(BFM Bourse) - La banque américaine a abaissé sa recommandation sur l'opérateur télécoms à "pondération en ligne" contre "surpondérer" précédemment. L'établissement estime que l'intensification de la concurrence en France est de mauvais augure pour son principal indicateur de rentabilité, qui pourrait reculer l'an prochain dans l'Hexagone.

Orange est lanterne rouge du CAC 40 ce mercredi. Le groupe télécoms accuse une baisse de 2,9% vers 16h40 quand l'indice parisien connaît une assez belle séance (+0,8%).

Orange est pénalisé par Morgan Stanley qui a abaissé son opinion sur le titre à "pondération en ligne" contre "surpondération" auparavant, ce qui revient à passer d'"acheter" à "neutre". L'établissement a également ajusté sa cible à 12,5 euros contre 15 euros précédemment.

La banque américaine explique que le destin boursier d'Orange est avant tout lié à son activité en France, qui représente 57% de sa valeur boursière. Et plus particulièrement au grand indicateur du groupe, c'est-à-dire son Ebitdaal (le résultat brut d'exploitation après loyers), en France.

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Une concurrence qui s'intensifie

"Nous pensons que la génération d'une croissance positive significative de l'Ebitdaal dans les activités nationales du groupe est la clé de la surperformance et de l'évolution du cours de l'action, et qu'elle est presque certainement l'indicateur avancé numéro un du groupe", résume la banque.

Or l'Ebitdaal d'Orange en France peine à progresser, Morgan Stanley attendant une croissance de seulement 0,4% en 2024, malgré des éléments favorables, tels que de moindres coûts de l'énergie, et des hausses de prix.

Surtout, la banque juge que l'évolution de cet indicateur risque de repasser dans le rouge en 2025, attendant une baisse de 1,5% l'an prochain et de 1,1% en 2026.

Si Orange bénéficie de son réseau très performant, de sa marque forte et d'une base de clients fidèles "nous pensons que de nouvelles offres convaincantes de la part de la concurrence pèseront" sur l'activité, écrit Morgan Stanley.

En octobre, Bouygues Telecom a notamment lancé sa marque "B.iG" qui propose des abonnements fixe + mobile pour la famille, avec jusqu'à 10 lignes par foyer. Ce qui permet d'effectuer des économies allant de 15% à 50% sur le mobile, calculait Oddo BHF. Free (Iliad) avait quelques jours plus tôt lancé lui aussi une offre familiale.

Stifel voyait alors dans ces annonces "le retour de stratégies de tarification axées sur les parts de marché, donnant la priorité aux volumes plutôt qu'aux marges".

Dynamique sous pression

Morgan Stanley rappelle qu'historiquement les clients ont pris leurs décisions d'achats sur les abonnements combinant mobile et fixe en fonction de la qualité de l'offre fixe, avant d'y ajouter des forfaits mobiles.

"Cependant, nous pensons que le lancement récent d'offres mobiles multi-SIM aussi convaincantes (par les concurrents) pourrait modifier le processus de prise de décision du consommateur français de télécoms où le mobile pourrait devenir de plus en plus le principal facteur de décision du client", explique-t-elle.

"Bien que nous nous attendions à une perte limitée d'abonnés, nous pensons qu'une certaine érosion de l'ARPU (le revenu moyen par utilisateur, NDLR) est à craindre" pour Orange, juge Morgan Stanley.

En conséquence, la dynamique d'Orange sur ses revenus en France devraient se retrouver "sous pression", anticipe la banque. De plus Morgan Stanley s'attend à ce que le coût de rétention des clients en France augmente l'an prochain. "Une simple augmentation d'un point de pourcentage de ce ratio de coût - que nous considérons comme possible - diluerait l'Ebitdaal français de - 2,8%", explique la banque.

Si Orange offre un rendement attrayant en termes de dividendes, l'établissement considère que la société ne présente pas de catalyseur boursier. D'autant qu'une consolidation des opérations du secteur en France, un vieux serpent de mer, paraît "peu probable", juge Morgan Stanley.