(BFM Bourse) - Coty s'est effondré de 16,5% dans les échanges post-marché mercredi soir après avoir publié une croissance et des perspectives décevantes. Estée Lauder a de son côté vu son action reculer de 3,7%, lesté par plusieurs points noirs dans ses résultats. Les enseignements à tirer pour L'Oréal sont "aux mieux mitigés", juge UBS.
Si L'Oréal a passé avec un certain brio l'épreuve des résultats semestriels, fin juillet, en livrant des indications encourageantes sur l'accélération de sa croissance pour la seconde partie de l'année, difficile d'en dire autant pour ses grands rivaux.
L'allemand Beiersdorf, notamment connu pour ses marques Nivea et Labello, avait déjà glacé les investisseurs, chutant de 8,4% le 6 août dernier après avoir annoncé des ventes décevantes au deuxième trimestre et abaissé ses perspectives pour l'exercice en cours.
Les comparables américains de L'Oréal, à savoir Estée Lauder et Coty, deux groupes de parfums et de cosmétiques, ne connaissent guère meilleure fortune.
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Estée Lauder ne répond pas aux attentes
Mercredi, Estée Lauder (Balmain, Mac, Tom Ford) a vu son action reculer de 3,7% après avoir communiqué les résultats du quatrième trimestre de son exercice 2024-2025, clos fin juin, et livré ses objectifs pour l'exercice en cours.
L'entreprise a publié une baisse de ses ventes plus prononcée que prévu par le consensus (la prévision moyenne des analystes), avec un repli de 13% en données comparables contre 12% attendu. La société a particulièrement souffert en Chine et dans le "travel retail" (les ventes détaxées dans les aéroports). Sa performance dans la zone "Amériques" continue, par ailleurs, d'être terne avec une baisse des revenus de 5% en données comparables.
Pour le prochain exercice, la société table sur un chiffre d'affaires en progression de 0% à 3% en données comparables.
"Les résultats du quatrième trimestre, qui n’ont pas été aussi solides que certains l’avaient prévu, ont pesé sur l’action aujourd’hui (mercredi, NDLR)", souligne Deutsche Bank. "De même que des décalages entre le niveau des expéditions et celui de ventes aux consommateurs en Amérique du Nord (ce qui durera jusqu'au premier trimestre de l'exercice clos en 2026), les signes d’une augmentation de la faiblesse du marché en Europe, un taux d’imposition plus haut qu'il ne l'aurait fallu pour l’exercice clos en 2026 (environ 36%) et des flux de trésorerie pour l’année prochaine qui seront grevés par les coûts de restructuration", énumère l'établissement allemand.
Coty souffrira encore ces prochains mois
Mercredi soir après la clôture de Wall Street, Coty a à son tour publié les résultats du quatrième trimestre de son exercice 2025-2026 ainsi que ses perspectives.
Le groupe connu pour ses articles de beauté (maquillage Bourjois, crèmes Lancaster) et ses parfums sous licence (David Beckham, Hugo Boss, Burberry, Davidoff), a été lourdement puni.
Le titre a perdu 16,5% dans les échanges post-marché à Wall Street et l'action peine à afficher un cours à la Bourse de Paris, où Coty est également coté.
Coty a vu ses revenus chuter de 9% en données comparables sur le dernier trimestre de son exercice et a accusé une perte par action de 5 cents.
L'entreprise avait indiqué tabler sur un repli de ses ventes "high single digit", c'est-à-dire de 6% à 9%. La société a notamment évoqué des "vents défavorables" aux États-Unis et des "pressions" sur les cosmétiques grand public.
Au niveau de ses perspectives, Coty a indiqué tabler pour le premier trimestre de son exercice 2025-2026 sur un repli de ses ventes de 6% à 8% en données comparables, alors que le consensus attendait une baisse de 2,8% selon Bloomberg, puis de 3% à 5% au deuxième trimestre avant un retour à la croissance prévu au second semestre du même exercice.
"La demande des consommateurs en produits de beauté reste solide, notamment pour les parfums, tous prix et formats confondus. Parallèlement, l'incertitude macroéconomique et tarifaire générale alimente une prudence des détaillants dans leurs commandes et un environnement concurrentiel plus promotionnel", a expliqué la société.
Coty a notamment pointé des déstockages chez les distributeurs, qui se traduisent par un important écart entre le "sell-in" (ventes d'un producteur à un distributeur) et le "sell-out" (ventes au consommateur final), même si cet écart commence à se réduire.
L'Oréal face à un marché plus imprévisible
À la Bourse de Paris, l'action L'Oréal est quelque peu lestée par les publications de ses rivaux américains. Le titre perd 1,44% vers 11h20, accusant l'un des replis les plus prononcés du CAC 40.
Pour UBS, les enseignements à tirer pour L'Oréal des annonces de Coty et Estée Lauder, sont "au mieux mitigés".
La banque suisse rappelle que le groupe tire environ 37% de ses revenus des parfums et du maquillage.
"D’un coté, L’Oréal surpasse clairement Estée Lauder et Coty, ce qui témoigne d’une exécution constamment plus forte par rapport à ses pairs, avec des progrès supplémentaires attendus au second semestre, L’Oréal augmentant le nombre de lancements de nouveaux produits", observe UBS.
"De l'autre, les perspectives fournies par Estée Lauder et Coty rappellent que l’industrie de la beauté est devenue plus volatile et imprévisible par rapport aux années précédentes, que les ajustements soudains des stocks des détaillants peuvent donner lieu à des différences importantes entre le 'sell-in' et le 'sell-out' et, dans l’ensemble, que la concurrence continue de s’intensifier", ajoute l'établissement helvétique.
Rappelons que L'Oréal devra accélérer sa croissance sur la deuxième partie de 2025 pour se montrer à la hauteur des espoirs suscités par sa dernière publication auprès des investisseurs.
Les bureaux d'études se montrent optimistes sur le sujet, HSBC tablant sur une croissance de 5% en données comparables pour le groupe au second semestre, après 3% au premier, tandis qu'UBS retient un taux de 5,5%.
Mais les deux banques s'accordent à dire que cette accélération ne suffira pas à porter davantage le titre L'Oréal, car le marché l'a déjà intégrée.
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