par Matthieu Protard
PARIS (Reuters) - Société générale a annoncé lundi un résultat net en chute de 83,7% à 183 millions d'euros, toujours plombé par les dépréciations liées à l'exacerbation de la crise financière, mais estime être armée pour affronter une nouvelle dégradation de la conjoncture économique en 2009.
Sur le trimestre clos au 30 septembre, la Société générale a enregistré 1,1 milliard d'euros d'éléments non récurrents négatifs, tenant pour l'essentiel aux dépréciations d'actifs dans sa banque de financement et d'investissement. En outre, les provisions ont été multipliées par trois à 687 millions d'euros.
En dehors des éléments non récurrents, la banque estime que son résultat net se serait élevé à 1,1 milliard d'euros, en ligne avec ce qu'elle avait annoncé mi-octobre.
"Globalement ces chiffres sont relativement faibles. Deux bonnes nouvelles se dégagent, à savoir un ratio Tier One qui sera porté à 9% après le plan gouvernemental de soutien aux banques et la réduction de l'exposition nette aux actifs toxiques", commente Eric Vanpoucke, analyste de Sal. Oppenheim.
"On constate toutefois que les dépréciations restent élevées et que le coût du risque monte en flèche", tempère-t-il.
"Ces résultats témoignent de l'entrée de la banque en récession", a écrit dans une note de recherche Pierre Chédeville, analyste de Crédit mutuel CIC Securities.
Vers 16h50, le titre gagnait 0,66% à 42,39 euros. A ce niveau, le titre cède 54,30% de sa valeur depuis le début de l'année.
Au même moment l'indice sectoriel DJ Stoxx des banques européennes recule de 1,81% et le CAC 40 gagne 1,04%.
La banque a précisé ne pas avoir utilisé pour ces comptes clos à fin septembre l'assouplissement des normes comptables autorisant les banques à s'écarter de la valorisation des actifs illiquides en valeur de marché pour alléger le poids des dépréciations.
Ces nouvelles normes comptables seront utilisées pour le quatrième trimestre.
Pour rassurer les marchés après avoir vu son action subir une extrême volatilité en raison de rumeurs persistantes de pertes, la banque a décidé vendredi d'avancer de trois jours la publication de ses comptes, initialement prévue pour jeudi.
ÉMISSION DE TITRES HYBRIDES PRÉVUE AU 4E TRIMESTRE
Commentant ses fonds propres, sujet de préoccupation majeure des banques, il a indiqué que le ratio Tier One de Société générale s'élevait à 8,5% à fin septembre.
Ce ratio sera porté à 9% à l'issue de la souscription par l'Etat français, pour 1,7 milliard d'euros, de titres super subordonnés qu'elle émettra au quatrième trimestre, la Commission européenne devant encore approuver dans la semaine ce volet refinancement du plan français de soutien aux banques.
"Ce ratio de 9% nous permettra de continuer à nous développer et dans le même temps d'absorber les chocs liés à une éventuelle nouvelle dégradation de la conjoncture en 2009", a-t-il ajouté.
S'agissant de la Russie et à la Roumanie, Frédéric Oudéa s'est dit confiant dans le potentiel de croissance de ces pays d'Europe de l'Est en dépit des craintes de contagion de la crise économique.
"J'ai plus de craintes pour les pays développés que pour les pays émergents", a-t-il expliqué.
Dans la banque de financement et d'investissement, où se concentre l'essentiel des dépréciations, la banque affiche une perte nette de 244 millions d'euros.
Les 1.079 millions d'euros d'éléments non récurrents dans la BFI intègrent notamment 453 millions d'euros de dépréciations supplémentaires sur les rehausseurs de crédit, 435 millions d'euros de dépréciations liés à l'exposition de la banque à Lehman Brothers, la banque d'investissement américaine en dépôt de bilan, ainsi que 370 millions de pertes et de décotes sur les dérivés de crédit exotiques.
L'EFFET KERVIEL "S'ESTOMPE"
Dans la gestion d'actifs, la Société générale a enregistré une décollecte de 7,9 milliards d'euros entre fin juin et fin septembre, ramenant ses encours sous gestion à 298 milliards d'euros contre près de 375 milliards un an plus tôt.
Le projet de rapprochement entre ses deux filiales de gestion alternative Sgam Alternative Investments et Lyxor a été confirmé par la direction.
Le pôle gestion d'actifs et services aux investisseurs affiche du coup un résultat net divisé par deux à 68 millions d'euros.
Dans la banque de détail en France, son résultat net ressort en recul de 5,2% à 345 millions d'euros, pour un PNB en progression de 2%.
La banque a rapporté 27.100 ouvertures nettes de comptes sur le troisième trimestre, estimant que l'impact de l'affaire Kerviel, le trader à qui est reproché des positions ayant coûté 4,9 milliards d'euros à la banque en début d'année, "s'estompe".
Matthieu Protard avec la contribution de Julien Ponthus, édité par Jacques Poznanski
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