(BFM Bourse) - Kering brille mercredi en Bourse après avoir dévoilé un quatrième trimestre supérieur aux attentes, aboutissant à un un nouvel exercice record notamment en termes de rentabilité. Cependant, l'ex-PPR prévient que la crise sanitaire liée au coronavirus pourrait peser sur ses marchés.
Des ventes et un taux de marge opérationnel courante records en 2019 pour Kering, encore une fois tirés par l'Asie et par sa marque phare Gucci. La présentation des comptes annuels du groupe de luxe dirigé par François-Henri Pinault a une nouvelle fois séduit le marché mercredi Bourse, le titre s'adjugeant 2,7% dès l'ouverture des échanges et accélérant jusqu'à près de 3,89%. Vers 10h45, l'action demeure sur le podium du CAC 40 avec 2,4% de gains à 576,20 euros, et s'affiche ainsi de nouveau en hausse depuis le 1er janvier, alors qu'elle avait subi de plein fouet les craintes des investisseurs vis-à-vis des potentielles conséquences économiques du coronavirus , notamment en Chine, région stratégique et moteur de croissance des groupes du luxe.
Malgré Hong Kong, l'Asie tire encore les ventes du groupe
La situation dans l'ex-colonie britannique -théâtre de manifestations anti-Pékin depuis plusieurs mois- a pesé sur les comptes de Kering. La nette érosion des ventes du groupe à Hong Kong (-50% au quatrième trimestre après avoir chuté de 35% au trimestre précédent) n'a pas empêché la région Asie-Pacifique (hors Japon) de tirer les ventes, avec une croissance de 20,4%. Cette zone représente 34% des ventes totales de Kering, a précisé le directeur financier du groupe Jean-Marc Duplaix lors d'une conférence téléphonique avec les analystes.
Celles-ci se sont établies, sur l'exercice 2019, à 15,8 milliards d'euros, en hausse de 16,2% sur un an. Le bénéfice net du groupe, en repli de 37,4% à cause d'une charge d'impôt "exceptionnelle" liée au redressement fiscal record en Italie de 1,25 milliard d'euros au terme d'une procédure pour fraude concernant Gucci, ressort à 2,3 milliards d'euros.
Le bénéfice opérationnel courant progresse en revanche nettement (+19,6%) à près de 4,8 milliards d'euros, ce qui représente un taux de marge opérationnelle courante exceptionnel de 30,1%. Ce dernier, qui avait déjà touché un record en 2018 (à 28,9%), progresse de plus de 50 points de base en deux ans (24,9% sur l'exercice 2017). À titre de comparaison, le taux de marge opérationnelle courante de LVMH s'est établi à 21,4% sur l'exercice 2019.
Sur le seul quatrième trimestre, le chiffre d'affaires de la maison mère de Gucci a progressé de 13,8% à 4,36 milliards d'euros sur la période, alors que les analystes tablaient sur une hausse de 10,9%, selon un consensus cité par Bank of America.
Cité dans le communiqué, le PDG François-Henri Pinault a salué "une nouvelle année de croissance forte et rentable", avec un chiffre d'affaires qui "a largement dépassé les 15 milliards d'euros et notre marge opérationnelle courante qui a, pour la première fois, franchi la barre des 30%".
À elle seule, Gucci avoisine désormais les 10 milliards d'euros de ventes, à 9,6 milliards, en progression de 13,3% en comparables, ce qui constitue un net ralentissement par rapport aux deux exercice précédents (+44,6% en 2017, +36,9% en 2018). La marque dont PPR (Pinault-Printemps-Redoute, devenu Kering en 2013) a pris le contrôle en 1999 au terme d'un bars de fer avec Bernard Arnault représente plus de 60% de ses revenus aujourd'hui (et 83% du bénéfice d'exploitation). Yves Saint Laurent, deuxième maison de Kering, a pour sa part franchi les deux milliards d'euros de ventes (+14,4% en comparables), tandis que Bottega Veneta redresse la tête après un passage à vide, avec une croissance de 2,2% de son chiffre d'affaires.
Incertitudes sur l'impact du coronavirus
Si Kering rappelle qu'il est "positionné sur des marchés structurellement porteurs" et qu'il "dispose de fondamentaux très solides (et) d’un portefeuille équilibré de marques complémentaires et à fort potentiel", le groupe de luxe se veut prudent pour l'exercice en cours. Il souligne que l'épidémie de coronavirus (finalement baptisé Covid-19 par l'OMS) pèse sur "les tendances de consommation et les flux touristiques, ainsi que leur capacité à affecter la croissance économique".
Le groupe ne donne pas de perspectives chiffrées pour 2020 mais juge "l'environnement particulièrement incertain à l'heure actuelle", évoquant "le contexte macroéconomique, les aléas géopolitiques, les décisions relatives à la politique douanière des États ou l’évolution des parités monétaires", qui s'ajoutent donc aux craintes relatives à l'épidémie de pneumonie virale ayant déjà fait plus de 1.100 victimes en Chine.
Kering y a d'ailleurs enregistré une baisse non-négligeable de la fréquentation de ses points de vente puisqu'il a décidé de fermer près de 50% de son réseau de points de vente chinois. Kering a par ailleurs reporté les ouvertures et rénovations de magasins, ainsi que les dépenses publicitaires en Chine, réaffectant dans d'autres régions les stocks destinés à l'empire du Milieu. En dépit de climat d'incertitude, Jean-Marc Duplaix s'est voulu rassurant et a réaffirmé la confiance du groupe "sur son potentiel de croissance à moyen et long terme".
François-Henri Pinault a en outre déclaré que le groupe "recherche activement des cibles potentielles d’acquisition et de façon très sélective". Preuve de cette volonté de poursuivre la stratégie de croissance externe, Kering aurait entamé des discussions préliminaires avec l'italien Moncler début décembre dernier.
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