(BFM Bourse) - L'équipementier et motoriste aéronautique a livré ses perspectives de moyen terme avec des objectifs très éloignés des attentes. Point positif toutefois: la société compte racheter pour 5 milliards d'euros d'actions entre 2024 et 2028.
Safran n'a guère habitué le marché aux déceptions. Réputé pour sa solide exécution, le motoriste et équipementier aéronautique est à la lutte, ces derniers mois, avec Schneider Electric, pour signer la meilleure performance du CAC 40 sur l'ensemble de 2024.
Le groupe dirigé par Olivier Andriès risque toutefois de se faire distancer par la société d'infrastructures électriques dans la dernière ligne droite, à la suite de la baisse de ce jeudi.
Safran accuse de très loin le plus fort repli de l'indice parisien, cédant 5,1% vers 11h30, alors que le CAC 40 progresse de 0,37% au même moment.
Le marché sanctionne les annonces du groupe qui a livré, en amont de sa journée dédiée aux investisseurs, ses objectifs à court et moyen terme.
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Bénéficier de l'essor du trafic aérien
Safran a confirmé ses perspectives 2024. L'équipementier a également communiqué des objectifs préliminaires pour l'an prochain, tablant sur une croissance de ses revenus d'environ 10%, sur un résultat opérationnel courant situé entre 4,7 milliards et 4,8 milliards d'euros (contre 4,1 milliards attendus cette année) et sur un flux de trésorerie libre compris entre 2,8 milliards d'euros et 3 milliards d'euros.
Ce dernier montant tient compte d'un impact négatif de 320 millions à 340 millions d'euros lié à la hausse temporaire d'impôt sur les sociétés en France qui était prévue dans le projet de loi de finances pour 2025. Cette mesure risque toutefois d'être renvoyée aux calendes grecques après la censure du gouvernement votée mercredi soir.
À l'horizon 2028, cette fois, Safran s'attend à dégager une croissance annuelle moyenne de 7% à 9% , grâce à "la croissance du trafic aérien, les budgets de défense, la montée en cadence de la production, et les prix", explique la société. Rappelons que l'activité de Safran est très dépendante du trafic aérien. Le groupe tire le gros de sa rentabilité de ses juteux services d'après-vente (maintenance, révision, ventes de pièces détachées) qui sont liés aux visites dans ses ateliers, et donc aux des cycles de vols des avions utilisés par les compagnies aériennes.
Safran compte par ailleurs atteindre un résultat opérationnel courant situé entre 6 milliards et 6,5 milliards d'ici à 2028, traduisant une croissance moyenne de 13% par an. La société a assigné des objectifs de marges opérationnelles courantes à chacune de ses divisions.
La propulsion devra dépasser un taux de 20% chaque année, avec la montée en puissance des activités de services pour les moteurs Leap. Ces moteurs constituent la nouvelle génération vendue par CFM international, sa coentreprise avec General Electric. Ils équipent les 737 max de Boeing ainsi que la famille A 320 neo d'Airbus, et ont succédé au CFM 56, le moteur d'avions le plus vendu au monde.
La division défense devra atteindre une marge opérationnelle courante d'environ 15% en 2028 tandis que le taux s'inscrit à 10% pour les équipements d'intérieurs d'avions.
Une prudence plus grande que d'ordinaire
Concernant sa génération de cash, Safran compte dégager un flux de trésorerie disponible cumulé sur la période 2024-2028 de 15 milliards d'euros à 17 milliards d'euros. En termes d'allocation du capital, l'entreprise a annoncé sa volonté de racheter pour 5 milliards d'euros d'actions sur la période 2025-2028.
Reste que tous ces objectifs s'avèrent bien éloignés des attentes. Jefferies note que la cible de résultat opérationnel courant est inférieur de 10% au consensus en milieu de fourchette. Pour la génération de trésorerie, l'écart est même de 22%. La banque note toutefois que les rachats d'actions de 5 milliards d'euros représentent "le seul point positif de cette publication".
"À première vue, ces objectifs peuvent en décevoir plus d'un, en particulier parce que les attentes du consensus s'étaient ajustées au cours des derniers mois à la suite des commentaires de Safran selon lesquels la reconnaissance des marges sur les activités de services de Leap se ferait en fin de période (plus de 80% de cette marge sera reconnue après 2028, NDLR). Mais n'oublions pas que Safran est traditionnellement prudent dans la fixation d'objectifs à moyen terme", nuance Oddo BHF.
"La direction de Safran est connue pour sa prudence, mais les objectifs financiers pour 2028 divulgués ce matin ont dépassé les niveaux historiques de prudence de Safran", juge de son côté Barclays.
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