(BFM Bourse) - Dans un marché gagné par l'anxiété, la nervosité et l'agitation, le marché français a terminé une semaine chaotique (-6,42%) sur une note positive vendredi (+0,54%). L'ambiance au coeur de la semaine aura été glacée par l'annonce d'un nouveau confinement, certes assoupli par rapport à celui que nous avons vécu au printemps. Le marché a par ailleurs pris acte de l'attitude prudente de la BCE. Le tout à l'approche d'une élection présidentielle dont personne ne s'aventure à prédire l'issue, alors même que les sondages d'opinion donnent une avance considérable au candidat démocrate, Joe Biden.
La BCE achevait une réunion de son Conseil des Gouverneurs. Quoique volontariste, l'Institution n'a pas surpris les marchés et laissé, comme il était attendu, sa politique monétaire inchangée. Elle a toutefois ouvert la porte à des mesures de soutien supplémentaires en décembre pour contrer les dégâts économiques de la deuxième vague de la pandémie de coronavirus qui déferle sur l'Europe. Si elle n'a pas modifié les paramètres de sa politique, l'institution de Francfort a laissé entendre très clairement qu'elle se tenait prête à les ajuster dès sa prochaine réunion. "Nous reconnaissons tous le rôle et l'importance de la force motrice de la pandémie, et l'augmentation de la contagion, ainsi que l'impact que les mesures de restriction vont avoir sur l'économie", a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde, qui a ajouté que les membres du Conseil des gouverneurs s'étaient entendus "sur la nécessité d'agir et donc de recalibrer nos instruments lors de la prochaine réunion", le 10 décembre prochain.
John Plassard (Mirabaud) observe que "si Christine Lagarde a opté pour un statu quo de sa politique monétaire, elle a cependant tenu à passer un message fort pour rassurer les marchés et investisseurs en indiquant, entre autre, que les équipe de la BCE chargées de proposer des ajustements de la politique monétaire étaient déjà au travail en vue d'annonces attendues (...) le 10 décembre." Annonces au rang desquelles J Plassard imagine "qu'il y aura une nouvelle extension du programme d'achats d'urgence (PEPP), en taille et dans le temps".
Au chapitre statistique vendredi, selon les dernières données Eurostat publiées en fin de matinée, le PIB est ressorti, en toutes premières estimation, en hausse 12.7% dans la Zone Euro d'un trimestre sur l'autre, contre +9.5% attendu, en particulier grâce à l'effet moteur des trois premières puissances économiques: Allemagne, France et Italie. Rappelons qu'il s'agit d'une estimation préliminaire, qui sera révisée le 13 novembre, puis le 08 décembre 2020. "Il s'agit de loin des augmentations les plus importantes depuis le début des séries temporelles en 1995, et d'un rebond par rapport aux baisses du second trimestre 2020, quand le PIB avait diminué de 11,8% dans la zone euro et de 11,4% dans l'UE." précise l'office statistique européen. Déception en revanche concernant le taux de chômage, qui ressort à 8.3% de la population active dans l'union monétaire. Pour être complet sur cette salve de publications Eurostat, les différents indices des prix à la consommation sur octobre ne se sont pas éloignés d'un iota du consensus, et ce quelle que soit l'assiette de produits retenue. La première estimation du PIB français au T3, à +18.2% d'un trimestre sur l'autre, a largement dépassé les attentes.
Outre Atlantique, carton plein, au sens du dépassement des consensus en tous cas, pour les revenus et dépenses des ménages, l'indice d'activité du PMI de Chicago et les données révisées de l'indice de confiance des consommateurs (U-Mich).
Côté valeurs, la poursuite du bal des trimestriels a provoqué des décalages. Saint-Gobain a dominé le palmarès du CAC avec un gain de 4,69% à 33,50 euros, consécutif au relèvement de ses prévisions pour 2020 "hors impact majeur nouveau de la récente dégradation sanitaire". Total a grimpé de 2,75% à 25,82 euros après avoir renoué avec un bénéfice net au troisième trimestre dans un contexte toujours aussi peu porteur pour l'industrie pétrolière. Pas de miracle pour Safran (+3,38% à 90,52 euros), dont les revenus ont chuté de 44% sur les trois derniers mois, mais sont stables par rapport au trimestre précédent. L'équipementier aéronautique a en revanche maintenu ses perspectives annuelles et déclaré être en voie d’atteindre ou de dépasser ses objectifs de réduction des coûts engendrés par la pandémie.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont perdu du terrain vendredi, à l'image du Dow Jones -0,59% à 26 501 points) et surtout du Nasdaq Composite (-2,45% à 10 911 points), à forte "coloration" technologique, au lendemain d'un tir groupé décevant des publications des GAFA. Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, s'est contracté de 1,21% à 3 269 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.1640$. Le baril de WTI, l'un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 34.40$.
À l'agenda statistique ce lundi, à suivre en priorité une batterie d'indicateurs d'activité industrielle PMI en données finales pour le mois passé. Les données synthétiques pour l'ensemble de la Zone Euro seront dévoilées à 10h00. A suivre à 16h00 le PMI industriel ISM ainsi que les dépenses de construction.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La mobilisation à la vente, traduite graphiquement mardi 27 octobre par une bougie au corps rouge allongé quasiment sans ombre, techniquement par une accélération des volumes, et psychologiquement par un ciblage sectorielle sélectif, est désormais dans sa pleine expression, après une dégradation insidieuse tout au long du mois d'octobre. Cette expression n'est pas terminée. Nous avons subi par la suite une rupture, sur gap préservé des 4 700 points, avec le concours des volumes de transactions, Enfin, le gap haussier du 26 mai a été comblé, avant une courte réaction de contestation (vendredi). Cette rupture des 4 700 points est pleinement validée, avec une validation par la puissance des volumes, et sur gap très ample, non contesté. L'indice phare parisien retrouve donc une bande de travail inédite depuis la fin du mois de mai, entre 4 370 et 4 700 points.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice CAC 40 à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice CAC 40 cote en dessous de la résistance à 4723.00 points.

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