(BFM Bourse) - Le CAC 40 a terminé non loin de ses points bas de séance hier, dans des volumes en hausse, les opérateurs faisant montre d'une nervosité supplémentaire face au changement de ton de la BCE, qui achevait un nouveau Conseil des Gouverneurs. Si la puissante Institution monétaire de Francfort n'a pour l'heure pas touché au loyer de l'argent proprement dit, elle a entériné la fin de son programme de rachat d'actifs sur les marchés. La présidente de l'institution a explicitement annoncé une augmentation de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) de ses taux d'intérêt en juillet, ce qui marquera le premier relèvement de taux depuis mai 2011, mais également signalé qu'elle pourrait donner en septembre un nouveau tour de vis et s'il le faut encore plus fortement, a priori de 0,5 point (50 pdb).
Les nouvelles projections d’inflation de la BCE passent de 5.1% à 6.8% en 2022, alimentation et énergie incluses.
"On aurait préféré une plus forte visibilité monétaire à un moment où les pressions inflationnistes se sont intensifiées." juge Ronan Blanc, gérant analyste de Financière Arbevel. "Si la hausse des prix de l’énergie est en grande partie responsable de l’accélération des prix de ces derniers mois, ce n’est pas la seule raison. La diffusion est réelle notamment sur les services." L'analyste poursuit sur un ton incisif: "A vouloir satisfaire le plus grand nombre, on finit par ne faire que des déçus. C’est toute la difficulté de diriger une institution qui n’a de central que son siège social."
Pour Bill Papadakis, de Lombard Odier, l'éventualité d'un relèvement encore plus marqué des taux en septembre fait naître le risque d'une erreur de politique monétaire, alors qu'au contraire de la Fed, qui bénéficie d'une économie locale où la demande est en plein boom, la BCE fait face à une conjoncture moins robuste qu'avant la pandémie avec une croissance des salaires beaucoup moins sensible qu'aux Etats-Unis et une plus grande vulnérabilité face au conflit en Ukraine. En portant ses taux directeurs à plus de 2%, ce qui correspond aux attentes actuelles, la BCE pratiquerait une politique monétaire véritablement restrictive, que l'économie de la zone ne pourrait sans doute pas supporter.
Cette seconde partie de la semaine est clairement source potentielle de volatilité, entre la conférence de presse de la BCE hier et de nouveaux repères sur l'inflation américaine cette après-midi (14h30 pour les indices des prix à la consommation). Soit de nouvelles indications sur les échauffements des prix, alors que le scénario "d'un pic d'inflation déjà derrière nous" perd en crédibilité. Dans l'assiette de produits la plus large, les prix sont attendus en progression mensuelle de 0,7%, contre +0,3% en avril.
Côté valeurs, 9 composantes sur 40 du CAC ont subi plus de 2% de pertes, 3 plus de 3% et une plus de 4%: Arcelor Mittal (-4,54% à 28,50%). A l'inverse, EDF (+6,32%) a dominé le compartiment A de la cote, porté par des informations des Échos: "Le retour d'EDF à 100% dans les mains de l’État figure parmi les chantiers prioritaires du nouveau gouvernement qui doivent être engagés après les élections législatives" explique le journal économique.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont terminé la séance de jeudi en territoire rouge vif, à l'image du Dow Jones (-1,94% à 32 272 points), ou du Nasdaq Composite (-2,75% à 11 754 points). Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a perdu 2,38% à 4 017 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,0620$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 121,00$.
A l'agenda ce jeudi, à suivre les différents indices des prix à la consommation aux Etats-Unis à 14h30 ainsi que l'indice de confiance des consommateurs américains (U-Mich) en données préliminaires à 16h00.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le test majeur que nous évoquions en fin de semaine passée, à savoir la confrontation des cours avec une oblique baissière, n'est toujours pas terminé, dans le sens où nous n'avons encore confirmation, soit d'un pullback, soit d'une réintégration. Encore une fois, la séance du jour sera à ce titre riche d'enseignements. La combinaison de bougies en "étoile du soir" (27, 30 et 31 mai) invite toutefois à rester sur ses gardes. Elle ne s'est pas cumulée jeudi - c'était notre crainte - avec une combinaison en trois soldats noirs. Cela laisse augurer dans l'immédiat une courte dérive, pendant laquelle la dynamique des volumes sera scrutée. Notons que l'échec de franchissement des 6 600 points lundi, renforce ce niveau technique dans son rôle de résistance graphique. Nous l'avons représenté en gras. Dans l'immédiat, et dans des volumes nourris, la réintégration de la partie inférieure à la moyenne mobile à 50 jours (en orange) envoie un signal rouge.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice CAC 40 à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice CAC 40 cote en dessous de la résistance à 6600.00 points.
Le conseil BFM Bourse
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