par Matthieu Protard
PARIS (Reuters) - Société générale annonce un résultat net en chute de 83,7% à 183 millions d'euros, toujours plombé par les dépréciations liées à l'exacerbation de la crise financière, mais estime être armée pour affronter une nouvelle dégradation de la conjoncture en 2009.
Ce bénéfice net est bien inférieur aux prévisions des huit analystes interrogés par Reuters qui tablaient en moyenne sur un résultat net de 542 millions d'euros, ce consensus faisant toutefois ressortir de grandes disparités d'estimations.
La banque a indiqué qu'en dehors des éléments non récurrents, chiffrés à 1,2 milliard d'euros, son résultat net se serait élevé à environ un milliard d'euros, conformément à ce qu'elle avait annoncé mi-octobre.
Vers 10h25, le titre gagnait 2,41% à 43,21 euros quand au même moment l'indice sectoriel DJ Stoxx reculait de 0,23%. A ce cours, le titre cède 53,39% de sa valeur depuis le début de l'année.
"Globalement ces chiffres sont relativement faibles. Deux bonnes nouvelles se dégagent, à savoir un ratio Tier One qui sera porté à 9% après le plan gouvernemental de soutien aux banques et la réduction de l'exposition nette aux actifs toxiques", commente Eric Vanpoucke, analyste de Sal. Oppenheim.
"On constate toutefois que les dépréciations restent élevées et que le coût du risque monte en flèche", tempère-t-il.
La banque qui a fait état à fin septembre d'un ratio Tier One de 8,5% à fin septembre, a déclaré que son ratio de solvabilité sera porté à 9% à l'issue de la souscription par l'Etat français, pour 1,7 milliard d'euros, de titres super subordonnés que la Société générale émettra dans le courant du quatrième trimestre.
"Ce ratio de 9% nous permettra de continuer à nous développer et dans le même temps d'absorber les chocs liés à une éventuelle nouvelle dégradation de la conjoncture en 2009", a déclaré Frédéric Oudéa, directeur général de la banque, à la radio BFM.
Société générale a précisé que la banque n'avait pas utilisé pour ses comptes clos à fin septembre l'assouplissement des normes comptables permettant aux banques de transférer leurs actifs illiquides.
"Nous avons souhaité afficher un résultat clair", a expliqué Frédéric Oudéa.
Pour le trimestre clos au 30 septembre, son résultat brut d'exploitation ressort à 1,4 milliard d'euros, en baisse de 29,5%, pour un produit net bancaire en repli de 5% à 5,1 milliards d'euros.
COÛT DU RISQUE MULTIPLIÉ PAR TROIS
Le coût du risque a été multiplié par trois pour atteindre -687 millions d'euros.
"Ces résultats témoignent de l'entrée de la banque en récession", écrit lundi dans une note de recherche Pierre Chédeville, analyste de Crédit mutuel CIC Securities.
Dans la banque de financement et d'investissement, où se concentre l'essentiel des dépréciations, la banque affiche une perte nette de 244 millions d'euros.
Pierre Chédeville relève que la BFI a enregistré une baisse de son PNB et une perte nette "malgré la bonne performance commerciale des métiers actions et taux".
Les éléments non récurrent s'y élèvent à 1.079 millions d'euros dont 435 millions liés à l'exposition de la banque à Lehman Brothers, la banque d'investissement américaine en dépôt de bilan, et à 453 millions de dépréciations sur les rehausseurs de crédit.
Dans la banque de détail en France, son résultat net ressort en recul de 5,2% à 345 millions d'euros, pour un PNB en progression de 2%.
La banque a rapporté 27.100 ouvertures nettes de comptes sur le troisième trimestre, estimant que l'impact de l'affaire Kerviel, le trader à qui est reproché des positions ayant coûté 4,9 milliards d'euros à la banque en début d'année, "commence à s'estomper".
"Les clients n'ont pas quitté la Société générale", a assuré le directeur général de la banque.
Dans la gestion d'actifs, le groupe a fait état d'une décollecte de 7,9 milliards d'euros entre fin juin et fin septembre, ramenant ses encours sous gestion à 298 milliards d'euros contre près de 375 milliards un an plus tôt.
La banque a confirmé avoir lancé son projet de rapprochement entre ses deux filiales de gestion alternative Sgam Alternative Invesments et Lyxor, précédemment logée dans sa BFI.
ENIÈME TENTATIVE POUR RASSURER LES MARCHÉS
Dans un énième effort pour rassurer les marchés, après avoir vu son action subir une extrême volatilité en raison de nombreuses rumeurs de pertes, la Société générale a décidé vendredi d'avancer de trois jours la publication de ses comptes, initialement prévue pour jeudi.
Lundi et mardi derniers, le titre a plongé de 26% en l'espace de deux séances, avant de regagner du terrain pour limiter sa baisse à 6% sur l'ensemble de la semaine.
Le 13 octobre dernier, elle avait déjà tenté de couper court à ces rumeurs, sans pour autant parvenir à rassurer les marchés financiers.
Elle avait alors indiqué s'attendre à un résultat net d'environ un milliard d'euros avant éléments exceptionnels, assurant que son résultat net serait positif même après la prise en compte de son exposition à Lehman Brothers, chiffrée à 479 millions d'euros.
Matthieu Protard avec la contribution de Julien Ponthus, édité par Pascale Denis
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