par Jean-Michel Belot et Jonathan Stempel

PARIS/NEW YORK (Reuters) - Les banques Morgan Stanley, Goldman Sachs et Société générale ont trébuché mardi en Bourse à l'idée qu'elles puissent être affectées par la flambée de l'action Volkswagen, qui a pris a contrepied les ventes à découvert sur le constructeur automobile allemand.

L'action Volkswagen a triplé de valeur en cours de séance lundi sur une nuée de rachats de découverts après que Porsche eut annoncé avoir acheté la quasi intégralité du flottant restant du premier constructeur européen.

L'action VW a encore bondi de 81,7% mardi.

La banque d'affaires américaine Goldman a refusé de faire un commentaire, mais des sources proches de l'établissement ont indiqué que celui-ci n'avait enregistré aucune perte en rapport avec Volkswagen. Mark Lake, porte-parole de Morgan Stanley, a indiqué de son côté que sa banque n'avait pas d'exposition au constructeur automobile allemand. Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de la SocGen.

La banque française a clôturé en forte baisse de 12,3% à 33,34 euros sur ces rumeurs, signant la deuxième plus lourde perte en pourcentage de l'indice CAC 40. Crédit agricole a trébuché quant à lui de 13,4%.

Vers 18h00 GMT, Morgan Stanley chute de 13,1% et Goldman Sachs abandonne 6,6%. Les CDS des deux banques, qui mesurent le coût de l'assurance contre le risque de défaut de l'une ou l'autre sur sa dette, ont en revanche monté.

GRANDE SENSIBILITÉ DU MARCHÉ

L'action SocGen était pourtant bien orientée jusque-là, la banque ayant confirmé ses prévisions de résultats pour le troisème trimestre et précisé n'avoir rien de particulier à signaler sur ses activités de marché, au lendemain d'une chute de plus de 15% de son cours de Bourse.

Le titre a accusé lundi la plus forte baisse du CAC 40 (-15,56% à 38 euros), emportée comme d'autres financières par la tourmente des marchés asiatiques.

"Le contenu du communiqué de presse émis le 13 octobre 2008 est toujours d'actualité", a déclaré Stéphanie Carson-Parker, porte-parole du groupe bancaire, en réponse à une question de Reuters.

Le 13 octobre, le groupe avait déjà tenté de couper court aux rumeurs sur sa santé financière en déclarant s'attendre à un bénéfice net d'environ un milliard d'euros avant éléments non récurrents pour le troisième trimestre.

La rechute de l'action, malgré ces propos rassurants, ou celle de GS et Morgan Stanley, en dépit des démentis directs ou indirects, montre à quel point le marché demeure sensible à l'impact que tout type d'incident de marché est susceptible d'avoir sur les résultats des banques.

La crise financière a considérablement fragilisé le secteur, et les investisseurs redoutent toute nouvelle perte, surtout, précise James Ellman, de Seacliff Capital, si elle est liée à des évènements jugés difficiles à prévoir et présentant parfois un élément de hasard.

En ce qui concerne la SocGen, le marché n'a pas oublié non plus "l'affaire" Kerviel de janvier, qui s'est soldée par une perte de 4,9 milliards d'euros.

Un stratège en dérivés, qui a requis l'anonymat, a estimé que beaucoup de grands acteurs de marché ont peut-être été pris à contrepied par le bond de VW en raison de l'important volume d'actions repris par Porsche.

"Quelqu'un, sur le marché, s'est retrouvé incroyablement à découvert (sur Volkswagen)", note en tout cas Walter Todd, gérant chez Greenwood Capital Associates LLC. "Et le marché lui a rendu la monnaie de sa pièce."

Joe Giannone version française Gilles Guillaume

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