au cours des prochains trimestres", s'attend aussi Janus Henderson.
En termes de secteurs, la société de gestion estime que les récentes annonces ont créé une dynamique positive dans des compartiments tels que la technologie, la consommation, l'immobilier, les matières premières, les soins de santé et les services financiers. Plus globalement, les entreprises de haute qualité ayant des fondamentaux solides sont susceptibles de bénéficier le plus de l'augmentation des liquidités et des politiques de soutien.
L'enjeu de la présidentielle américaine
"Le dernier plan de relance marque un tournant pour la trajectoire économique du pays et les marchés boursiers. Alors que les investisseurs mondiaux recherchent la stabilité dans un contexte d'incertitude, la décision du gouvernement chinois de passer du contrôle de la dette au soutien de la croissance pourrait être le catalyseur nécessaire pour restaurer la confiance et libérer de la valeur sur les marchés chinois", conclut Victoria Mio.
Dans une note publiée cette semaine, la banque UBS s'est également dite optimiste pour la suite sur les marchés chinois, notamment parce que la banque suisse table sur des soutiens budgétaires et monétaires supplémentaires de la part des autorités chinoises.
"Dans l'ensemble, nous sommes plus optimistes qu'au début de la semaine dernière, grâce à une meilleure coordination des politiques et à une plus grande détermination (des autorités chinoises, NDLR) mais nous pensons que la trajectoire dépendra du niveau relatif de soutien budgétaire, de l'exécution des politiques et des achats sur les marchés de capitaux", explique l'établissement helvétique.
UBS table voit un potentiel de "hausse à un chiffre", soit entre 1% et 4%, pour les indices chinois au quatrième trimestre mais ensuite à "un chiffre élevé", soit entre 5% et 9%, pour 2025. Un potentiel qui dépendra toutefois du résultat de l'élection américaine du mois prochain, prévient la banque suisse.
En terme de secteurs, elle privilégie les acteurs chinois de l'internet, la consommation, des télécoms, de l'énergie et du secteur financier. Au-delà de la Chine, les groupes miniers australiens (comme Rio Tinto) et les grands noms européens du luxe pourraient bénéficier d'un redressement de la conjoncture chinoise, explique-t-elle.