(BFM Bourse) - Boudées par les investisseurs depuis 10 ans, les actions des banques européennes ont enfin rebondi en 2021, faisant même mieux que les autres secteurs économiques. Mais cette tendance pourrait ne pas durer.
Avec environ 40% de gains sur 2021 au 29 décembre, le secteur bancaire de l'Euro Stoxx 600, qui regroupe une quarantaine de banques du Vieux Continent, a réalisé la meilleure performance sectorielle sur l'année. C'est proche du double de la progression de l'Euro Stoxx 600 (+22,2%). Depuis 2014, c'est seulement la troisième fois que l'indice est en progression, et la deuxième fois, après 2017, que les banques font mieux que la moyenne européenne.
Parmi les progressions les plus fulgurantes, la française Société Générale, dont l'action a fait pâle figure au cours de la décennie écoulée, et l'italienne Unicredit se sont toutes deux envolées de près de 80%. La néerlandaise ING progresse de plus de 60%.
En 2021, les planètes se sont alignées pour les banques. Elles ont d'abord profité du fort rebond économique, d'autant plus que leurs perspectives en 2020 avaient été assombries par les prêts consentis aux entreprises en difficulté. "Les banques ont été très sollicitées par les gouvernements, mais les entreprises ont remboursé sans difficulté et les taux de défaut sont restés faibles", explique Charles de Riedmatten, gérant actions chez Myria. Les provisions faites par précaution en 2020 ont pu être réutilisées. "Même les grandes banques les plus fragiles ne peuvent pas mourir", résume-t-il.
Remontée des taux et rachats d'actions
Autre atout pour séduire les investisseurs, "aujourd'hui, on peut considérer que les taux d'intérêt vont remonter" sur le marché obligataire, explique Christopher Dembik, responsable de la recherche macro-économique à Saxo Banque. Or "les taux bas depuis une dizaine d'années étaient le vrai problème des banques, plus que leur solidité", avance-t-il.Pour faire face à l'inflation galopante, la Fed s'est résolue à durcir sa politique monétaire et a ouvert la voie à une remontée de ses taux directeurs mi-décembre dernier, ce qui aura une grande influence sur le marché obligataire en 2022.
De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) assure toujours ne pas songer à une hausse des taux en 2022, se basant sur une inflation moins forte dans la zone euro. Mais l'autorité monétaire européenne a fait un autre "cadeau" aux banques européennes, en les autorisant de nouveau à verser des dividendes ou à procéder à des rachats d'actions - après leur avoir demandé, en mars 2020, de suspendre les deux "pour privilégier leur solvabilité et leur capacité de prêt aux entreprises et aux ménages dans le contexte de la pandémie de coronavirus".
En conséquence, les dispositifs de redistribution des bénéfices aux actionnaires ont augmenté. Après les résultats du troisième trimestre, BNP Paribas a lancé un programme de rachats d'actions portant jusqu'à 900 millions euros. L'espagnole Santander a lancé pour sa part un programme de rachat d'actions de 840 millions d'euros.
Bénéfices "peu dynamiques"
Pour 2022, les perspectives du secteur restent belles, selon les analystes de Bank of America, qui maintiennent leur avis à "surpondérer" sur les valeurs du compartiment, assurant que "la corrélation entre les banques et les rendements obligataires américains a augmenté ces dernières années". "Rachats d'actions, opportunités de revenus grâce à la hausse des taux et l'amélioration de l'efficacité opérationnelle", après plusieurs restructurations, resteront porteurs en 2022, estime Jonathan Tyce, de Bloomberg Intelligence, dans sa note de perspectives sur le secteur. "Attention toutefois à ne pas surestimer la hausse" des taux nuance Christopher Dembik, qui penche plutôt pour une "parenthèse dorée en 2021".Malgré la perspective d'une hausse des taux de la Fed depuis la fin de l'été, les rendements obligataires n'ont de fait pas monté autant qu'anticipé. Autre "vent contraire", selon Bloomberg Intelligence, le "manque de dynamisme des bénéfices" des entreprises du secteur, notamment en comparaison avec leurs concurrentes américaines.
"Il semble que nous soyons de retour à l'énigme de 2018-2019, lorsque le manque de croissance était le principal obstacle au sentiment", ainsi que la nécessité, encore, de maintenir "une discipline au niveau des coûts", poursuit Jonathan Tyce. Car même avec une deuxième année exceptionnelle, les banques resteront loin de leur splendeur d'avant la crise financière, la valeur de l'Euro Stoxx 600 Banks demeurant près de 70% en-deçà de son sommet atteint en avril 2007.
(avec AFP)
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