(BFM Bourse) - L’ensemble des rendements obligataires des pays de la zone euro progressent après que la banque centrale a annoncé une hausse de 50 points de base de ses taux directeurs et indiqué des premières mesures pour réduire son bilan en 2023. Elle a également livré ses nouvelles projections économiques.
Il n’y aura pas eu de cadeau de la Banque centrale européenne au marché. L’institution monétaire a livré à 14h15 ses décisions de politique monétaire, ce qui a déclenché une nette progression des rendements des obligations des pays de la zone euro sur le marché secondaire.
Le taux sur le titre de dette à 10 ans de l’Allemagne, est ainsi passé de 1,940% avant ces annonces à 2,039% peu après la communication de la BCE, soit une variation de 5% environ. Le rendement sur le 10 ans français est passé de 2,43% à 2,53%, celui de l’Italie de 3,903% à 4,047%.
L’euro, lui, a quasiment effacé ses pertes face au dollar, étant quasi stable face au billet vert, alors qu’il perdait 0,5% auparavant.
La Banque centrale européenne a, comme anticipé par le marché, relevé ses taux directeurs de 50 points de base, soit 0,5 point de pourcentage. Elle a également donné les premières indications sur son programme devant lui permettre de réduire son bilan ("quantitative tightening").
Des prévisions d'inflation nettement revues à la hausse
La BCE va ainsi réduire à partir de début mars 2023 son portefeuille lié au programme d’achats d’actifs (asset purchase programme, APP) en ne réinvestissant pas la totalité des remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance. "Cette réduction sera de 15 milliards d’euros par mois en moyenne jusqu’à la fin du deuxième trimestre 2023, puis son rythme sera ajusté au fil du temps", précise la BCE.
La BCE a surtout révisé ses projections économiques, notamment en termes d’inflation, tablant sur un taux pour la zone euro de 8,4% en 2022, 6,3% en 2023 puis 3,4% en 2024 et enfin 2,3% en 2025.
L’institution monétaire a nettement relevé ces projections puisqu’elle tablait auparavant sur 8,1% pour 2022, 5,5% pour 2023 et 2,3% pour 2024.
A la lueur de ces nouvelles projections, le conseil des gouverneurs de la BCE estime "que les taux d’intérêt doivent encore être augmentés sensiblement à un rythme régulier, afin d’atteindre des niveaux suffisamment restrictifs pour assurer un retour au plus tôt de l’inflation vers l’objectif de 2% à moyen terme", indique le communiqué de la BCE.
Capital Economics juge que ce message montre de façon "peu subtile" que l'institution est "très loin de pivoter vers un assouplissement de sa politique monétaire".
"À terme, le maintien des taux d’intérêt à des niveaux restrictifs permettra de réduire l’inflation en freinant la demande et d’éviter le risque d’un glissement à la hausse persistante des anticipations d’inflation", peut-on également lire dans le communiqué.
Sur Twitter, l’économiste de Pictet Wealth Management, Frederik Ducrozet, estime que la BCE a livré des orientations ("guidance") "‘très restrictives", consécutives à la nette révision à la hausse de ses prévisions d’inflation.
Au cours de la conférence de presse, Christine Lagarde a, elle, semblé indiquer que les anticipations du marché actuel sur les taux de la Banque centrale européenne n’étaient pas assez fortes, car, en l'état, ces projections ne permettraient pas à la banque centrale de faire revenir l’inflation sous les 2%.
Recul des Bourses européennes
En parallèle, les Bourses européennes creusent leurs pertes après les annonces de la BCE: Francfort, Paris et Milan lâchent plus de 2% vers 15h30. Le CAC 40 chute de 2,6%, le DAX 40 abandonne 2,4%, et le FTSE MIB de Milan perd 2,5%.
Les marchés européens évoluaient déjà dans le rouge mais de façon nettement moins prononcée, pénalisés par la Réserve fédérale américaine. La Fed a, mercredi soir, relevé ses taux de 50 points de base, un mouvement là encore anticipé par le marché. Mais ses membres ont nettement révisé à la hausse leurs projections de taux pour 2023 et 2024. Et Jerome Powell, son président, a fait preuve d’une grande fermeté sur la volonté de la Fed de lutter contre l’inflation.