(BFM Bourse) - Scindé du géant mondial de l’hygiène et de l'agroalimentaire Unilever, le groupe de crèmes glacés Magnum Ice Cream fait des premiers pas timides ce lundi 8 décembre à la Bourse d'Amsterdam.
Magnum Ice Cream a pris officiellement son indépendance ce lundi 8 décembre par le biais d'une entrée en Bourse.
Issue de la scission des activités de géant mondial de l’hygiène et de l'agroalimentaire Unilever, la société fait des débuts timides à la Bourse d'Amsterdam, progressant légèrement à 12,82 euros, vers 12h par rapport au prix de référence technique de 12,80 euros, retenu au titre de cette opération de scission-introduction.
La société dont la cotation principale est à Amsterdam fait aussi l'objet d'une cotation croisée à la Bourse de Londres et aussi à New York. À côté, Unilever cède 4,1% à 4.270 pence vers 12h, à la Bourse de Londres après cette opération de scission-introduction de Magnum Ice Cream.
Cette opération valorise Magnum Ice Cream 7,8 milliards d'euros à la Bourse d'Amsterdam et en fait de Magnum Ice Cream la plus grosse entreprise de crème glacée cotée sur les marchés financiers. Euronext précise qu'il s’agit de la plus importante entrée en Bourse de l'année 2025 de ses sept places réunies.
Une scission retardée à cause du "shutdown"
Cette cotation devait intervenir plus tôt, le 10 novembre mais elle a été retardée en raison du "shutdown", soit la paralysie des services fédéraux américains. Parmi ces services, la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis, soit le gendarme boursier américain qui était n'était pas en mesure d'attester de la déclaration d'enregistrement requise pour que l'action de The Magnum Ice Cream Company, soit cotée et négociée à la Bourse de New York.
Unilever a décidé de se séparer de sa division glaces été en mars 2024. Cette opération s'est inscrite dans une stratégie plus vaste de rationalisation du portefeuille d'activités d'Unilever. Le propriétaire des marques Dove ou Skip détient 400 marques dans plus de 190 pays, et expliquait l'an dernier donner plus de lisibilité à ses activités en vue de devenir une "entreprise plus simple et plus ciblée, opérant au sein de quatre groupes d'activités dans les domaines de la beauté et du bien-être, des soins personnels, des soins à domicile et de la nutrition".
Pour donner plus de lisibilité à ses activités, une entreprise-mère peut prendre la décision de séparer de branches d'activités et de les introduire en Bourse. Et c'est le choix qui a donc été privilégié par le géant Unilever, qui souhaite valoriser sa branche crèmes glacées en vue de "mieux exploiter" le potentiel de croissance futur" de cette activité, "en tant qu'activité autonome".
Le directeur général de Magnum, Peter ter Kulve, a déclaré lundi que la société avait franchi une "étape importante" et qu'elle serait "plus agile, plus concentrée et plus ambitieuse que jamais" avec cette introduction en Bourse.
L'ombre des médicaments anti-obésité
Magnum Ice Cream Company a déclaré en septembre à l'occasion d'une journée investisseurs prévoir une croissance organique moyenne de 3% à 5% par an à moyen terme, à partir de 2026.
Pour autant, le groupe doit faire face à plusieurs défis. Dans une note publiée en novembre, UBS rappelait une baisse constante de la consommation de crèmes glacées par habitant aux États-Unis, tout comme l'Allemagne, la France et, depuis la COVID, le Royaume-Uni, même si la croissance a repris en 2025 dans ce dernier pays.
Cette tendance a été amplifiée par les comportements des consommateurs qui optent désormais pour des produits plus sains et plus nutritifs. Surtout depuis l'essor des médicaments anti-obésité, GLP-1 qui ont des effets sur la satiété.
D'ailleurs une enquête UBS Evidence Lab menée auprès de 500 utilisateurs de GLP-1 à travers les États-Unis (répartis de manière égale entre les patients diabétiques et non diabétiques), a mis en avant qu'environ 60 % des personnes interrogées sous GLP-1 ont réduit leur consommation de crème glacée
"Une plus grande exposition au marché américain, où les médicaments GLP-1 ont le taux d'adoption le plus élevé, expose les entreprises à un risque plus élevé", ajoute le bureau d'études.
Magnum a d'ailleurs suggéré que ces facteurs pourraient coûter à l'entreprise environ un demi-point de pourcentage par an en termes de chiffre d'affaires, a déclaré à CNBC Russ Mould, directeur des investissements chez AJ Bell. , ajoutant que la direction pourrait proposer de nouveaux formats pour contrer cette tendance.
UBS est confiant dans la capacité de Magnum à innover et à reformuler ses produits pour qu'ils soient plus en adéquation avec les nouvelles attentes des consommateurs. "Nous pensons que Magnum Ice Cream est doué pour innover, puisqu'il tire déjà environ 40 % de ses ventes des innovations/reformulations des deux dernières années", avance le bureau d'études.
Magnum hérite aussi des tensions entre Ben & Jerry's et Unilever, dont les relations se sont détériorées au cours des dernières années. Le bureau d'études rappelle que les tensions entre Ben & Jerry's et Unilever ont commencé en 2021, lorsque Ben & Jerry's a annoncé l'arrêt de ses ventes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est (lien).
Il ajoute que le conflit entre les deux entités s'est ensuite intensifié en 2024, lorsque Ben & Jerry's a intenté un procès contre Unilever, affirmant que cette dernière tentait de faire taire son activisme social, suivi d'un autre procès en 2025 après le licenciement du PDG de l'époque, David Stever.
Or, la marque Ben & Jerry's est importante dans l'univers Magnum. UBS rappelle que le chiffre d'affaires annuel de Ben & Jerry's, qui s'élève à 1,1 milliard d'euros, représente près de 14% du chiffre d'affaires mondial de Magnum.
