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Ubisoft entertain : Après l'imbroglio autour de ses résultats, Ubisoft se retrouve sous pression pour tenir des objectifs qu'il a maintes fois manqués par le passé

Aujourd'hui à 12:00
Assassin's Creed Shadows, dernier AAA d'Ubisoft

(BFM Bourse) - L'éditeur de jeux vidéo avait intrigué en suspendant son action dans l'attente de la publication de ses comptes. La montagne avait finalement accouché d'une souris sans gravité. Mais les analystes sont sceptiques sur la capacité du groupe à tenir ses perspectives dans les prochains mois.

Dire qu'Ubisoft a attiré l'attention en Bourse, ces dernières semaines, constitue une litote. Mi-novembre, l'éditeur de jeux vidéo avait défrayé la chronique en annonçant le report de la communication de ses comptes semestriels et, par voie de conséquence, la suspension de son action.

Ce sans donner plus de détails ni de date précise quant à la publication de ses résultats et donc sur la reprise de cotation de son titre.

Les spéculations sont allées bon train quant à la raison de ce report. Offre publique d'achat sur le groupe? Accident de dernière minute?

"Dans un secteur où la visibilité est déjà faible et où Ubisoft sort d’un cycle prolongé de sous-performance opérationnelle, tout décalage dans le calendrier de communication soulève des doutes quant à la qualité du trimestre et à la fiabilité des prévisions", soulignait Antoine Fraysse-Soulier d'Etoro.

Le suspense a duré un peu plus d'une semaine, le groupe livrant finalement ses résultats du premier semestre de son exercice 2025-2026 (clos en mars prochain) le vendredi 21 novembre avec des comptes annoncés à 8h45, soit très peu de temps avant l'ouverture du marché. L'action, elle, a recommencé à coter à 10h, le même jour.

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Plus de peur que de mal

In fine, les supputations les plus folles du marché ne se sont pas concrétisées. Ubisoft avait expliqué que le report de ses comptes avait été provoqué par ses nouveaux auditeurs aux comptes, le groupe ayant changé de panel d'auditeurs. Les commissaires aux comptes avaient demandé à la société de procéder à des retraitements comptables sur le précédent exercice (2024-2025) qui avait été approuvé par les précédents auditeurs. Ce afin de respecter les normes IFRS 15, les normes comptables internationales.

"Dans ce contexte, nous avons eu besoin de plus de temps pour que nos comptes (semestriels, NDLR) soient finalisés", avait expliqué le directeur général Yves Guillemot.

En gros, ces changements portaient sur l'approche dans la façon de reconnaître la génération de revenus sur un partenariat du groupe.

Conséquence fâcheuse: ce retraitement comptable a conduit à un "bris de covenant", c'est-à-dire que la société n'a pas respecté des ratios d'endettement précédemment pris auprès de ses créanciers. Plusieurs centaines de millions d'euros de dettes d'Ubisoft se sont retrouvés immédiatement exigibles par les prêteurs du groupe.

En temps normal, cette annonce aurait provoqué un stress financier certain. Mais, le même jour, Ubisoft avait finalisé une importante opération, à savoir la cession à son partenaire chinois Tencent de 26,32% du capital de sa filiale nouvellement créée, Vantage Studios, qui regroupe ses grandes franchises comme "Far Cry", "Assassin's Creed" ou "Rainbow 6". Cette transaction a apporté 1,16 milliards d'euros de cash au groupe, lui permettant largement de rembourser ses passifs et de se désendetter.

Plus de peur que de mal donc. L'action Ubisoft avait d'ailleurs terminé en hausse, prenant 3,9%, alors que le groupe avait, par ailleurs, livré des revenus et des comptes supérieurs aux attentes.

"Après une semaine de suspension, les investisseurs craignaient le pire, il y a eu comme un 'ouf' de soulagement car on s'est dit finalement tout 'ça pour cela (…)", a expliqué dans BFM Bourse, Maxime Le Juez de GSD Gestion.

