par Yann Le Guernigou
PARIS (Reuters) - La Société générale annonce un bénéfice net divisé par 2,7 pour le deuxième trimestre, sous l'impact de la poursuite de la crise des marchés du crédit.
Elle a néanmoins fait mieux que le marché ne l'attendait dans l'environnement difficile actuel grâce à une bonne performance sous-jacente de sa banque de financement et d'investissement (BFI), qui semble avoir surmonté le traumatisme de l'affaire Kerviel.
Ebranlée en début d'année par la mise au jour de positions massives accumulées sans autorisation par ce trader, dont le débouclage lui a coûté 4,9 milliards d'euros, la deuxième banque française par la capitalisation boursière a également fait état d'une position en capital solide, avec un ratio Tier One en progression de 0,2 point sur le trimestre à 8,1%.
Elle a enregistré sur la période 575 millions d'euros de dépréciations et pertes sur actifs supplémentaires, qui portent à environ 4,9 milliards sa facture totale de la crise du crédit entamée l'été dernier.
Ses comptes du deuxième trimestre intègrent en outre un impact comptable mécanique de -692 millions d'euros (alors qu'il avait été positif de 1,27 milliard dans ceux du premier trimestre) découlant de l'évolution sur la période de la valeur de marché de la dette émise par la banque et des instruments dérivés (CDS) utilisés pour couvrir son portefeuille de crédits.
Le résultat net, part du groupe, a fondu de 63,1% pour s'inscrire à 644 millions d'euros, soit plus que les 518 millions attendus par les analystes interrogés par Reuters.
En baisse de 42%, à 1.627 millions d'euros, le résultat brut d'exploitation a été de même supérieur aux anticipations (1.333 millions), le recul des revenus (-18,9% à données constantes, à 5.584 millions d'euros), étant moins prononcé que redouté par le marché (-23% à 5.096 millions d'euros pour le consensus).
PARI GAGNANT
La différence tient à une plus-value de 262 millions sur la cession d'une participation dans Bank Muscat (Oman) mais aussi à une activité globalement plus forte qu'escompté, surtout dans les métiers de marché ou dans les réseaux étrangers du groupe.
En Bourse de Paris, le titre Société générale affichait en matinée une des meilleures performances des grandes banques européennes avec un gain de près de 7% vers 10h15. Avec une baisse de 31% depuis le début de l'année, elle rattrape ainsi son retard sur l'indice du secteur, qui recule de 30,5%.
Pour Pierre Flabbée (Landsbanki Kepler), "la Société générale est en terrain de gagner son pari en montrant que le fonds de commerce de sa BFI n'a pas souffert de l'affaire Kerviel".
Valérie Cazaban, gérante à Stratège Finance, relève aussi que la performance de la banque d'investissement "se dégrade moins qu'on pouvait imaginer" et surtout que "la Société générale ne devrait pas avoir besoin de capitaux frais".
Quant à Mamoun Tazi (MF Global Securities), il estime que l'essentiel des dépréciations d'actifs semble aujourd'hui passé chez Société générale. L'analyste a réitéré sa recommandation d'achat sur le titre, avec un objectif de 85 euros, en soulignant que la contribution des réseaux étrangers est bien partie pour dépasser celle de la banque de détail en France.
Si l'on exclut l'impact économique et comptable de la crise des marchés du crédit, qui a fait plonger son résultat net dans le rouge (-186 millions), le pôle BFI a limité à 1,9% (à change constant) la baisse de ses revenus par rapport à un deuxième trimestre 2007 à l'environnement beaucoup plus favorable. Ils ont atteint 1.886 millions d'euros, là où les analystes interrogés par Reuters attendaient en moyenne 1.587 millions.
MOINS D'OUVERTURES DE COMPTES
La banque de détail à l'international, renforcée par la prise de contrôle cet hiver de Rosbank, la première banque privée russe, a de même surpassé les anticipations avec une contribution en hausse de 41,7%, à 238 millions d'euros.
Autres relais de croissance, les services financiers spécialisés ont vu la leur progresser de 13,6%.
Mais celle de la gestion d'actifs, affectée par la déprime des marchés, a été divisée par deux, la banque privée dégageant pour sa part un résultat en légère baisse.
Les réseaux France (Société générale et Crédit du Nord) ont enregistré de leur côté une progression de leurs revenus limitée à 0,9% (hors éléments volatils) malgré une activité commerciale robuste (+9,8% sur un an pour les encours de crédit aux particuliers et +18,2% pour ceux des crédits aux PME).
Cette évolution tient à la faiblesse des commissions sur les placements financiers de la clientèle mais aussi et surtout à la hausse début 2008 de 50 points de base de la rémunération du Livret A, qui renchérit le coût de la collecte des banques.
En ajoutant la nouvelle hausse du taux du Livret A entrée en vigueur le 1er août, la Société générale estime que la croissance de sa banque de détail en France sera amputée de l'ordre de trois points en 2008 pour s'inscrire entre 1% et 2%, contre 4% en moyenne ces dernières années.
L'affaire Kerviel, si elle semble surmontée dans la banque d'investissement, a laissé en revanche des séquelles dans les réseaux, où le rythme d'ouverture de nouveaux comptes a été divisé par deux au deuxième trimestre.
Contrainte d'augmenter son capital de 5,5 milliards d'euros pour consolider ses fonds propres après cette affaire, la Société générale affichait un ratio Tier One de 8,1% à fin juin et a confirmé qu'elle entendait le maintenir à 8% cette année.
Avec la contribution de Sudip Kar-Gupta, édité par Jacques Poznanski
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