(BFM Bourse) - À l'issue de sa revue trimestrielle des indices, le conseil scientifique d'Euronext a opté pour le statu quo sur le CAC 40. Sur le SBF 120, Eutelsat et OVH reviennent tandis que Beneteau et Maurel et Prom sortiront.
La composition du CAC 40 restera inchangée pour au moins trois mois. Le conseil scientifique d'Euronext, organe qui décide d'intégrer ou sortir des valeurs des indices de la Bourse de Paris, a opté pour le statu quo à l'issue de sa dernière revue trimestrielle, tenue ce jeudi 12 juin.
En revanche, deux changements s'opéreront sur le SBF 120, le deuxième grand baromètre de la place parisienne. Le spécialiste des services d'informatique dématérialisée OVHcloud va revenir dans l'indice, après l'avoir quitté en juin 2023, de même que l'opérateur de satellites Eutelsat, sorti du SBF 120 en décembre dernier. À contrario, le constructeur de bateaux de plaisance Beneteau quittera le SBF 120 tout comme que le producteur de pétrole Maurel & Prom.
Ces changements seront effectifs à la clôture du vendredi 20 juin. Les actions en question seront ainsi intégrées au SBF 120 lors de la séance du lundi 23 juin.
Depuis le début de l'année OVHcloud et Eutelsat ont connu des parcours boursiers agités, liés indirectement à la politique de Donald Trump.
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OVHcloud face aux "hyperscalers"
OVHcloud, s'adjuge 60% depuis le début le 1er janvier. Son action a été portée par des spéculations quant à des mesures de la part de l'Union européenne à l'encontre des géants américains du numérique.
Dont les concurrents dans le cloud d'OVHcloud, les "hyperscalers" (Google Cloud, Amazon Web Services, Azure de Microsoft). Une taxation de ces services a été évoquée par les autorités françaises et allemandes. Après ces déclarations, le titre avait pris 45% en cinq séances.
"Une telle décision pourrait affaiblir, la part de marché ultra-dominante de Amazon, Microsoft et Google dans les services cloud en Europe", estimait Oddo BHF dans une note.
Les services numériques des groupes américains sont largement utilisés par les entreprises européennes et une taxation aurait pu amener ces mêmes entreprises et les États à privilégier des offres européennes dont la compétitivité relative aurait été améliorée. OVHcloud, un des plus grands groupes européens des services cloud, pourrait donc tirer parti de "ces décisions politiques", jugeait Oddo BHF.
TP ICAP Midcap se montrait bien plus sceptique estimant au contraire que les mesures envisagées par les Européens ne changeraient guère la donne en termes de concurrence et ne bénéficierait ainsi pas à OVHcloud. Stifel partageait quelque peu ce dernier avis, notant que la société pâtit d'une image "low-cost" auprès des clients.
L'éphémère méga-hausse d'Eutelsat
Eutelsat a de son côté connu une envolée invraisemblable. Au plus fort de son aberrant rallye, le titre affichait une progression de plus de 200% sur l'ensemble de 2025 avec trois séances consécutives de fortes hausses (+68% puis +77% et +119,8%).
Ce mouvement avait été alimenté par des spéculations liées aux tensions diplomatiques entre les États-Unis et l'Europe, et à la proximité d'Elon Musk avec le président américain, Donald Trump. Le marché a anticipé un surcroît de commandes pour les opérateurs européens de satellites pour contourner le système Starlink d'Elon Musk en Europe.
"Au cours des deux derniers jours, le cours de l'action Eutelsat est passé de 1,20 euro à 3,57 euros (+197 %), étant donné qu'Eutelsat (avec ses homologues européens) pourrait fournir une connectivité satellitaire supplémentaire en Ukraine et constituer une alternative crédible à Starlink", remarquait début mars Deutsche Bank.
"Les tensions géopolitiques actuelles ont créé une brèche pour que la constellation OneWeb d'Eutelsat soit fortement utilisée pour les services de communication de défense, et les gouvernements européens ont mis davantage l'accent sur ce sujet", remarquait de son côté Alphavalue.
On soupçonne également que des paris d'investisseurs particuliers aient accentué le bond d'Eutelsat.
Ces espoirs ont toutefois sérieusement fait "pschitt". Par rapport à ses plus hauts de début mars, l'action de l'opérateur de satellites a rechuté de 75%.
Il faut dire que la situation financière de la société n'est pas très enviable. Au début de l'année, Moody's a abaissé la note de crédit de la société, citant notamment "la visibilité réduite sur la capacité d'Eutelsat à renouer avec la croissance des bénéfices, la pression continue sur le cash-flow libre compte tenu des besoins d'investissement importants, et les besoins de refinancement importants en 2027 à un moment où le coût de financement a augmenté de manière significative".
"Pour rappel, alors que la société est en flux de trésorerie négatifs, Eutelsat doit financer pour 4 milliards d'euros d’investissements sur 2026-2031 pour développer la constellation Iris² et remplacer la constellation OneWeb", notait de son côté en mai Oddo BHF. "Le directeur confirme travailler activement sur un plan de refinancement dont une option est un montant 'significatif de recapitalisation'", ajoutait le courtier. Oddo BHF estimait qu'une augmentation de capital était "plus probable que jamais" et jugeait idéal un montant de 1,5 milliard d'euros.
"Un plan de financement clair, ainsi qu'une stratégie visant à améliorer les revenus de la division des services au gouvernement sont maintenant nécessaires pour que l'action monte", tranchait de son côté Alphavalue, également en mai.