(BFM Bourse) - L'éditeur de jeux vidéo a publié des nets bookings inférieurs à ses propres prévisions au premier trimestre. Ubisoft a cependant livré une cible pour le deuxième trimestre dépassant les prévisions des analystes et a aussi dévoilé les contours de sa future organisation.

Pour sa première publication de l'exercice 2025-2026, Ubisoft a livré une publication contrastée liée à des problèmes techniques pour l'un de ses jeux phares.

Ubisoft a dégagé d'avril à fin juin des "net bookings", soit le chiffre d'affaires retraité de certains revenus différés, de 281,6 millions d'euros, en baisse de 2,9% sur un an en données publiées. Ce qui s'avère inférieur aux prévisions du groupe qui avait indiqué s"attendre en mai dernier, à des "net bookings" de 310 millions d'euros, sur le trimestre en cours.

"Des résultats contrastés"

Les analystes attendaient aussi un peu mieux, avec un consensus logé à 314 millions d'euros pour les net bookings, selon Invest Securities. La société attribue cet écart à des problèmes techniques sur le jeu Tom Clancy's : Rainbow Six Siege X, résolus depuis, qui ont significativement pesé sur les dépenses des joueurs sur le trimestre écoulé.

Ubisoft évoque aussi un report d'un partenariat, sans mentionner plus de détails, qui est désormais attendu au deuxième trimestre et dans une moindre mesure, des effets de change négatifs.

La performance d'Assassin’s Creed Shadows sur le trimestre a été conforme aux attentes d'Ubisoft qui ajoute que le jeu a récemment dépassé le palier des cinq millions de joueurs uniques depuis son lancement fin mars 2025. "Alors que le jeu semble avoir perdu en traction après un très bon démarrage, Ubisoft indique de nouveaux ajouts pour venir soutenir la dynamique du jeu (notamment l’extension Claws of Awaji)", ajoute TP ICAP Midcap.

De l'aveu de Yves Guillemot, le cofondateur et directeur général du groupe, Ubisoft a livré "des résultats contrastés" au titre du premier trimestre.

Des perspectives annuelles confirmées

Ce premier trimestre un peu faiblard n'empêche pas Ubisoft de maintenir ses prévisions annuelles, telles que dévoilées une première fois en mai dernier.

Pour l'ensemble de son exercice 2025-2026, la société anticipe des "net bookings" stables sur un an, un résultat opérationnel non-IFRS "proche de l'équilibre", et un flux de trésorerie négatif. Sur ce dernier point, la direction de la société avait précisé aux analystes que cette consommation de cash dépasserait les 100 millions d'euros.

Ubisoft avait justifié cette prévision "faible" pour se donner davantage de temps pour produire les prochains jeux phares qui arriveront plus tard.

Pour l'exercice 2025-2026, le catalogue de lancement de nouveaux jeux s'avère ainsi assez pauvre, à l'heure actuelle. Ubisoft prévoit notamment de sortir "Anno 117: Pax Romana", un jeu de gestion à l'époque de l'antiquité romaine et un remake de "Prince of Persia: The Sands of Time", initialement sorti dans le milieu des années 2000.

Pour son deuxième trimestre, l'éditeur a indiqué tabler sur des "net bookings" aux alentours des 450 millions d'euros, soit plus que les 461 millions d'euros attendus par Invest Securities. La société compte relancer sa croissance avec des partenariats stratégiques, y compris de nouveaux, la contribution croissante de Rainbow Six Siege X et l'apport de revenus "significatifs" liés à l’atteinte de jalons contractuels sur les séries télévisées.

Les prévisions d’Ubisoft pour le trimestre en cours sont "au-delà" des attentes actuelles de TP ICAP Midcap qui maintient sa recommandation à conserver et son objectif de cours à 12 euros.

Ces perspectives supérieures aux attentes des analystes ont réussi à rassurer le marché, qui avait dans un premier temps réagi négativement à la contre-performance d'Ubisoft au premier trimestre.

L'éditeur de jeux vidéo contrôlé par la famille Guillemot rebondit désormais 3% vers 10h30, après avoir perdu 5,8% dans les premiers échanges.

Une nouvelle organisation

En marge de son point d'actvité trimestriel, Ubisoft a donné les grandes lignes de sa réorganisation à la suite de l'annonce survenue en mars.

Ubisoft va ainsi se réorganiser autour de "creative houses", (maisons de création), autonomes, qui disposeront de leur propre équipe de direction, d’objectifs dédiés et d’une feuille de route claire. Cette nouvelle organisation sera annoncée d’ici la fin de l’année.

Comme annoncé en mars, l'entreprise constituera dans un premier temps, une "creative house" une filiale regroupant ses trois franchises phares, à savoir Assassin's Creed, Far Cry et Tom Clancy's Rainbow Six. Cette filiale disposera de sa propre équipe de direction et intégrera des studios basés au Québec, à Barcelone et en Bulgarie. Tencent, mastodonte chinois du numérique et allié de la famille Guillemot, prendra 25% du capital de cette filiale en échange d'une injection de capital de 1,16 milliard d'euros.

Ubisoft a expliqué que cette manne lui permettrait de ramener sa dette nette à zéro et donc de desserrer l'étau financier. Deutsche Bank notait il y a quelques mois que la société faisait face à 500 millions d'euros de dette parvenant à maturité en 2026.

Le but étant d'ouvrir une nouvelle page pour Ubisoft qui souffre d'un déficit d'image criant en Bourse. L'action a subi, ces dernières années, nombre de corrections boursières à la suite de reports de jeux et de plusieurs avertissements sur résultats.

En 2018, la valeur cotait au-dessus de 100 euros, la capitalisation boursière dépassait les 11 milliards d'euros et la question d'une intégration au CAC 40 se posait. Sept ans plus tard, le titre est tombé à moins de 10 euros, la capitalisation à 1,2 milliard d'euros.