Une crédibilité entaillée

Maintenant que la poussière autour du mystérieux report de cette publication est retombée, Ubisoft n'est pas sorti de l'ornière en Bourse pour autant. Rappelons que la société perd près de 52% sur l'ensemble de 2025 et plonge de 94% depuis ses plus hauts historiques, atteints au printemps 2018.

Le groupe a souvent déçu, notamment en mai dernier, lorsque la société avait livré des prévisions décevantes pour l'exercice actuel (le titre avait alors chuté de 18,2%).

L'opérationnel du groupe reste fragile, marqué par de nombreux reports de jeux et des ventes en deçà des attentes sur plusieurs gros titres (comme "Star Wars Outlaws" l'an passé). Les retraitements comptables ainsi que le "bris de covenant" - certes sans conséquence donc - n'ont pas rassuré sur ce point.

"On se dit que le management aurait quand même pu l'anticiper car finalement cela pénalise le titre, je trouve que cela décrédibilise aussi un peu le management car le marché n'aime pas" ce type d'évènement, regrettait d'ailleurs Maxime Le Juez de GSD Gestion.

"Ils ont désormais réglé ce problème, mais il reste préoccupant que, dans le cadre de la nouvelle approche (comptable, NDLR), ils auraient violé (les covenants) pendant un certain temps", cingle de son côté Barclays dans une note publiée lundi.

Un point a pu échapper à la vigilance des investisseurs lors de la publication des résultats semestriels: Ubisoft devra cravacher pour tenir ses objectifs annuels.

Le groupe compte dégager, sur l'exercice 2025-2026, des "net bookings" - un chiffre d'affaires retraité de certains éléments – stables sur un an (ils étaient de 1,846 milliard d'euros sur le précédent exercice) et un résultat opérationnel non-IFRS proche de l'équilibre.

Or, la société avait indiqué anticiper des "net bookings" d'environ 305 millions d'euros pour le troisième trimestre (qui va d'octobre à décembre), soit beaucoup moins que le consensus Bloomberg cité par Barclays (526 millions d'euros).

Un quatrième trimestre de tous les risques?

Pour tenir son objectif annuel, c'est-à-dire 1,846 milliard d'euros de "net bookings", la société se doit de réaliser 769 millions d'euros de "net bookings" sur le seul quatrième trimestre.

Barclays est plus prudente et retient des "nets bookings" de 1,7 milliard d'euros pour l'exercice. Mais même pour tenir ce chiffre, Ubisoft doit générer 626 millions d'euros sur les trois derniers mois de l'exercice actuel.

"Sans sortie majeure (mais avec plus de sorties que sur les précédents trimestres), cela semble être une tâche difficile", écrit Barclays qui reconnaît toutefois que la société a annoncé davantage de revenus liés aux partenariats.

Lors de la conférence téléphonique suivant la présentation des comptes, un analyste de Bernstein avait d'ailleurs fait remarquer à la direction que les prévisions du groupe signifiaient que le quatrième trimestre devait marquer une franche accélération.

Yves Guillemot lui avait alors répondu que le quatrième trimestre de l'exercice bénéficierait d'un certain nombre de sorties, comme un remake de "Prince of Persia: les Sables du Temps", d'une importante contribution des partenariats ainsi que de ventes robustes de "Rainbow Six Siege".

L'optimisme ne reste pas de mise pour autant. Barclays rappelle que le "track record" (le bilan) d'Ubisoft en matière d'atteinte de ses propres objectifs fait "qu'il peut être difficile d'avoir confiance dans les prévisions".

"Au cours des six dernières années, Ubisoft a manqué ses prévisions initiales (…) en matière de 'net bookings' et de résultat opérationnel hors IFRS cinq fois sur six", rappelle l'établissement.

