(BFM Bourse) - La banque centrale du pays a décidé de prendre plusieurs dispositions pour soutenir une économie chinoise en berne et redonner du pouvoir d'achat aux ménages. Les groupes de luxe et de spiritueux progressent nettement en Bourse à la suite de ces annonces.
Depuis de longs mois, le marché attend que les pouvoirs publics chinois mettent les grands moyens pour relancer une économie en perte de vitesse. Les derniers indicateurs publiés la semaine dernière, que ce soient les ventes de détail ou la production industrielle, ont encore confirmé que la conjoncture chinoise ralentissait.
"Les données macroéconomiques récentes de la Chine se sont détériorées, ce qui remet en question la capacité de l'économie à atteindre son objectif de croissance du PIB de 5% pour 2024. L'économie continue de souffrir d'une crise immobilière avec la détérioration des prix des logements neufs, une confiance des consommateurs en berne, une économie déflationniste, des indices PMI indiquant une contraction et des dépenses modérées", rappelle Royal Bank of Canada.
Les autorités chinoises ont finalement décidé d'agir avec un premier électrochoc ce mardi. La Banque populaire de Chine, la banque centrale du pays, a annoncé une série de mesures de soutien à l'économie. L'institution a réduit un taux directeur de court terme à 0,2% contre 0,25% précédemment et a également abaissé d'un demi-point de pourcentage le taux de réserves obligatoires, c'est-à-dire les réserves que les banques commerciales doivent déposer auprès de la banque centrale.
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Relancer l'immobilier
Ces mesures libéreront des liquidités qui permettront aux banques de davantage prêter aux entreprises et aux ménages pour affermir la conjoncture. Selon le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Pan Gongsheng, cité par l'AFP, la baisse du taux de réserves obligatoires injectera environ 1.000 milliards de yuans dans l'économie, soit environ 130 milliards d'euros.
D'autres dispositions visent à relancer plus spécifiquement le secteur immobilier, qui souffre depuis maintenant trois années en Chine. Une baisse de 0,5 point de pourcentage sur les crédits hypothécaires existants a été annoncée et le niveau minimum d'acompte sur l'achat d'une seconde maison a été réduit.
Pan Gongsheng, a par ailleurs indiqué, selon Bloomberg , que la banque centrale fournirait environ 800 milliards de yuans de liquidités aux courtiers pour soutenir les marchés actions, soit 103 milliards d'euros. La mise en place d'un fonds de stabilisation du marché est également à l'étude, a-t-il ajouté.
Ces dispositions restent, pour l'instant, ciblées. "Bien que ces mesures de relance soient les bienvenues, elles ne constituent pas un 'bazooka'", juge Royal Bank of Canada.
Mais ces mesures ont le mérite de se focaliser sur l'immobilier et les marchés actions, deux piliers importants pour le patrimoine des Chinois. Analyste chez le bureau d'études Alphavalue, Jie Zhang expliquait l'an passé à BFM Bourse que l'immobilier représentait 70% de la richesse des ménages chinois.
"Nous nous attendons à ce que les valeurs que nous couvrons réagissent positivement à l'assouplissement des conditions de la politique monétaire chinoise. En particulier, notre couverture du secteur du luxe, dont l'exposition moyenne (à la Chine) est de 27% au niveau des revenus", a expliqué Royal Bank of Canada, dans une note publiée lundi matin.
Vers d'autres mesures?
C'est effectivement le cas: les groupes de luxe sont propulsés en Bourse par la Chine. Vers 10h30, Kering prend 5,8%, LVMH 4,5%, L'Oréal 3,9%, Hermès 4,4%. A Londres, Burberry s'adjuge 4,3% et à Zurich le propriétaire de Cartier, Richemont, gagne 4,3%. D'autres secteurs dépendants de la Chine, comme les spiritueux, sont bien orientés. Pernod Ricard avance de 2,7% et Rémy Cointreau de 3,9%.
"Certes, les mesures annoncées ce mardi ne sont pas exceptionnelles et restent limitées. Mais elles envoient un signal fort montrant que Pékin a à cœur de soutenir son économie. Et cela peut augurer d'autres annonces plus importantes. C'est cela que le marché achète aujourd'hui", juge un analyste spécialiste du luxe.
Les annonces de la Chine surviennent à un moment où le luxe déchante en Bourse, en raison d'une croissance qui ralentit fortement. Lundi, Bank of America a dressé des perspectives moroses pour le secteur, tablant sur un repli de 1% des revenus au second semestre 2024 et sur une croissance de seulement 3% en 2025, à des années lumières des chiffres que connaissait l'industrie il y a encore quelque temps.
La banque américaine mentionnait notamment à la détérioration de la vigueur de la consommation en Chine, qui avait été jusque-là le seul contributeur de croissance au premier semestre.
"Nous prévoyons que les dépenses chinoises dans le secteur du luxe diminueront de 1% au deuxième semestre 2024 et resteront stables en 2025, mais le risque est toujours orienté à la baisse (sur ses prévisions) compte tenu de la détérioration progressive de ces derniers temps", écrivait l'établissement américain.
"À ce stade, les consommateurs chinois ne dépensent pas, compte tenu de l'incertitude macroéconomique accrue et du peu de visibilité quant aux dépenses futures à l'étranger si les opportunités de prix favorables dans les pays voisins, tels que le Japon, disparaissent", explique, de son côté, la banque UBS, dans une note parue ce mardi.
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