(BFM Bourse) - Un oeil sur l'inflation, l'autre sur la guerre en Ukraine: c'est le difficile exercice de strabisme auquel sont forcés les opérateurs, les deux problématiques étant au demeurant intimement liées. Derniers développements en date dans une guerre partie pour "durer", selon les termes de Joe Bide: le Kremlin menace ses clients européens de couper le robinet de gaz si les paiements ne sont pas exécutés en roubles. Un aveu d'échec d'une tentative désespérée de soutenir sa monnaie, alors que le Maître du Kremlin ne serait naturellement pas prêt à se priver de cette manne (1 milliard d'euros par jour environ), même s'il tente de diversifier ses débouchés, en particulier en direction de l'Inde.
Le CAC, qui a fini au plus bas de la séance jeudi, a perdu 1,21% à 6 660 points.
En attendant le rapport NFP (rapport fédéral sur l'emploi américain) qui sera publié ce jour (14h30), les opérateurs ont suivi hier les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage qui sont ressorties 202 000 sur la semaine passée, manquant de très peu la cible. Par ailleurs, l'indice des prix PCE (Personal Consumption Index), indice des prix à la consommation qui constitue une mesure de référence pour la Fed dans son appréciation de l'inflation figurait à l'agenda, marqué d'une croix rouge. Ces prix, en données corrigées des éléments volatils, sont ressortis en ligne avec les attentes, à +0,4% d'un mois sur l'autre.
L'iNSEE a par ailleurs publié une accélération de l'inflation pour mars, à 1,4% d'un mois sur l'autre. Pour la France, énergie et alimentation comprises, "l'inflation devrait dépasser 5% dans les prochains mois, avant de diminuer nettement" pour Charlotte de Montpellier, économiste d'ING. "Pour les prochains mois, nous nous attendons à une inflation qui continue d'augmenter, poussée par les prix de l'énergie et de l'alimentaire, mais aussi par des pressions inflationnistes qui se généralisent de plus en plus à tous les secteurs de l'économie. Nous estimons qu'un trimestre de croissance négative du PIB n'est pas à exclure. La demande va donc perdre de son dynamisme, ce qui va impacter le pouvoir de fixation de prix plus élevés par les entreprises, limitant les tensions inflationnistes. Nous prévoyons que l'inflation s'établira au-dessus de 4% en moyenne pour l'année 2022, mais redescendra ensuite rapidement et demeura en-dessous de la barre des 2% en 2023."
Côté valeurs, peu d'actualité à signaler du côté des fleurons tricolores cotés, avec quelques mouvements à mettre à l'actif de notes d'analyses comme le gain de 1,2% de Pernod Ricard, soutenu par le relèvement à 273 euros de l'objectif de Deutsche Bank, ou au contraire le repli de 3,5% de Renault pour qui le même bureau ne vise plus que 35 euros, au lieu de 40. Sartorius Stedim Biotech perdu 2,1% après l'avis neutre (pondération en ligne) adopté par Morgan Stanley, qui vise tout de même 445 euros.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont terminé la séance de jeudi dans le rouge, à l'image du Dow Jones (-1,56% à 34 678 points) ou du Nasdaq Composite (-1,54% à 14 220 points). Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a perdu 1,57% à 4 530 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,1060$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 98,70$.
A suivre en priorité, à l'agenda ce vendredi, une batterie de PMI manufacturier (IHS Markit) en Europe, de nouvelles données sur l'inflation en Zone Euro, le rapport mensuel fédéral sur l'emploi (14h30) et le PMI industriel ISM américain à 16h00. Un programme riche et dense sur ce front statistique, donc.
Dans l'immédiat, l'ouverture est attendue à l'équilibre sur le CAC 40, baromètre des actions de la place parisienne, l'annonce de Biden de puiser à un niveau historique dans les réserves stratégiques d'hydrocarbures provoquant un soulagement sur le WTI qui repassait sous la barre symbolique des 100$.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Les 6 760 points, que nous identifiions jusqu'ici comme un plancher progressivement fragilisé, ont cédé, sur gap ample jeudi 24/02, ouvrant la voie à une nouvelle phase de marché. Rappelons que l'indice a tracé du 16 au 18 février une combinaison de bougies en trois corbeaux. Cette combinaison a dans la foulée été suivie d'une structure d'englobante baissière très significative, accompagnée de volumes loin d'être timides pour une séance rappelons-le, sans repères américains en raison d'un jour férié. La dernière phase de fragilisation du support précité aura donc été agressive. Le pullback de vendredi 25/02 aura été d'une précision chirurgicale.
Une phase de haute volatilité s'est ainsi ouvert. Le marubozu d'école tracé mardi 01er/03 en est une première étape. Deuxième étape vendredi 04/03 avec une bougie de même type (ouverture sur les points hauts, clôture sur les points bas) dans des volumes encore plus nourris. Une nouvelle jambe baissière s'ouvrirait sous les 6 000 points, déjà rompus lundi 07/03, avant la formation d'un rebond de contestation. Nous avons assisté mercredi 09 mars à une première phase de rebond de contestation explosive, qui a rejeté l'indice sur sa moyenne mobile à 100 heures (en orange en vue horaire), courbe qui conserve un biais baissier marqué. Le harami baissier tracé jeudi n'est guère engageant.
Le gap de mercredi 16 mars ne constitue pas un signal de retour à l'achat, et la phase haute volatilité n'est par conséquent pas encore achevée. La configuration, sous forme de combinaison de bougies, en trois corbeaux noirs sur les trois dernières séances de la semaine passée, invite à la plus grande prudence. Même si les 6 760 points (départ de notre raisonnement) ont été reconquis hier, la durabilité de cette reconquête reste à vérifier. C'est justement ce que le harami observé met en question.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice CAC 40 à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice CAC 40 cote en dessous de la résistance à 6760.00 points.
Le conseil BFM Bourse
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