par Matthieu Protard et Julien Ponthus

PARIS (Reuters) - Frédéric Oudéa, l'actuel directeur général de Société générale, a été désigné mercredi pour prendre également la présidence de la banque après la démission de Daniel Bouton, la banque renouant ainsi avec ses anciennes pratiques de gouvernance.

Dans un communiqué, la Société générale indique qu'un conseil d'administration se réunira le 24 mai pour modifier la gouvernance de la Socgen et qu'une assemblée générale sera ensuite convoquée pour "ratifier la cooptation" de Frédéric Oudéa comme administrateur.

Les analystes financiers s'étonnent de cette nomination, qui marque à leurs yeux un retour à la structure de gouvernance qui prévalait avant que n'éclate en janvier 2008 l'affaire Kerviel, qui a valu au groupe une perte de trading record de 4,9 milliards d'euros.

A l'époque, la banque avait décidé de scinder les fonctions de directeur général et de président, confiant en mai 2008 la direction générale à Frédéric Oudéa, alors directeur financier, Daniel Bouton ne conservant que la présidence.

"C'est assez surprenant dans la mesure où on revient à l'ancien schéma de gouvernance et que les chantiers en cours pour Frédéric Oudéa sont à ce stade suffisamment lourds pour assumer des responsabilités supplémentaires", commente Eric Vanpoucke, analyste de Sal Oppenheim.

"La scission des fonctions de président et de directeur général a le mérite d'installer un contre-pouvoir pour surveiller le management", souligne un analyste financier qui n'a pas souhaité être nommé, regrettant le "retour en arrière sur le plan de la gouvernance".

La Société générale indique toutefois avoir nommé Anthony Wyand, ancien dirigeant de l'assureur britannique Aviva et déjà administrateur de la banque française, au poste de vice-président, nouvellement créé. Mais les analystes n'y voient pas forcément un contre-pouvoir efficace.

Daniel Bouton reste quant à lui président d'honneur de la banque.

LA NOUVELLE GÉNÉRATION PREND LES PLEINS POUVOIRS

Le choix de Frédéric Oudéa est d'autant plus une surprise que son nom ne figurait pas parmi les quatre candidats les plus évoqués ces derniers jours pour succéder à Bouton, certains observateurs le jugeant encore trop jeune pour cumuler les deux fonctions.

Luc Vandevelde, ancien patron de Carrefour, Jean-Martin Folz, ex-président de PSA Peugeot Citroën et Philippe Lagayette, le vice-président de JP Morgan pour l'Europe, étaient pressentis pour prendre la relève, ainsi qu'Anthony Wyand.

La nomination de Frédéric Oudéa, âgé de 45 ans, confirme en revanche l'arrivée d'une nouvelle génération à la tête de la Socgen.

Outre la démission de Bouton, elle coïncide aussi avec le départ à la retraite de Philippe Citerne, l'ancien bras droit de Daniel Bouton.

Se disant victime d'attaques et de pressions incessantes depuis l'éclatement de l'affaire Kerviel, Daniel Bouton avait annoncé mercredi dernier sa décision d'abandonner son poste de président de la Socgen.

Ouvertement critiqué par le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, pour ne pas avoir immédiatement quitté son poste après le scandale Kerviel, Daniel Bouton avait refait parler de lui fin mars lors de l'attribution de stock options à quatre hauts dirigeants de la banque dont il faisait partie, un projet finalement abandonné face aux critiques qu'il a suscitées.

Comme il l'a lui-même reconnu la semaine dernière en annonçant dans la presse sa démission, son maintien à la tête de la Société générale risquait de nuire à la banque.

L'action Société générale a terminé mercredi en hausse de 3,26% à 43,76 euros. A ce cours, elle a gagné 8,81% de sa valeur depuis le début de l'année mais continue de sous-performer l'indice sectoriel DJ Stoxx des banques européennes en hausse de 13,43% depuis fin 2008.

La banque publie ses résultats du premier trimestre 2009 jeudi à 7h00 heure de Paris.

Avec Sudip Kar-Gupta, édité par Marc Angrand

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