(BFM Bourse) - De justesse. La Bourse de Paris clôture en hausse de 0,3% sur les 6.200 points. La Banque centrale a relevé jeudi ses taux directeurs pour la première fois depuis 2011. Le marché apprécie le ton plus offensif de la BCE pour contenir une inflation galopante ainsi que le compromis sur un mécanisme destiné à contenir les écarts de taux entre Etats membres alors que l'Italie est aux portes d'une grave crise politique.
La Bourse de Paris a éprouvé quelques difficultés à se fixer une direction claire, l'indice vedette a dû coup sur coup assimiler la démission du Président du conseil italien Mario Draghi et la hausse des taux plus forte que prévu actée par la BCE en début d'après-midi. L'issue de cette séance s'est jouée au fixing. Le CAC 40 clôture finalement en hausse de 0,27% à 6.201,11 points au prix d'un dernier effort.
La Bourse de New York évoluait de son côté en ordre dispersé, les opérateurs devant digérer une salve de résultats d'entreprises et plusieurs indicateurs économiques dégradés sur le front de l'emploi ainsi que de l'activité dans la région de Philadelphie.
La grande messe de la BCE
En Europe, la Banque centrale européenne a officiellement mis fin de l'ère des taux négatifs, en procédant à une première hausse de ses taux depuis 2011. Si cette normalisation de la politique monétaire de la BCE était acquise de tous, l'ampleur de la hausse l'était moins, l’institution ayant décidé de porter son taux directeur à 0,5% là où le marché anticipait une hausse de 0,25%. Cette posture plus agressive qu'escompté illustre ainsi la détermination de la BCE à lutter contre une inflation record dans la zone euro, qui a atteint 8,6% en juin.
A l'instar de la Réserve Fédérale, la BCE a également indiqué qu'elle poursuivra la normalisation de sa politique monétaire lors de ses prochaines réunions. Elle a précisé que d'autres hausses de taux "seraient pertinentes" à l'avenir face à l'inflation galopante et que leur trajectoire continuera de dépendre "des données" économiques à venir.
L’institution a par ailleurs donné son feu vert à la mise en place d'un nouvel instrument "anti-fragmentation", le Transmission protection instrument. Il sera destiné à contenir les écarts de taux d'emprunt entre les Etats-membres de la zone euro. Il reviendra au Conseil des gouverneurs de déterminer l'éligibilité d'un pays à ce nouvel outil. Si Christine Lagarde a bien précisé que la BCE n'avait pas vocation à se prononcer "sur des questions politiques", elle ajoute toutefois que l’institution n'hésitera pas à utiliser cet outil si la situation s'y prêtait sans pour autant nommer explicitement l'Italie.
La crise politique en Italie faisait bien évidemment partie du décor de cette réunion cruciale. Les incertitudes politiques de l'autre côté des Alpes ravivent en effet les craintes d'une nouvelle crise de la dette dans la troisième économie de la zone euro. Mario Draghi a en effet remis jeudi sa démission au président de la République italienne, après l'implosion de sa coalition d'unité nationale au Parlement. Le président italien vient d'ailleurs d'annoncer la dissolution du Sénat et de la Chambre des députés ouvrant la voie à des élections anticipées pour cet automne.
Témoin de ces craintes, le rendement de l’emprunt italien à 10 ans qui se tend à 3,55 %, tandis que son homologue allemand de même échéance est à 1,2175%. Ainsi, le spread entre l'Allemagne et l'Italie se creuse encore de 230 points de base et a même atteint un plus haut depuis 2020 en début d'après-midi à 245 points. De son côté, l'euro reprenait quelques couleurs à 1,0194 dollar après le relèvement des taux de la Banque centrale européenne.
A noter la réouverture de Nord Stream 1, le gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne après dix jours de maintenance. Mais l'incertitude demeure sur les quantités livrées, réduites à 40% des capacités de livraison par Gazprom, ce dernier invoquant l'absence d'une turbine en maintenance au Canada.
L'optimisme de Publicis plébiscité
Sur le front des entreprises, Publicis a gagné plus de 5%, le groupe a relevé ses perspectives annuelles et anticipe désormais une croissance organique sur l'ensemble de l'année 2022 comprise entre +6 et +7% contre +4 à +5% précédemment, un taux de marge opérationnelle compris entre 17,5% et 18%, contre environ 17,5% précédemment.
TotalEnergies a cédé 2,7% dans le sillage du repli des prix du pétrole, plombés par l'augmentation des stocks d'essence aux États-Unis.
SEB a plongé de 10,2%, le spécialiste du petit électroménager a abaissé son hypothèse de progression des ventes et du résultat opérationnel d'activité pour 2022. SEB vise désormais un chiffre d'affaires 2022 globalement stable par rapport à 2021 et un taux de marge opérationnelle d'activité compris entre 8% et 8,5% sur l'année.
Valneva a limité son repli à 4,3% à la clôture. La Commission européenne a annoncé avoir réduit à 1,25 million de doses sa commande du vaccin de Valneva contre le Covid-19, bien loin des 60 millions de doses prévues dans le contrat initial.
Navya a chuté de plus de 36%, le groupe a conclu un accord de financement d'un montant nominal total de 36 millions d'euros avec le Groupe Negma, société d'investissement basée à Dubaï.