(BFM Bourse) - Sur le périmètre France, les ventes en données comparables ont quasiment stagné sur le dernier trimestre de 2022, ce qui au vu de la forte inflation des prix alimentaires laisse augurer d'importantes baisses des volumes. La chute des revenus dans les supermarchés est particulièrement notable.
La comparaison est dure pour Casino. Le groupe tricolore de distribution a dévoilé ce mardi son chiffre d'affaires pour le quatrième trimestre et pour l'ensemble de l'année 2022.
Sur les quatre derniers mois de l'an passé, la société affiche une croissance de son chiffre d'affaires en hausse de 4,4% en données comparables, c'est-à-dire hors essence, effets de change, de périmètre et impact calendaire. Mais cette croissance est avant tout tirée par l'Amérique Latine, où les revenus ont augmenté de 12% sur un an, en données comparables.
En France, la dynamique du groupe s'avère peu porteuse. Sur le périmètre France Retail – qui regroupe les magasins et exclut Cdiscount – le chiffre d'affaires a reculé de 0,3% en données publiées à 3,63 milliards d'euros et a tout juste stagné (+0,1%) en données comparables.
Une performance bien atone au regard de l'inflation des prix alimentaires dans l'Hexagone, qui a dépassé les 12% en décembre et novembre, par exemple. Et surtout face à Carrefour: en données comparables le groupe dirigé par Alexandre Bompard a, lui, vu ses revenus progresser de 5,6% sur un an en France sur le dernier trimestre 2022.
Les supermarchés en difficulté
"Les ventes de Casino en France, sont faibles, que ce soit dans l'absolu, au regard de l'inflation alimentaire en France ou face aux chiffres de Carrefour", juge un analyste financier.
Dans le détail, Franprix et les enseignes de proximité (Vival, Spar) s'accrochent, avec des progressions en données comparables sur le trimestre de respectivement de 5,5% et 4,4% sur un an.
Mais les formats de magasins les plus grands souffrent. Les hypermarchés ont ainsi vu leur chiffre d'affaires plonger de 6,2% en données comparables, les supermarchés de 4%. Casino a évoqué "un environnement concurrentiel plus difficile en fin d'année, dans lequel le groupe a maîtrisé ses dépenses de promotions et de communication", pour justifier ces baisses.
La mauvaise dynamique des hypermarchés peut s'expliquer par la décision de Casino de réorienter ce format, en convertissant des magasins en supermarchés ou en les tournant vers les produits frais, à un moment où ce marché s'érode justement. C'est ce qu'on appelle le "downtrading", la pratique des consommateurs à se tourner vers des produits moins chers et de moins bonne qualité pour préserver leur pouvoir d'achat.
"On peut comprendre la chute des hypermarchés mais le problème c'est qu'il n'y pas d'effet de vase communicant avec les supermarchés. Le groupe subit probablement d'importantes baisses de volumes, se retrouvant pénalisé par sa stratégie tarifaire élevée", juge l'analyste financier précédemment cité. Carrefour avait rapporté pour sa part une croissance de 3,7% de ses hypermarchés et de 6% de ses supermarchés en France au quatrième trimestre 2022.
Résultats annuels le 10 mars
A la Bourse de Paris, l'action Casino abandonne 5% vers 11h30 et sous-performe l'indice SBF 120, qui de son côté recule de 0,2%.
Sur l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires de Casino a progressé de 5,2% sur un an en données comparables, là encore tiré par l'Amérique latine (+12,3%) alors que les revenus du périmètre France Retail gagnent à peine 1,5%.
Le marché devra patienter quelques jours, jusqu'au 10 mars, pour pouvoir décortiquer l'intégralité des comptes annuels de Casino, dont son résultat brut d'exploitation (Ebitda), sa génération de cash et son endettement. Il s'agit des paramètres financiers les plus scrutés pour la société dont la situation financière demeure une source d'inquiétude chronique (la dette nette hors IFRS 15 dépassait les 5 milliards d'euros en France à fin juin).
A cette date, le groupe pourrait donner davantage de détails sur les discussions menées avec Teract, propriétaire de Jardiland et Gamm vert – en vue d'un rapprochement. Comme le rapportait BFM Business, il y a deux semaines, une fusion avec les enseignes françaises de Casino est envisagée avec in fine, un montage complexe qui permettrait de désendetter au moins facialement le groupe.
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