(BFM Bourse) - Comme c'est à chaque fois le cas cette année au lendemain d'une chute d'au moins 2%, le principal baromètre du marché parisien profite d'un rebond substantiel mercredi, à la faveur d'une certaine détente des taux d'intérêt obligataires.
À chaque fois que le CAC 40 a subi une baisse d'au moins 2% cette année (ce qui s'est produit six fois jusqu'à présent, en comptant le repli de 2,17% ce mardi), l'indice phare a rebondi assez nettement dès le lendemain. La séance de mercredi ne semble pas devoir déroger à la règle, avec un rebond substantiel de 1,21% à 6.585,36 points vers 12h30. Pour autant, cette réaction d'ordre technique -facilitée par un apaisement certain du côté des taux obligataires, le rendement du bon du Trésor à dix ans redescendant de 2,5% après six séances de progression, à 1,498%- ne dissipe pas les nombreuses interrogations qui assaillent les investisseurs depuis quelques jours.
Le marché est effectivement "en mode interrogatif", souligné Hervé Goulletquer, directeur adjoint de la recherche à La Banque Postale Asset Management. Des interrogations qui ne se cantonnent pas qu'à l’économie (quid des profils de la croissance et de l’inflation face à la flambée de l'énergie ? Quels seront les effets de la réduction du soutien des banques centrales ?), le panorama politique n’étant pas plus clair, souligne l'expert. Quelle sera la traction en matière de réforme au lendemain de la formation du nouveau gouvernement allemand ? Les discussions qui s'ouvrent aujourd'hui entre Etasuniens et Européens au chapitre commerce et technologies donneront-elles lieu à de réelles avancées ? Le petit jeu pervers des parlementaires américains au sujet du plafond de la dette (il sera atteint le 18 octobre, selon la secrétaire au Trésor Janet Yellen) et du budget 2021–2022 (la nouvelle année fiscale commençant... vendredi aux USA) peut-il faire craindre une crise de la dette souveraine ?
Sans parler des conséquences d'une possible faillite d'Evergrande sur le marché immobilier chinois ou du risque de recrudescence de la pandémie, qu'on ne peut encore malheureusement exclure...
Pour l'heure, ces questions laissent néanmoins place à une chasse aux bonnes affaires, les investisseurs revenant sur des valeurs de croissance qui avaient été fortement sanctionnées la veille voire ces derniers jours : à l'image d'Eurofins, titre extrêmement chahuté depuis son entrée le 13 septembre dernier au CAC 40, qui profite d'un répit de 2,55% ce matin. Gagnant près de 2,9% chacun, Airbus et Safran se remettent aussi de leur pertes d'hier (-3,3% et -4,7% respectivement), de même qu'EssilorLuxottica (de -2,5% à +2,5%, ce qui signifie qu'il n'a pas entièrement comblé ses pertes si vos souvenirs des cours d'arithmétique ne sont pas trop flous).
Le mouvement ne serait pas aussi robuste sans les valeurs du luxe, qui mettent toute leur pondération dans la balance avec des hausses comprises entre 2,5% et 1,9% pour Hermès, LVMH et Kering.
Parmi les moyennes et petites capitalisations, plusieurs publications de résultats viennent animer le palmarès avec un bond de 10% de Baikoswki, qui a quasiment triplé son Ebitda au cours des six premiers mois de 2021. Ateme grimpe de 5,6%, malgré le repli des comptes de la première moitié de l'exercice, car la firme s'attend à ce que l'accélération du chiffre d'affaires au second semestre compense la faiblesse du premier de sorte qu'elle devrait parvenir sur l'ensemble de 2021 à afficher une croissance modérée sur une base comparable et parvenir à l'équilibre au niveau opérationnel.
Après ses réalisations du premier semestre, Pizzorno Environnement confirme son anticipation d'atteindre un chiffre d'affaires 2021 compris entre 200 et 205 millions d'euros, associé à une amélioration de la performance opérationnelle, et voit son cours progresser de 2,4%.
De son côté Dassault Aviation monte de 1,4% pour la première séance depuis le "split" du titre, auparavant l'un des plus onéreux facialement de la cote parisienne.
Sans nouvelle de son actionnaire chinois en difficulté, SMCP continue à bénéficier d'un courant acheteur et prend encore 7%.
C'est en revanche à nouveau la déception pour Navya, au vu de comptes semestriels toujours dégradés et d'une modification des conditions d'exercice des outils de financement dilutifs auxquels la firme lyonnaise a recours. Le titre glisse de 9%. Lacroix (-5,8%) est également sanctionné, malgré des résultats en progression au premier semestre, le fournisseur d'équipements connectés, notamment destinés au marché de la "voirie intelligente" (éclairage public, signalisation, gestion de trafic..) ayant reconnu que son objectif de marge initialement annoncé pour 2021 ne devrait pas être atteint. La rentabilité devrait tout de même rester sensiblement proche de ses niveaux d’avant crise, à savoir une marge d’Ebitda courant entre 5,8% et 6,1%, mais pas les 6,5% espérés au départ.
Du côté des changes, l'euro poursuit son repli à 1,1664 dollar (-0,18%), tandis que les tarifs pétroliers décroissent quelque peu (-0,6% à 77,88 dollars le baril de Brent).