(BFM Bourse) - La maison-mère de Google a atteint un sommet en Bourse, portée par le très bon accueil réservé à Gemini 3, son modèle d'intelligence artificielle. Alphabet profite aussi d'informations de presse selon lesquelles Meta envisagerait d'investir dans les puces Google. Le seuil des 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière est désormais à portée de main.

Ces dernières semaines, les valeurs liées à l'intelligence artificielle ont été secouées par les interrogations des investisseurs sur l'existence d'une bulle dans la tech américaine.

Ces interrogations ont émergé sur la base des valorisations tendues dans la tech américaine, en raison du succès stratosphérique de la thématique de l'intelligence artificielle (IA) à Wall Street. Ce qui a d'ailleurs propulsé le géant des puces Nvidia au-delà des 5.000 milliards de dollars de capitalisation en Bourse (la valeur totale de ses actions), le 29 octobre dernier.

C'est dans ce contexte d'anxiété que Nvidia, la société qui incarne le mieux la thématique de l'intelligence artificielle, a publié la semaine passée ses résultats trimestriels. Ces derniers se sont révélés in fine rassurants, ce qui a apaisé les craintes des marchés pendant une quinzaine d'heures à peine.

L'effet Gemini 3

Ce mois de novembre sur les marchés devrait cependant se boucler sur une meilleure note. Lundi, le Nasdaq a bondi de 2,7%, enregistrant sa meilleure séance depuis le mois de mai, quand le S&P 500 a fait un retour à des plus hauts d'un mois, à la faveur d'une réévaluation des paris des investisseurs pour une baisse des taux aux États-Unis et d'un retour de l'appétit pour les valeurs de la tech.

Parmi ces titres qui ont repris du poil de la bête figure Alphabet qui a rebondi de 6,3% et atteint un record en clôture à 318,58 dollars. La maison-mère de Google a bénéficié d'une série d'annonces rassurantes, qui lui ouvrent la voie vers un franchissement du seuil de 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière. La société pèse actuellement 3.844 milliards de dollars, selon les données de companiesmarketcap.com et doit donc gagner un peu plus de 4% en Bourse pour dépasser ce palier.

Seules trois sociétés ont franchi ce seuil à ce jour, à savoir Nvidia, le 9 juillet 2025 et Microsoft, quelques semaines plus tard, le 31 juillet (qui est repassé en dessous depuis) et Apple, le 28 octobre dernier.

Le cours de Bourse d'Alphabet a notamment été porté par les bons retours sur Gemini 3, la dernière version de son modèle d’intelligence artificielle, lancée le mardi 18 novembre dernier. Cette nouvelle mouture a été lancée à peine six mois après son prédécesseur Gemini 2.5 Pro. Et surtout, elle vient en confrontation directe avec le GPT-5 d'OpenAI.

"Gemini 3 est notre famille de modèles la plus intelligente à ce jour, basée sur un raisonnement de pointe", tient à faire valoir Google.

Cette nouvelle version est déjà disponible dans l’application et dans Google Search et promet des réponses plus intelligentes, plus concises et plus directes, avec surtout moins de flatterie et de clichés, expliquent nos collègues de Tech&Co.

L'accueil favorable réservé à Gemini 3 "permet de renouer avec l'idée selon laquelle le secteur de l'IA a encore de beaux jours devant lui" après avoir été mis à mal ces dernières semaines à cause d'inquiétudes grandissantes sur les valorisations faramineuses de certains titres", explique auprès de l'AFP Patrick O'Hare, de Briefing.com.

Un intérêt de Meta pour les puces Google?

Alphabet n'entend pas limiter ses initiatives dans l'IA à Gemini 3. La maison-mère de Google entend aussi s'imposer comme un fournisseur de puces dédiées à l'IA, et ainsi tailler des croupières à Nvidia.

Selon le média américain The Information cité par Bloomberg, Meta, la maison-mère de Facebook, serait en discussions pour dépenser des milliards de dollars pour utiliser les puces IA de Google, appelées "unités de traitement tensoriel" (TPU), dans ses centres de données à partir de 2027. Meta entendrait aussi louer des puces via division cloud de Google l'année prochaine, selon The Information.

Meta n'a pas souhaité commenter ces informations tandis que Google n'a pas immédiatement répondu aux sollicitations de Bloomberg.

"L'utilisation probable par Meta des TPU de Google, déjà utilisées par Anthropic, montre que les fournisseurs tiers de grands modèles linguistiques sont susceptibles de s'appuyer sur Google comme fournisseur secondaire de puces accélératrices pour l'inférence à court terme", estiment Mandeep Singh et Robert Biggar, analystes chez Bloomberg Intelligence.

"Les dépenses d'investissement de Meta, qui s'élèvent à au moins 100 milliards de dollars pour 2026, suggèrent que l'entreprise dépensera au moins 40 à 50 milliards de dollars pour la capacité des puces d'inférence l'année prochaine, selon nos calculs. La croissance de la consommation et du carnet de commandes de Google Cloud pourrait s'accélérer par rapport à celle d'autres hyperscalers et néo-clouds concurrents en raison de la demande des entreprises qui souhaitent utiliser les TPU et les LLM Gemini sur Google Cloud", ajoutent-ils.

Ces annonces ont bénéficié à ses partenaires comme Broadcom qui a bondi de plus de 11% à la clôture lundi à Wall Street.

La société a aussi annoncé la veille un contrat "significatif" de plusieurs millions de dollars portant sur la fourniture de capacités 'cloud' sécurisées et souveraines à l'OTAN.

Mi-novembre, le titre Alphabet a été propulsé en Bourse par la récente initiative de Berkshire Hathaway - le conglomérat de Warren Buffett - qui a acheté près de 18 millions d'actions Alphabet au cours du troisième trimestre de l'année. Cette prise de participation, d'un montant de 4,9 milliards d'euros a surpris le marché. A coté, le conglomérat a réduit la voilure sur Apple, vendant 47,8 millions d'actions Apple, soit environ 15% de sa position.

Cette annonce est intervenue alors qu'Alphabet a annoncé fin octobre des résultats supérieurs aux attentes au titre de son troisième trimestre. Sur la période allant de juillet à fin septembre, Alphabet a dégagé des revenus de 102,35 milliards de dollars, en hausse de 16% sur un an, tandis que le bénéfice par action a atteint 2,87 dollars.

Gene Munster, gérant chez Deepwater AM, avait surtout pointé la performance des revenus générés par l'activité de recherche en ligne, qui ont grimpé de 14,5% contre 11,7% au précédent trimestre et des attentes logées à 13%.

Signe que les dépenses d'investissements dans l'IA se produisent toujours à un rythme effréné, Alphabet a relevé sa prévision de dépenses d'investissement (capex) pour l'ensemble de l'exercice 2025 pour les porter entre 91 et 93 milliards de dollars, contre 85 milliards de dollars auparavant.

Depuis le début de l'année, Alphabet gagne plus de 67% et réalise la meilleure performance boursière des "Sept Magnifiques", devançant largement Nvidia (+32%), Microsoft (+13,24%), Apple (+13,1%), Nvidia (+32%), Tesla (+10,15%), Amazon (+2,75%) et Meta (+2,3%).