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La nervosité s'intensifie sur le marché parisien, où les opérateurs se questionnent tous azimuts: de combien de mois ou d'année le programme nucléaire iranien est il retardé ? La Fed est elle enfin en passe d'assouplir sa politique monétaire ? Le retour inévitable des problématiques douanières sur les écrans des salles des marchés cet été va-t-il se traduire par des dégagements sur les actifs à risque ?
Hier le CAC 40, indice phare tricolore sur actions, a gagné 1,04% à 7 615 points, dans des volumes relativement épais au regard des séances précédentes, mais tout en terminant à bonne distance de ses points hauts de séance.
Donald Trump a déclaré dans la nuit de lundi à mardi que les deux pays avaient accepté un cessez-le-feu. Tel-Aviv a ensuite accusé l'Iran d'avoir brisé cet accord et les deux pays continuent de s'attaquer mutuellement, provoquant l'ire du patron de la Maison Blanche. Toutefois, "nous avons assisté au cours des 12 dernières heures à une désescalade assez remarquable des tensions au Moyen-Orient", observe Deutsche Bank.
Pour rappel ce weekend, des frappes ciblées étaient ordonnées par la Maison Blanche sur des sites nucléaires iraniens. Chirurgicales par leur précision, mais massives par leur puissance, ces frappes ont visé en particulier le site de Fordo, au cœur des enjeux nucléaires du régime des mollahs. Ce site d'enrichissement d'uranium, construit à près de 100 mètres sous terre dans une région montagneuse, était particulièrement difficile à atteindre.
Le président américain, Donald Trump, a déclaré que des dommages "monumentaux" avaient été infligés à ces sites. "Téhéran acte sa défaite, mais assure la survie de son régime" [des mollahs], analysait Pierre Haski, dans un éditorial géopolitique ce matin sur France Inter. Pour autant, aucune information fiable n'est actuellement disponible sur le retard qu'accuse désormais Téhéran dans la finalisation de son programme militaire nucléaire.
Sur le volet monétaire, "fidèle à son mantra du moment, Jerome Powell persiste dans sa posture de patience stratégique. Face à une inflation jugée encore trop incertaine, à l’impact de droits de douane difficile à quantifier, à une économie globalement résiliente et à un marché du travail loin de la rupture, le Président de l’institution américaine ne voit aucune raison de modifier la politique monétaire et ne veut surtout pas réagir prématurément", remarque Thomas Giudici, responsable de la gestion obligataire d'Auris Gestion.
Le décideur en gestion d'actif note "cependant que si le marché de l’emploi conserve, en façade, une allure de plein emploi, il montre néanmoins quelques signes de fragilité notamment au travers du ralentissement des créations d’emplois ou de la hausse des demandes d’allocations. Surtout, la baisse du taux de participation, que Jerome Powell s’est bien gardé expliciter mais qui est largement influencée par le recul marqué de l’immigration, pourrait artificiellement contribuer à maintenir le taux de chômage bas. Ainsi, si les membres du FOMC ont voté à l’unanimité en faveur du statu quo (maintien dans taux directeurs dans la fourchette 4.25% - 4.5%) et anticipent toujours deux baisses de taux pour la fin d’année, leurs prévisions se révèlent de plus en plus dispersées face à l’incertitude des scénarios macroéconomiques : dix membres prévoient deux baisses de taux ou plus cette année, tandis que neuf en voient une ou moins."
Les investisseurs ont pris connaissance hier des premières déclarations du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui est auditionné ce mardi et mercredi par la Chambre des représentants. Jerome Powell a indiqué que la Fed pouvait "attendre" avant d'opérer une baisse des taux d’intérêt, évoquant une inflation encore trop élevée et un marché du travail toujours solide. "Pour l'instant, nous sommes bien placés pour attendre d'en savoir plus sur l'évolution probable de l'économie avant d'envisager tout ajustement de notre politique", a déclaré Jerome Powell.
Sur le volet commercial, la date du 09 juillet approche, à laquelle prendra fin, faute d'accord, la trêve commerciale entre Washington et Bruxelles. "Soit nous parvenons à un bon accord, soit ils [les membres de l'UE] paieront ce que nous leur dirons de payer", avait froidement déclaré Trump dans l'avion présidentiel, alors qu'il quittait précipitamment le G7 canadien.
Au chapitre statistique, déception marquée concernant l'indice de confiance des ménages américains (Conference Board), qui reflue à 93 points, contre une cible (le consensus) à 99,5.
Côté valeurs, a chute des cours du pétrole entraîne plusieurs effets collatéraux sur les actions. Air France-KLM a rebondi de 8,6% car la facture carburant est l'un de ses plus importantes postes de dépenses, tandis que Totalenergies a redonné 3,3%. Alstom a grimpé de 7,7% aidé à la fois par le contexte favorable aux valeurs cycliques ainsi que plusieurs succès commerciaux. Ayvens a gagné 6,3% alors qu'UBS a initié son suivi à l'achat, tandis que Nexans a repris 5,55% grâce à Deustche Bank qui a débuté sa couverture à l'achat sur le fabricant de câbles. OVHcloud a lâché 16,3% après avoir livré une croissance décevante sur le troisième trimestre de son exercice 2024-2025.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont terminé la séance de mardi en territoire vert, à l'image du Dow Jones (+1,19%) et du Nasdaq Composite (+1,43%). Le S&P500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a progressé de 1,11%, affirmant davantage le dépassement des 6 000 points symboliques.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,1620$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 65,20$. Les Treasuries 10 years, rendement des obligations souveraines fédérales à échéance 10 ans, se négociaient légèrement au-dessus des 4,29%. Quant au VIX, il valait 17,48 à la dernière clôture du S&P500.
A l'agenda macroéconomique ce mercredi, à suivre en priorité les ventes de logements neufs aux Etats-Unis à 16h00.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le plafonnement progressif sous les 7 900 points s'est brutalement mué en volatilité intense. En une séance vendredi 23 mai, l'indice phare parisien a cassé la dynamique du rally printanier en rompant la moyenne mobile à 20 jours (en bleu foncé), dont l'écart par rapport à la moyenne mobile à 50 jours (en orange) s'est vivement contracté.
Les 7 900 points sont renforcés dans leur statut de résistance graphique, alors même que la dynamique de l'indice de force relative invite à la prudence. En effet le RSI (Relative Strenght Index) adopte un biais baissier persistant depuis le 13 mai. L'indice phare tricolore est désormais dans une situation criante d'incapacité de créations de nouveaux sommets.
Première alerte jeudi 12 juin avec un gap baissier comblé en séance. Seconde dès le lendemain avec un nouveau gap, comblé en séance lui aussi. La configuration de court terme est progressivement fragilisée.
A l'échelle de la séance à venir, un avis neutre est proposé.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 7700.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 7512.00 points relancerait la pression vendeuse.
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