(BFM Bourse) - La banque a relevé son opinion à l'achat sur l'équipementier et motoriste aéronautique, voyant un point d'entrée avec la baisse du titre survenue depuis début décembre. Jefferies anticipe une importante progression du bénéfice par action sur les prochaines années et estime que la société est trop prudente dans ses prévisions de visites dans ses ateliers.
Deuxième plus forte hausse du CAC 40 l'an passé (+33,01%), Safran a toutefois connu un trou d'air, fin 2024. Le 5 décembre, le titre de l'équipementier et motoriste aéronautique a chuté de 7,3%.
La société avait alors dévoilé des cibles de cash et de rentabilité décevantes dans le cadre de sa journée dédiée aux investisseurs. L'action n'a, depuis, pas retrouvé son cours antérieur à ces annonces, évoluant encore en retrait de 4% (à la clôture de lundi).
Pour Jefferies, ce repli constitue un point d'entrée sur une action de grande qualité. La banque a relevé, lundi soir, son conseil sur le titre à "acheter", contre "conserver" précédemment, et a rehaussé son objectif de cours à 260 euros contre 230 euros auparavant. Ce qui confère, au cours de clôture de lundi, un potentiel de près de 19% à l'action.
Ce changement de recommandation porte Safran qui signe l'une des hausses les plus fortes du CAC 40 ce mardi, prenant 2,8% vers 15h30 ce mardi 14 janvier.
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Un cours en soldes
Jefferies souligne que Safran n'est plus une action aussi chère que par le passé. Le titre s'échange désormais moins de 20 fois le résultat opérationnel attendu et sa prime par rapport aux actions des autres groupes d'aéronautique civile évolue à un plus bas historique. De plus, l'action pâtit d'une décote de 20% par rapport à son partenaire General Electric (avec qui il co-détient la société CFM International), un niveau jugé "important" par la banque.
Safran affiche ainsi une valorisation relativement basse alors que l'entreprise est vouée à connaître une amélioration sensible de son bénéfice par action. Jefferies retient dans ses prévisions une croissance moyenne de 21% par an pour la période 2023-2028.
Cette croissance des bénéfices sera notamment portée par les perspectives robustes des services d'après-vente, notamment dans les moteurs. Safran tire, en effet, le gros de sa rentabilité sur ces activités qui englobent la maintenance, les réparations, la révision et les ventes de pièces détachées. Les résultats de Safran sont en conséquence dépendants des visites des compagnies dans ses ateliers et par ricochet du trafic arien et des cycles de vol des avions.
Sur ce point, Jefferies estime que la direction de Safran s'avère trop prudente - la société est connue pour son conservatisme dans ses prévisions - dans ses perspectives. Le groupe a indiqué, lors de sa journée dédiée aux investisseurs, tabler sur des visites en ateliers qui passeraient sous les 2.000 unités en 2028 pour son moteur CFM56, le moteur d'avions le plus vendu au monde . Ce qui paraît trop peu aux yeux de la banque dans la mesure où les heures de vols sur les moteurs CFM 56 âgés de 5 ans à 19 ans (et donc éligibles à une visite d'atelier) ont progressé de 20% en 2024 par rapport à 2019, année précédant la pandémie de Covid-19.
La montée en puissance du Leap
Si les visites en atelier pour les moteurs CFM56 devraient effectivement atteindre un pic en 2025-2026, Jefferies s'attend à ce qu'elles soient ensuite plus résilientes que dans les prévisions de la direction. La banque estime par ailleurs que les prix ("pricing") pourraient par ailleurs compenser en partie le repli des volumes après ce pic de 2025-2026.
Au-delà du moteur CFM56, les résultats de Safran seront tirés par la contribution progressive aux revenus et aux marges du moteur Leap. Ce moteur de nouvelle génération a succédé au CFM56 et équipe la famille d'avions 737 Max de Boeing et la famille A320 neo d'Airbus.
Safran commencera à reconnaître des bénéfices sur ce moteur en 2025 pour le Leap 1-A (Airbus) et en 2026 pour le Leap 1-B (Boeing). Le groupe table sur une forte hausse des revenus tirés de ce moteur en lien avec la montée en puissance de sa production. Les visites en ateliers passeraient de moins de 1.000 en 2023 à environ 3.000 en 2028 et 5.000 en 2040. À cette dernière date, les revenus de Safran tirés des services d'après-vente auront doublé.
"Le Leap n'arrive que maintenant à maturité et a représenté un moteur majeur de la croissance de l'AM (les services d'après-vente NDLR) civil en 2024", souligne Jefferies.
En dehors de ces perspectives d'activité favorables, Jefferies souligne des effets de changes bénéfiques pour le groupe avec l'appréciation du dollar ainsi que l'absence de catalyseur à la baisse pour la société maintenant que la journée dédiée aux investisseurs est passée.
De plus, l'imminence de la signature par la marine indienne du contrat d'achat de 26 avions Rafale devrait générer du cash supplémentaire pour Safran. Le groupe, qui fournit le moteur M88 de l'avion et divers équipements (sièges éjectables, câblages, système d'atterrissage et de freinage...), touchera en effet une partie de l'acompte versé par les autorités indiennes. Ce qui, selon Jefferies devrait arriver au premier semestre.
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