par Yann Le Guernigou et Matthieu Protard
VILLIERS-LE-MAHIEU (YVELINES) (Reuters) - La Société générale a pour priorité la croissance organique de ses activités dans l'environnement de crise actuel mais n'exclut pas des acquisitions dans la banque de détail ou les services financiers spécialisés, a déclaré jeudi Frédéric Oudéa, le directeur général de la banque.
"Ma priorité est la croissance organique", a-t-il dit en marge d'une présentation des activités de la Société générale à la presse internationale.
"Mais s'il y a des opportunités dans des domaines comme la banque de détail, les services financiers ou même la banque privée, nous les regarderons", a-t-il ajouté.
Il a indiqué par la suite que la banque entendait rester pour le moment très prudente en matière de gestion de son capital et laissé entendre qu'elle pourrait attendre que la situation se stabilise avant d'éventuelles acquisitions en estimant que les prix des actifs financiers "vont continuer à baisser en 2009".
Frédéric Oudéa a exclu en revanche que la Société générale s'intéresse à des actifs de banques d'investissement américaines en difficulté comme Lehman Brothers, qui vient de déposer son bilan. De même, il a déclaré qu'un rapprochement avec sa vieille rivale BNP Paribas, une hypothèse relancée récemment pas des observateurs, n'était "pas d'actualité".
Séverin Cabannes, le directeur général délégué, a indiqué de son côté que la Société générale entendait profiter des difficultés des établissements américains pour gagner des parts de marché dans les activités de marché.
"Nous voyons beaucoup d'opportunités en termes de (nouveaux) clients et pas seulement avec Lehman", a-t-il indiqué.
Les dirigeants de la banque se sont employés à assurer tout au long de la journée que son fonds de commerce était intact, malgré les 4,9 milliards d'euros de pertes liées à l'affaire Kerviel en début d'année, et qu'elle était bien armée pour traverser la crise financière qui s'est brusquement exacerbée ces dernières semaines.
"NOUVEAU MONDE"
Frédéric Oudéa a souligné que le centre de la crise était aux Etats-Unis et que les banques européennes dans leur ensemble n'avaient pas besoin d'un dispositif analogue à celui que les autorités américaines tentent de mettre en place pour redresser leur système financier.
"Les banques européennes ne sont pas confrontées à la même situation (...) A partir du moment où les Etats-Unis parviennent à stabiliser la situation, elles sont capables de s'en sortir sans mettre en place ce type de plan", a-t-il dit, ajoutant que le plan proposé par le secrétaire au Trésor Henry Paulson "peut contribuer à redonner la confiance aux marchés".
Avec cette crise, les activités de banque de financement et d'investissement (BFI) "entrent dans un nouveau monde où il y aura moins d'acteurs, moins de volumes mais aussi des prix qui refléteront mieux les risques", a-t-il prédit.
La Société générale, qui maintient ses priorités dans ces métiers, devrait être capable, selon lui, de dégager une rentabilité des fonds propres de 20% à 25% (en normes Bâle II) en moyenne de cycle dans sa BFI.
Michel Pérétié, le nouveau patron de celle-ci, a d'ailleurs confirmé l'objectif de croissance moyenne annuelle de 5% à 10% des revenus de la banque de financement et d'investissement sur la période 2006-2010. Il a noté en outre que la forte volatilité récente des marchés était plutôt favorable aux activités de la Société générale.
Alors que les pertes d'emploi se multiplient dans les banques d'investissement anglo-saxonnes, Frédéric Oudéa a indiqué que la baisse des effectifs serait "marginale" dans ces métiers à la Société générale.
"Il y a un ajustement, pas une grande restructuration", a-t-il dit.
Signe de la confiance de la banque, il a souligné que l'ensemble du management avait pris trois semaines de vacances au mois d'août. "Tout le monde est en forme !", a-t-il affirmé.
Yann Le Guernigou, édité par Gilles Guillaume
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