"De par sa nature, le secteur d'activité d'Ubisoft est difficile à prévoir, et d'autres acteurs ont connu des résultats volatils, mais nous pensons que cette tendance historique fait qu'il est particulièrement difficile pour les investisseurs d'avoir confiance dans l'exécution de l'exercice actuel (...)", tranche Barclays.

Battelfield 6 comme menace

UBS, pour sa part, a livré une note lundi dans laquelle elle indique être "de plus en plus prudente sur les fondamentaux" de l'entreprise.

Comme Barclays, la banque suisse retient des "net bookings" de seulement 1,7 milliard d'euros pour 2025-2026 soit moins qu'Ubisoft, percevant "des risques" sur cet objectif.

Même pour les seuls "net bookings" du troisième trimestre, l'établissement helvétique redoute que la sortie de "Battlefield 6", un jeu d'Electronic Arts, fasse ombrage à "Rainbow Six Siege" et conduise le groupe à livrer des revenus inférieurs à ses propres projections.

"Nous soulignons la sortie de Battlefield 6 par Electronic Arts le 10 octobre, un jeu qui semble très performant et qui peut se substituer (chez les gamers, NDLR) à Rainbow Six. Nous pensons que Battlefield 6 pourrait présenter un risque baissier significatif pour les prévisions d'Ubisoft pour le troisième trimestre", prévient ainsi UBS.

L'établissement pense que la concurrence de ce jeu pourrait aussi constituer un "vent défavorable" au quatrième trimestre.

Au passage, l'établissement helvétique réitère une prévision qu'il avait déjà formulée par le passé à savoir qu'Ubisoft ne générera pas de flux de trésorerie positif (et donc brûlera du cash) avant l'exercice clos en mars 2030.

Par ailleurs certains autres signaux peuvent inciter à la prudence. Selon un récent article d'IGN qui cite un entretien au vidéaste Joraptor de Simon Lemay-Comtois, "game designer" chez Ubisoft, le groupe ne prévoit pas de deuxième extension pour 'Assassin's Creed Shadows', son dernier "AAA" (les blockbusters du jeu vidéo).

Plutôt bien accueilli par la critique et les joueurs, ce jeu de la saga Assassin's Creed n'a a priori pas connu un franc succès.

"Malgré des débuts apparemment prometteurs, le jeu se serait vendu bien en deçà des attentes, avec seulement 4,3 millions d'exemplaires écoulés depuis son lancement le 25 mars (selon Alinea Insights)", expliquait Deutsche Bank en novembre.

"Cela représente un ralentissement important par rapport aux 3 millions d'exemplaires vendus lors de la première semaine (qui étaient clairement liés aux précommandes des fans inconditionnels) et une performance nettement inférieure à celle d''Assassin's Creed Mirage' (5 millions en 3 mois)", poursuivait la banque.

La première extension du jeu, baptisée "Claws of Awaji" était sortie en septembre, permettant aux joueurs de prolonger l'expérience de jeu pour 25 euros.

Barclays note que depuis dix ans, le groupe avait l'habitude de sortir deux extensions par opus de la saga.

"Cela semble confirmer une fois de plus que, bien qu'Assassin's Creed Shadows ait été plutôt bien accueilli par la critique, il est resté à la traîne par rapport aux précédents jeux Assassin's Creed en termes de ventes. S'il avait répondu aux attentes ou les avait dépassées, nous pensons qu'une deuxième extension aurait été envisagée", écrit la banque.

Dernier point, qui affectera surtout le prochain exercice: la sortie, prévue en novembre 2026, de GTA 6 de Take Two, probablement le jeu le plus attendu de l'histoire de l'industrie.

En mai, Deutsche Bank jugeait que le successeur de GTA 5 constituait "un risque baissier" pour les performances d'Ubisoft , étant donné "la capacité" des jeux de cette franchise à aspirer l'ensemble des dépenses liées aux jeux vidéo.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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