(BFM Bourse) - Le groupe de cosmétiques a sous-performé le CAC 40 cette année en raison d'une croissance moins impressionnante que par le passé. Bank of America estime toutefois que la société accélérera sa dynamique en 2026 et prendra à revers les plus pessimistes.
L'Oréal s'apprête à achever 2025 avec quelques rides sur son parcours boursier. Le groupe de cosmétiques s'adjuge, certes, 7% depuis le 1er janvier. Mais cette hausse traduit une nette sous-performance par rapport au CAC 40 (+10,5%) alors que l'indice parisien est lui-même à la traîne de nombre de ses pairs européens.
La société dirigée par Nicolas Hieronimus n'a pas su satisfaire des attentes du marché nécessairement élevées au vu des standards de L'Oréal. La surperformance de L'Oréal par rapport à la croissance du marché de la beauté a diminué et sa croissance organique (c'est-à-dire en données comparables) s'est affaissée.
Au titre du troisième trimestre notamment, le groupe a livré une progression de ses revenus inférieures aux attentes. Ce qui avait alors jeté un doute sur les espoirs d'accélération de la croissance de l'activité sur la seconde partie de 2025.
Le directeur général de la société, Nicolas Hieronimus, avait par ailleurs tenu un discours prudent sur la croissance du marché de la beauté pour la fin d'année. "Nous croisons les doigts", avait-il affirmé, ajoutant que beaucoup dépendrait de la saison des fêtes aux États-Unis et du 11 novembre en Chine, c'est-à-dire "la journée des célibataires", évènement au cours duquel les achats des Chinois battent tous les records.
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Des analystes moins convaincus globalement
Ces commentaires "ont manqué de convictions et nous pensons que le marché aurait probablement souhaité davantage de visibilité", tranchait Deutsche Bank.
Le groupe a organisé ensuite une série d'évènements avec les investisseurs fin novembre et début décembre. Barclays souligne notamment que le directeur financier, Christophe Babule, avait alors livré un message encourageant sur les tendances aux États-Unis et en Chine, notamment concernant la "journée des célibataires".
Pour autant, les analystes demeurent prudents sur le potentiel de L'Oréal. Citi a un conseil à "neutre", UBS à "neutre", Jefferies est à "sous-performance", Barclays à "sous-pondérer", Deutsche Bank à "vendre". Leurs griefs portent notamment sur la valorisation de la société jugée exigeante.
Dans une note publiée il y a deux semaines, Bank of America résume assez bien la situation. Actuellement, 43% des analystes suivant la valeur recommandent de l'acheter, un taux faiblard pour un groupe du CAC 40, et en baisse de près de dix points de pourcentage par rapport à décembre 2024 (52%). Par ailleurs, 20% des analystes conseillent de vendre le titre, soit plus du double qu'en septembre dernier.
Un marché de la beauté paré pour redécoller en 2026 ?
Bank of America a, elle, une conviction prononcée sur L'Oréal. La banque recommande non seulement d'acheter le titre, mais l'établissement a aussi placé la valeur dans ses listes "25 for 2026" et "Europe 1", c'est-à-dire sa sélection de valeurs préférées du Vieux continent.
Son objectif de cours à 440 euros accorde un potentiel d'environ 20% au titre au cours actuel.
Bank of America estime que le marché de la beauté reprendra de l'allant en 2026, la banque retenant une croissance de 4,9%, soit environ deux fois celle de 2025. "Cela sera stimulé par une amélioration de l'écosystème en Chine et des vents favorables aux États-Unis", avance l'établissement.
En Chine, la banque anticipe une progression de 8% du marché de la beauté en 2026 et s'attend à ce que les marques internationales, qui ont récemment regagné des parts de marché, surperforment les marques chinoises.
Pour les États-Unis, Bank of America attend une progression du marché de 4% après 2% en 2025. Les hausses de prix liés aux droits de douane américains devraient soutenir la croissance d'ici à l'été 2025. La banque s'attend à ce que la catégorie luxe, notamment les parfums, affiche de meilleures performances que les produits de grande consommation.
Ce, en raison de la trajectoire en K de l'économie américaine. Cette trajectoire traduit le fait que la classe moyenne et aisée s'enrichit quand les plus modestes subissent de plein fouet le ralentissement de l'emploi américain.
Dans ce contexte, L'Oréal a "la formule gagnante", estime Bank of America. Le groupe devrait accélérer sa croissance, Bank of America tablant sur une progression organique de ses revenus de 6,3% au quatrième trimestre 2025, après 3,4% sur les neuf premiers mois de 2025. Pour 2026, Bank of America retient un taux de croissance de 5,4% après 4,1% en 2025.
"Stimulus beauté"
Cette accélération de la croissance de la société devrait permettre un "rerating" de l'action, c'est-à-dire une amélioration des multiples boursiers.
La banque estime également que le "stimulus beauté" de L'Oréal portera son activité. Ce plan lancé l'an dernier prévoit un nombre élevé de lancements de produits innovants dans différentes catégories. Au troisième trimestre, ce plan a ajouté 70 points de base (0,7 point de pourcentage) de croissance. Nicolas Hieronimus a indiqué que cette contribution devrait augmenter au quatrième trimestre, avec davantage de nouveaux parfums disponibles et quelques "munitions que nous n'avons pas encore chargées".
Au passage, Bank of America conteste plusieurs arguments avancés par les "bears", c'est-à-dire, les opérateurs de marché ayant une opinion baissière sur le titre.
Premièrement, la valorisation du groupe qui est jugée trop élevée par certains investisseurs.
Avec la récente baisse du titre, L'Oréal s'échange désormais autour de 27 fois ses bénéfices attendus pour 2026, proche de ses plus bas historiques, remarque Bank of America. Et, le groupe de cosmétiques évolue actuellement sur des multiples en ligne avec ceux de LVMH (contre une prime historique moyenne de 30%).
Autre reproche adressé par les plus pessimistes à L'Oréal: le fait que sa croissance surperforme moins celle du marché de la beauté. Bank of America nuance. Certes, la croissance de la société devrait représenter 1,1 fois celle du marché en 2024-2025 contre un multiple historique de 1,4 fois.
Toutefois, en ne prenant que les groupes cotés du secteur (soit 26 entreprises), la croissance de L'Oréal a atteint 1,5 fois la moyenne de ce même secteur au troisième trimestre, multiple qui passe même à 6 au titre du premier semestre 2025.
Le groupe a ainsi "généré autant de revenus supplémentaires que l'ensemble du reste du secteur de la beauté coté en Bourse", fait valoir Bank of America.
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