(BFM Bourse) - Depuis le début de l'année, une quinzaine d'actions du Stoxx Europe 600 affichent des performances proches voire nettement supérieures à 100%. BFM Businesse dresse le classement des plus fortes hausses de l'indice paneuropéen.
Si nous nous intéressons régulièrement aux meilleures performances du SBF 120, l'indice élargi de la Bourse de Paris, qu'en est-il plus largement pour l'Europe?
Pour le savoir, nous avons regardé les plus fortes hausses du Stoxx Europe 600 (*). Cet indice rassemble les grands groupes européens du Vieux Continent (zone euro mais aussi Suisse, Danemark, Royaume-Uni, Pologne etc…).
Sur la base des données d'investing.com nous avons compilé le top 15 ci-dessous. La très grande majorité des entreprises de ce classement signent des performances proches, voire largement supérieures à 100%.
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Fresnillo a bénéficié de l'envolée de l'or et de l'argent
Cette sélection fait ressortir des secteurs qui ont le vent en poupe depuis le début de l'année. Toutefois, la plus forte progression est signée Fresnillo (+261,7%), un groupe minier coté à Londres mais en réalité mexicain (son siège est situé à Mexico). La famille mexicaine Baillères, d'une fortune de 14 milliards de dollars selon Forbes, détient 75% du capital.
L'envolée de l'action s'explique assez simplement. Fresnillo indique être le premier producteur d'argent primaire (sorti directement de la mine) au monde et l'un des plus importants producteurs d'or au Mexique. Or les cours des deux métaux précieux s'envolent depuis le début de l'année, l'argent grimpant de 66% et l'or de 52,4%.
"L'amélioration de la confiance (du marché, NDLR) dans les perspectives opérationnelles et la visibilité sur le retour à l'actionnaire, combinées à des perspectives positives pour l'or et à la rareté des titres exposés à l'argent, ont entraîné une réappréciation des multiples boursiers" de la société, notait UBS en juillet.
Thyssenkrupp et la valeur cachée de ses activités de défense
Deuxième, le sidérurgiste allemand Thyssenkrupp (+217%) a été porté par un ensemble d'élément. La société a révélé de la valeur cachée en cotant le 20 octobre TKMS (pour ThyssenKrupp Marine Systems), sa filiale de construction de navire de guerre (frégates, sous-marins), appelée à jouer un rôle important dans le réarmement européen.
La valorisation de cette société a dépassé toutes les attentes, avec une capitalisation boursière de 6 milliards d'euros.
"Cela prouve que l'introduction en Bourse du joyau de la couronne de Thyssenkrupp était la bonne décision au bon moment – non seulement une preuve de concept pour la direction, mais aussi un bon résultat pour les investisseurs de la société", a écrit Deutsche Bank.
Thyssenkrupp a aussi, comme Arcelormittal, pu être porté par les mesures proposées par la Commission européenne pour freiner les importations d'acier en Europe. Et limiter ainsi les surcapacités causées par les expéditions d'acier chinois.
La défense et les banques bien représentées
Derrière Fresnillo et Thyssenkrupp, le podium est complété par la grande star de la Bourse de Francfort, Rheinmetall (+177,4%). Le fabricant allemand de chars, de munitions et d'autres équipements militaires allemand demeure le fer de lance du mouvement de hausse qui a porté l'ensemble des titres de défense en Europe.
Ces actions ont été propulsées par les nombreuses annonces de réarmement et de hausses des budgets militaires de la part des États européens. D'ailleurs, outre Rheinmetall, Saab (+115,56%), Leonardo (+94,84%) et dans une moindre mesure Rolls Royce (+105,4%), véritable phénix de la Bourse de Londres, ont été soutenus par ce mouvement et figurent dans ce classement.
L'opérateur luxembourgeois de satellites SES SA (+123,7%) a aussi tiré parti du réarmement européen avec un besoin accru en matière de communications souveraines et de défense. Cet été, la société expliquait ainsi avoir un important gisement d'opportunités de contrat avec les gouvernements, soutenus par la hausse des dépenses de défense en Europe. Le bureau d'études indépendant Alphavalue évoque "un vent favorable majeur" pour la société.
En dehors de la défense, le secteur bancaire, autre grand gagnant en Bourse en Europe, est bien représenté, avec Société Générale (+95,1%), Santander (+95,7%), Commerzbank (+98,8%) et Deutsche Bank (+87,11%).
Atos et Emeis, deux valeurs déchues en reconquête
Dans le palmarès figurent également l'ex-Orpea Emeis (+140,55%, quatrième) et Atos (+92,31%, quatorzième). Ces deux sociétés ont beau afficher de fortes hausses cette année, leur parcours boursier sur le long terme reste très difficile en raison des lourdes restructurations financières ultra-dilutives qu'elles ont menées pour des raisons différentes.
Sur trois ans, Emeis perd encore 99,7% et Atos 93,2%. Toutefois, Emeis a accéléré son désendettement via des cessions d'actifs, cette année, et a envoyé des signaux encourageants sur le redressement de l'opérationnel.
Atos, de son côté, a réduit la voilure tant sur les pays que les contrats où la rentabilité était insuffisante, de sorte à remettre d'équerre la génération de trésorerie. Le nouveau directeur général, Philippe Salle, a livré un plan stratégique ambitieux en mai dernier.
"À l’instar du marché, nous accueillons positivement l’arrivée de Philippe Salle à la tête du groupe et les premières réalisations en termes d’amélioration de la rentabilité. Alors que l’amélioration de la marge et du flux de trésorerie semblent en bonne voie, le principal point d’interrogation réside dans la capacité du groupe à retrouver une croissance organique positive dans un premier temps, puis légèrement supérieure à celle du marché", expliquait en octobre Invest Securities.
"Si Philippe Salle se montre convaincant et convaincu sur ce point, l’inflexion sur la croissance organique ne devrait pas intervenir avant le second semestre 2026", prévenait toutefois le bureau d'études.
Le groupe pétrolier et gazier polonais Orlen (+113,1%, septième) a été "soutenu par l'approche plus prudente de la nouvelle direction en matière d'investissements, par de meilleures perspectives en matière de dividendes et par des marges de raffinage plus élevées", expliquait UBS en juillet.
Évoquons aussi le cas de l'opérateur télécoms italien Telecom Italia (+105%), qui vit une véritable remontada boursière depuis fin 2024. L'arrivée au capital d'un nouvel actionnaire de référence en mars, à savoir Poste Italiano (La Poste italienne), en lieu et place de Vivendi, et la reprise du versement d'un dividende ont "significativement porté l'action", observe Alphavalue.
Des spéculations de consolidation du marché des télécoms en Italie, avec des espoirs de rapprochement (non concluant) avec les activités transalpines d'Iliad en Italie, ont aussi pu jouer.
Enfin la société de café et thé néerlandaise JDE Peet's (91,77%), propriétaire notamment des cafés Grand'Mère a été propulsée par de bons résultats mais surtout par l'annonce de son rachat, fin août, par l'américain Keurig Dr Pepper, lui-même propriétaire de Dr Pepper, Canada Dry et Schweppes.
(*) Pour des questions pratiques, les variations ont été arrêtées à la clôture européenne du jeudi 30 octobre.
