(BFM Bourse) - Depuis le 1er janvier, plusieurs valeurs ayant souffert en 2022 enregistrent un net rebond et la plus forte hausse est signée par STMicroelectronics. En revanche, Orpea et Casino évoluent encore une fois dans les limbes du classement.
Les derniers seront les premiers. C'est un peu l'enseignement du point de parcours sur les gagnants et les perdants du SBF 120 depuis le début d'année.
Le premier trimestre avait débuté en fanfare en janvier, grâce notamment à la réouverture de l'économie chinoise et cette hausse a été quelque peu prolongée en février avec d'excellents résultats d'entreprises. L'élan s'est ensuite brisé en mars avec le mouvement brutal de baisse sur les valeurs bancaires qui a pris fin la semaine dernière. Dans ce contexte "tumultueux", pour reprendre les mots de Deutsche Bank, quelles valeurs du SBF 120 ont le mieux tiré leur épingle du jeu depuis le 1er janvier?
Réponse: des titres qui, pour beaucoup, ont souffert l'an passé, mais ont envoyé des signaux rassurants. Leader du SBF 120 et aussi du CAC 40, STMicroelectronics (+39,22%) avait perdu 24% en 2022, soit la 15e plus forte baisse du CAC 40.
Le rebond de Technip Energies
Le rebond du spécialiste franco-italien des semi-conducteurs s'inscrit dans celui plus large des valeurs technologiques (pour donner un ordre d'idée Meta, la maison-mère de Facebook, reprend près de 80% depuis le début de l'année à Wall Street). La société a aussi été portée par ses résultats annuels supérieurs aux attentes ainsi que par des perspectives pour le premier trimestre jugées rassurantes par le marché, et meilleures que celles de ses concurrents. Son positionnement robuste sur l'automobile, une industrie consommatrice en composants électroniques en raison de son électrification, devrait "améliorer son "pricing power" à moyen terme, estime Bank of America.
A la seconde place figure Solutions 30 (+36,93%). L'ex-PC 30 avait lui aussi sombré en 2022, avec la deuxième plus forte baisse du SBF 120, plombé par un recul de l'activité en France. Mais 2023 semble plus prometteur, le groupe comptant dégager des revenus de 1 milliard d'euros, traduisant une croissance à deux chiffres. "Les nouveaux objectifs du groupe et le discours rassurant du management peuvent permettre un rebond progressif du titre", jugeait à ce titre TP ICAP Midcap au début de l'année.
Le podium est complété par Technip Energies (+35,38%), le groupe d'ingénierie pour l'industrie énergétique issue d'une scission de TechnipFMC, début 2021. La société dirigée par Arnaud Pieton a pâti sur la première partie de 2022 de son exposition au projet de gaz naturel liquéfié Arctic LNG 2, mené par le producteur de gaz russe Novatek. Le groupe a dû se retirer du projet, ce qui a évidemment pesé sur son carnet de commandes (fin 2021 les contrats russes représentaient 23% de ce carnet). Mais depuis l'automne 2022, le groupe a retrouvé de l'allant en Bourse et évolue désormais à des plus hauts historiques.
"L'activité de Technip Energies est bien positionnée pour bénéficier de la croissance de la demande en GNL et en transition énergétique. Nous pensons que l'entreprise est bien financée et qu'elle est en mesure de prendre une part de marché importante dans le domaine des CCUS [les technologies de capture, d'utilisation et de gestion du carbone, NDLR]", jugeait récemment Royal Bank of Canada.
Le supplice boursier sans fin d'Orpea
On notera la bonne tenue des valeurs liées au tourisme avec Accor (+29,51%) et Air France-KLM (+29,61%) qui figurent dans les 10 plus fortes hausses, grâce en partie à la réouverture de la Chine. Par ailleurs, Atos échoue de peu à accrocher le top 10 des plus fortes hausses, alors que le groupe évoluait encore en tête du classement la semaine dernière. Mais la décision d'Airbus d'abandonner les discussions pour prendre une participation minoritaire dans Evidian, future filiale d'Atos, a plombé son cours de Bourse.
Du côté des baisses, on retrouve cette fois deux groupes qui eux ont au contraire prolongé leur mauvais parcours de 2022. Orpea (-68,83%), qui subit un calvaire boursier depuis plus d'un an et la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs, a annoncé en janvier une restructuration financière qui se traduira par une méga-dilution de plus de 99% pour ses actionnaires actuels. La chute du titre n'en est que plus logique.
Casino (-37,55%), pour sa part, paie cash des résultats financiers faibles, avec environ 900 millions d'euros de trésorerie brûlée sur son périmètre français l'an passé. Moody's a récemment dégradé la note de crédit du groupe et s'attend à ce que la société consomme encore du cash à moyen terme. Sa maison-mère Rallye a elle annoncé qu'elle allait tenter d'aménager avec ses créanciers son plan de sauvegarde. Ce qui s'annonce difficile vu le resserrement des conditions financières qui risque d'inciter les banques à la prudence…
La troisième plus forte baisse est accusée par OVHcloud (-31,91%), le spécialiste des services informatiques dématérialisés ayant pâti de la hausse des taux d'intérêt et de la dégradation du contexte macroéconomique. Le groupe a aussi été miné par la vente d'un bloc d'actions de la part des fonds KKR et TowerBrook.
L'autre exploitant de maison de retraites, Korian (-31,72%), a été entraîné dans le sillage d'Orpea et termine au pied du "podium" des plus fortes baisses. Le marché s'inquiète des opérations de refinancement du groupe avec environ 900 millions d'euros de passif qui vient à échéance cette année et à peine moins en 2024.
Suit Euroapi (-21,73%), qui a perdu son statut de chouchou du marché après un revers sur la production en Hongrie et le décalage d'une année de son objectif de rentabilité à moyen terme.