PARIS (Reuters) - Eric Cordelle, le supérieur direct de Jérôme Kerviel, attribue son échec à déceler les manipulations du trader à son manque d'expérience et reproche à la Société générale de l'avoir laissé sans "feuille de route" dans ses fonctions.
"Son attitude était indécelable", a-t-il déclaré dans une interview publiée par Le Figaro à propos de Jérôme Kerviel, qui a accumulé sans autorisation des positions massives dont le débouclage, fin janvier, a coûté 4,9 milliards d'euros àla banque.
"Je pense qu'un chef de desk expérimenté aurait probablement pu déceler les fraudes de Jérôme", dit encore Eric Cordelle, qui vient d'être licencié par la Société générale.
"Moi, je suis ingénieur financier. Je ne suis pas trader (...) quand j'ai été nommé (NDLR à la tête du desk de Jérôme Kerviel) après cinq années passées à Tokyo en ingénierie financière, j'avais une expérience de management, mais pas de trading. Je n'avais pas de feuille de route, pas de formation, pas d'informations. Je ne savais pas que Jérôme Kerviel avait un passé. Cela aurait modifié mon attitude", indique-t-il.
Eric Cordelle présente Jérôme Kerviel comme un des éléments "les plus seniors" de son équipe, ajoutant : "C'était quelqu'un d'expérimenté, de technique, serviable. Il m'a été présenté comme ayant un bon potentiel (...) c'était le référent pour les juniors de notre petite équipe".
Interrogé sur l'absence de réactions de la Société générale à une alerte en novembre dernier du marché allemand des dérivés Eurex, sur lequel Jérôme Kerviel avait pris d'importantes positions, il répond que le service de déontologie de la banque a interrogé directement le trader, sans l'en avertir.
"Concrètement, à ce moment là, le desk était en explosion en termes de volumes de transactions. Sur certains business, notre activité était multipliée par deux ou trois. Jérôme développait de nouvelles activités d'arbitrage pour augmenter encore les volumes. Si j'avais connu le montant des transactions en cours avec l'Allemagne, j'aurais bien sûr sauté au plafond", dit-il encore.
Eric Cordelle est en peine d'expliquer les motivations de Jérôme Kerviel : "Pourquoi Jérôme a-t-il fait cela ? Je ne sais pas. Et pourquoi le 18 janvier, alors qu'il était déjà attrapé mais que tout n'était pas encore découvert, il a continué frénétiquement à acheter des futures ? Je crois que je n'aurai jamais la réponse. A-t-il pété les plombs, voulu nuire à la banque ? Est-ce l'appât du jeu, l'appât du gain ?".
Yann Le Guernigou
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