(BFM Bourse) - Le titre du groupe de luxe contrôlé par la famille Pinault accélère après son point d'activité du troisième trimestre. L'action remonte ainsi à son plus haut niveau depuis la publication trois mois auparavant de résultats semestriels jugés décevants, pénalisés notamment par l'amende record infligée par le fisc italien.

Très en retard depuis le début de l'année en termes de performance boursière face à LVMH et encore plus à Hermès, le titre Kering va-t-il profiter de l'annonce d'un solide chiffre d'affaires trimestriel pour combler une partie de son retard ? Le propriétaire de Gucci, Brioni, Boucheron ou encore Ulysse Nardin bondit de 8,91% à 514,79 euros vendredi vers 10h45, effaçant ainsi le retard pris depuis le 26 juillet dernier (-7% ce jour-là) lorsque Kering avait fait état de résultats à fin juin inférieurs aux attentes des analystes.

Le résultat net part du groupe s'était notamment établi à 579,7 millions d'euros, soit plus de quatre fois moins que le bénéfice net enregistré lors du premier semestre 2018 (2,34 milliards d'euros). Ce bénéfice avait été pénalisé par la charge d’impôt exceptionnelle liée à la transaction de 1,25 milliard d'euros destinée à éteindre le litige avec le fisc italien et la non-récurrence d'une plus-value exceptionnelle de 1,17 milliard d'euros sur Puma comptabilisée l'année précédente.

Ce vendredi, le marché a contrario se concentre sur les bonnes nouvelles présentées par le groupe. Dans un communiqué publié jeudi soir, Kering a indiqué avoir enregistré au troisième trimestre un chiffre d'affaires de 3,885 milliards d'euros, en expansion de 14,2% en données publiées, soit +11,6% de croissance sur une base comparable (à taux de changes et périmètre constants). Les investisseurs apprécient surtout le fait que toutes les maisons contribuent à cet essor, Bottega Veneta ayant renoué avec la croissance sur la période.

Bonne pioche pour Bottega Veneta

En 2018, cette maison vénétienne rachetée en 2001 par Kering (ex-PPR) avait vu ses ventes décliner de 3,4% et son résultat opérationnel fondre de 17,7%, incitant le groupe à remplacer le directeur de la création historique, Tomas Meier, par un jeune designer britannique, Daniel Lee.

Un changement très bien accueilli des mordus de la mode dès la présentation de la première collection de Lee lors de la Fashion Week milanaise cet hiver, et qui se répercute désormais très favorablement dans les ventes. En recul de 8,9% en données comparables au premier trimestre, de -3,8% pour les six premiers mois, le chiffre d'affaires de Bottega Veneta s'est inscrit en hausse de 6,9% au troisième trimestre, à 284,3 millions d’euros. "Les collections de Daniel Lee ont rencontré un accueil exceptionnel tant de la part des clients historiques que des nouveaux clients", selon groupe.

La locomotive Gucci toujours au top

"Nos ventes ont à nouveau enregistré une forte croissance ce trimestre, et toutes nos activités y ont contribué. Nos performances, au-delà des impressionnantes bases de comparaison établies ces deux dernières années, sont saines et bien équilibrées entre nos différentes Maisons", a pu se féliciter François-Henri Pinault, cité dans le communiqué de Kering.

Pour les autres principales marques, Gucci a enregistré une croissance de +10,7% en comparable sur le trimestre (par rapport à une base de comparaison de plus en plus élevée mécaniquement) à 2,375 milliards d'euros, et Yves Saint Laurent une progression de 10,8% à 506,5 millions d'euros, tirée par l’ensemble des zones géographiques.

L'ensemble des autres maisons du groupe a généré 612,3 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulé, en augmentation de +16,3% en comparable.

Du retard en Bourse cette année par rapport à LVMH et Hermès

Enfin le poste "corporate", qui inclut notamment les ventes de Kering Eyewear (collections de lunettes Gucci, Cartier et Saint Laurent) a progressé de 24,8% à 106,8 millions d'euros.

"Nous consolidons notre trajectoire de croissance, et investissons de manière continue et ciblée. Face à un environnement mondial de plus en plus complexe, nous sommes pleinement confiants dans notre capacité à réaliser des performances soutenues dans la durée" a indiqué le PDG en guise de perspectives (comme les autres groupes de luxe tricolores, Kering ne fournit à aucun moment d'objectifs chiffrés).

Grâce au rebond du jour, l'action Kering affiche près de 15% de gains depuis le début de 2019, laissant encore une marge substantielle face à LVMH (+31%) et Hermès International (+46%).