(BFM Bourse) - La CEPI va accorder à la biotech française un nouveau financement allant jusqu'à 41,3 millions de dollars afin de soutenir des essais cliniques dans des populations vulnérables comme les enfants et les femmes enceintes, et de rendre son vaccin accessible aux pays à revenus faibles et intermédiaires d’Asie.

Les bonnes nouvelles s'enchaînent pour le premier vaccin au monde contre le chikungunya de Valneva. Début juillet, l'Union européenne avait donné son feu vert à la commercialisation d'Ixchiq, le vaccin de Valneva pour la prévention de la maladie causée par le virus du chikungunya chez les personnes âgées de 18 ans et plus.

Rappelons que le chikungunya est une maladie virale transmise par les moustiques, provoquant des maux de tête, des nausées, de la fatigue et des douleurs articulaires invalidantes. Cette maladie a été identifiée dans 110 pays et plus de 3,7 millions de cas ont été recensés sur le continent américain entre 2013 et 2023, avec un important impact économique. Or, ces moustiques ne cessent d'étendre leur territoire en raison du réchauffement climatique.

Une accessibilité accrue à Ixchiq

Pour que ce vaccin contre cette maladie soit le plus accessible possible, le laboratoire a indiqué ce lundi avoir renforcé son partenariat avec la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI).

Mise en place au forum de Davos en 2017, la CEPI est un partenariat entre organisations publiques, privées, philanthropiques et civiles ayant pour ambition de mettre au point des vaccins contre les maladies à fort potentiel épidémique.

Dans le cadre de ce partenariat renforcé, la CPEI va octroyer jusqu'à 41,3 millions de dollars de financement supplémentaires sur les cinq prochaines années à Valneva pour accroître l'accessibilité de son vaccin contre le chikungunya dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Ce programme se fera avec le soutien de l’Union européenne dans le cadre du programme "Horizon Europe".

Cette nouvelle enveloppe financera la réalisation d’essais cliniques dans des populations vulnérables comme les enfants, adolescents et femmes enceintes. Valneva explique que des milliers de participants devraient prendre part à ces essais cliniques qui devraient être lancés en 2025. Ces essais devraient inclure l’évaluation du vaccin chez les enfants âgés de 1 à 11 ans et chez les femmes enceintes pouvant être touchées par une épidémie de chikungunya.

Le financement soutiendra également le transfert de la technologie du vaccin à un autre fabricant de vaccins avec pour objectif d'accélérer et d'élargir l'accès à Ixchiq dans les pays à revenus faibles et intermédiaires d’Asie vulnérables aux épidémies de chikungunya.

A la Bourse de Paris, l'annonce est saluée. L'action Valneva prend 5,9% à 3,47 euros, vers 15h20.

Un premier partenariat en 2019

En juillet 2019, Valneva et la CEPI avaient conclu un premier accord pour lutter contre le chikungunya, avec un soutien financier allant jusqu'à 23,4 millions de dollars. Finalement, l'enveloppe octroyée s'est avéré un peu plus importante que prévu, Valneva faisant état d'un financement de 24,6 millions de dollars dans son communiqué du jour.

A l'époque, ce vaccin n'était qu'au stade d'essais cliniques. Cinq ans plus tard, le vaccin de Valneva peut être utilisé chez les adultes âgés de 18 ans aux Etats-Unis depuis fin 2023, au Canada ainsi que dans l'Union européenne, depuis quelques semaines.

Valneva a aussi soumis une demande d'autorisation de mise sur le marché à l'Agence britannique des médicaments et produits de santé (MHRA). La société rappelle également qu'un dossier de mise sur le marché est en cours d'examen par l’agence de santé brésilienne Anvisa, avec une autorisation potentielle en 2024.

En termes de retombées financières, Invest Securties rappelait que Valneva table sur un objectif de plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'année 3 de commercialisation de ce vaccin en intégrant l'entrée sur le marché de produits concurrents.

"Selon une étude de marché de 2020, la taille du marché du vaccin contre le chikungunya est estimée à plus de 500 millions de dollars dont 300-400 millions de dollars représentés par le segment voyageurs que cible Valneva", indiquait l'intermédiaire financier début juillet.

Valneva possède un portefeuille de vaccins et candidats-vaccins qui va bien au-delà du chikungunya, avec notamment un candidat-vaccin contre la maladie de Lyme, ou contre le virus Zika ainsi qu'un vaccin déjà commercialisé contre l'encéphalite japonaise et un autre contre le choléra.